LIBREVILLE - Exclu de l’Union nationale (UN, opposition), l’actuel ministre de l’Energie et de l’Eau, Patrick Eyogo Edzang, a, au cours d’une conférence de presse animée samedi à Libreville, rejoint la formation politique de l’opposition, Démocratie nouvelle (DN), dirigée par René Ndémézo’Obiang.
« Après avoir longuement observé les différentes formations qui essaiment le paysage politique gabonais de l’heure, je suis parvenu à la conclusion selon laquelle DEMOCRATIE NOUVELLE me paraît être très proche de ces valeurs. C’est la raison pour laquelle je décide aujourd’hui, solennellement, de poursuivre mon engagement et mon action politique au sein de ce parti », a-t-il déclaré.
L’ancien militant de l’UN a donné les motivations de son adhésion à Démocratie nouvelle.
« Les valeurs qui me sont chères ont pour noms : La démocratie, qui consacre le droit de chaque peuple à choisir librement ses gouvernants au cours d’élections libres, transparentes et crédibles ; le patriotisme, c’est-à-dire l’amour de la patrie ; l’attachement aux valeurs de la République, dont la laïcité de l’Etat, la séparation et le partage des pouvoirs, selon les principes de la souveraineté nationale ; le panafricanisme, à savoir une plus grande intégration africaine, au-delà des cadres micro-territoriaux actuels », a-t-il dit.
Revenant sur son départ de l’union nationale, l’orateur a relevé la caducité qui caractérise la ligne politique.
« En m’excluant de l’Union nationale, les instances dirigeantes de ce parti n’ont fait qu’entériner une décision programmée. Au cours d’une autre conférence de presse que j’avais animée, toujours en ces mêmes lieux, le 13 novembre 2015, j’avais souligné que toute formation politique se reconnaît en ses valeurs propres, des objectifs qui lui permettent de fixer un cap à ses militants et sympathisants, la ligne directrice, les stratégies et tactiques qui les guident pour atteindre ces objectifs ; tout ceci avant de regretter le fait que l’Union nationale donnait, à l’époque, l’impression de ne pas disposer d’une seule ligne, au point de déconcerter ses militants et sympathisants. Au fil des mois, cette ligne est devenue de plus en plus floue et illisible. Progressivement, ne m’y reconnaissant plus, je m’en suis écarté. C’est la raison pour laquelle j’estime que ses organes dirigeants n’ont fait qu’entériner une décision programmée. J’en prends acte, sans aucune autre forme de procès », a-t-il rappelé.
Il est également revenu sur l’incohérence qui a caractérisé la formation politique dirigée par Zacharie Myboto, lors de la dernière élection présidentielle. Notamment dans le cadre du soutien du candidat de l’opposition, Jean Ping.
« J’avais regretté, à l’époque, les incompréhensions qui avaient lieu au sein de l’Union nationale, d’aucuns estimant, là aussi, que le moment n’était pas encore venu pour en parler, sans préalablement s’attaquer à la question de la transparence ; cependant que d’autres partageaient ma position, celle qui soutenait que les deux démarches n’étaient pas incompatibles. J’avais préconisé qu’un large débat ait lieu au sein du parti à ce sujet. Il ne se tint jamais. A l’approche du scrutin présidentiel du 27août 2016, m’apercevant que ces débats perduraient, l’UN ne parvenant à trancher, tergiversant entre : aller à l’élection ; lutter préalablement pour la transparence électorale absolue ; et destituer Ali Bongo Ondimba, avant que ne se tienne l’élection, après une période de transition, m’apercevant de toutes ces tergiversations, disais-je, je me suis rendu à Bitam, m’enquérir de ce qu’en pensait mon électorat. C’est-à-dire les populations qui m’ont désigné pour les représenter à l’Assemblée nationale. Leur avis fut unanime, il fallait que je porte mon choix sur le candidat le mieux placé de l’opposition, le seul avec lequel ils avaient eu des contacts et qui leur avait expliqué ce qu’il entendait faire du Gabon. C’est suite à cette consultation, et à cet avis de ma base électorale, que je pris la décision de soutenir le candidat Jean Ping. Je ne fus rejoint par l’Union nationale, dans cette position, rien que deux semaines avant le scrutin, non sans m’avoir traduit devant la commission de discipline du parti pour, et je le répète, avoir pris la décision de soutenir le candidat Jean Ping, le même que les dirigeants de l’Union nationale disent aujourd’hui accompagner jusqu’au bout. Admirez les incohérences et la contradiction », a-t-il fait remarquer.
Patrick Eyogo Edzang a été exclu de l’Union nationale le 12 septembre dernier. Il a été traduit en conseil de discipline pour avoir pris part au dialogue politique convoqué par le président de la République, Ali Bongo Ondimba, alors que son ancien parti qui a soutenu Jean Ping conteste la réélection de l’actuel chef de l’Etat. En 2015, il a été élu député de la commune de Bitam sous la bannière de l’UN face au candidat du Parti démocratique gabonais, l’ancien ministre de la communication, Pastor Ngoua N’ neme.