Les PME du Woleu-Ntem spécialisées dans la récupération du bois voient d’un mauvais œil la mission initiée récemment par le Contrôle de l’aménagement forestier (Caf) dans la province. Pour avoir suspendu les activités de plusieurs exploitants dans la province, la Confédération des petites et moyennes entreprises et industries (CGPMEI) accuse la structure d’abus d’autorité et de confondre ses véritables missions.
Ces dernières semaines, dans le Woleu-Ntem, PME locales et pouvoirs publics sont à couteaux tirés. La principale raison de ce conflit que la CGPMEI dit avoir des répercussions économiques et sociales en ce début d’année scolaire : la mission initiée, il y a plus de deux semaines, par le Caf dans la province. Une mission ayant découlé sur la décision de suspension des activités de plusieurs sociétés exerçant dans la récupération du bois dit «abandonné». Motif : des irrégularités dans la pratique et les déclarations fiscales de certains exploitants, qui ne manquent pas de susciter des soupçons.
Seulement, à la CGPMEI, c’est la façon de faire du Caf qui pose problème. Le projet, lancé en mars 2014 en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD) qui le finance, «s’érige en police des polices de l’administration des Eaux et Forêts», s’est plaint, le 27 septembre, Emmanuel Marcos Zue Meye, dénonçant les récentes «interventions musclées» dans le Woleu-Ntem après l’Ogooué-Ivindo.
«Cette unité a complètement délaissé son champ de compétence qui est le contrôle de l’aménagement des espaces forestiers concédés aux entreprises et l’accompagnement des missions de l’administration pour la rendre plus performante. Les hommes de cette unité entrent dans les forêts hors-permis avec violence, interpellent les forestiers, immobilisent les convois, confisquent des outils de travail et mettent en garde à vue les acteurs du secteur. C’est tout simplement inadmissible !», a clamé le président de la CGPMEI, à la faveur d’une sortie à Libreville.
Pour Emmanuel Marcos Zue Meye, qui a dit regretter que des chefs d’entreprises locales soient «traités comme de vulgaires voyous» par les agents du Caf, l’ordre de mission signé par le ministre d’Etat en charge de la Forêt, de la Mer et de l’Environnement est loin de correspondre aux missions du projet Caf. «Nous pensons que quelqu’un au sein du ministère a volontairement induit le ministre d’Etat en erreur. En claire, cet ordre de mission se substitue aux missions que l’inspection ou la direction générale des Forêts devraient effectuer. Le Caf est un projet et non une administration constante, qui est placé sous l’autorité de la direction générale des Forêts. Il ne peut se permettre de contrôler des responsables des administrations structurées et encore moins des opérateurs économiques qui font dans la récupération des bois abandonnés», croit savoir le président de la CGPMEI.
«Nous dénonçons un complot contre l’Etat de droit et l’autorité du chef de l’Etat. Nous dénonçons un complot contre les populations du Woleu-Ntem, au moment où nous, forestiers, sommes en train d’apporter une nouvelle dynamique économique et sociale dans la province, à travers la matérialisation de nos projets de développement communautaires, parmi lesquels l’ouverture des routes, la réhabilitation des ponts et des écoles», s’est exprimé Emmanuel Marcos Zue Meye, qui soupçonne de «duperie» Marc Ona Essangui (Brainforest), l’ONG Conservation Justice et le colonel David Ingueza, responsable du Caf.
Avant le Woleu-Ntem, le Caf a effectué une mission dans l’Ogooué-Ivindo. Au terme de celle-ci, qui avait vu l’intervention d’une équipe de 60 agents et 5 chiens renifleurs, plusieurs infractions, y compris des évasions fiscales, avaient été rapportées, incriminant les exploitants locaux, dont les activités avaient été suspendues.