Excellences Mesdames et Messieurs les chefs d’Etat et de gouvernement,
Excellence Monsieur le Secrétaire général,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est avec plaisir et détermination que le Gabon, par ma voix, s’adresse aujourd’hui à la communauté des nations dans le cadre de ce sommet sur le Pacte Mondial de l’Environnement. En effet, en adoptant le 1er août 2014 une loi d’orientation sur le développement durable, le Gabon réaffirmait son engagement déjà ancien pour l’environnement.
C’est ce même engagement qui nous a conduits, en juin dernier, à la création de 20 aires marines protégées (9 parcs et 11 réserves aquatiques) couvrant 26% de l’espace marin gabonais ; réalisant ainsi en mer ce que nous avions déjà fait sur terre en sanctuarisant 11% de notre territoire terrestre.
Je ne peux donc que louer l’initiative du Président Emmanuel MACRON de nous réunir ce jour pour poser les jalons du socle juridique devant garantir à chaque être humain le droit à un environnement sain, au même titre que la charte universelle des droits de l’Homme lui garantit ses droits civils et politiques.
Ce pacte universel, qui viendra à la suite du complexe normatif de Rio, devrait nous permettre d’harmoniser les différents instruments internationaux existant en matière d’environnement, comme ceux qui existent dans des matières connexes comme le droit de la mer, dont on n’exploite pas suffisamment la dimension environnementale.
Mesdames et Messieurs,
De grandes avancées ont été obtenues ces dernières années pour la préservation de l’environnement.
Il nous faut cependant aller plus loin. Car, les intérêts nationaux, les différences de niveau de développement empêchent souvent ces outils de déployer leur efficacité.
Ainsi, alors que 2016 vient d’être déclarée année la plus chaude jamais enregistrée, les efforts de réduction d’émission des Etats ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.
Au-delà du réchauffement climatique, les atteintes humaines à notre environnement commun se multiplient, qu’il s’agisse de la déforestation, de la disparition de milliers d’espèces animales et végétales ou des différentes formes de pollution.
A cet égard, je voudrais profiter de cette tribune pour alerter contre le cancer moderne de l’environnement, qu’est devenu le plastique, qui tue en silence nos océans et qui ne peut être combattu que dans un cadre collectif.
Mesdames et Messieurs, En ma qualité de coordonnateur du Comité des chefs d’Etat et de gouvernement africains sur le changement climatique (CAHOSCC), je me dois de rappeler que la protection de l’environnement constitue un défi particulier pour l’Afrique car notre développement dépendra de notre capacité à assurer une gestion rationnelle et durable de nos ressources naturelles, tout en assurant à nos peuples les bienfaits du développement.
Et, de fait, parce que nous sommes conscients de cette problématique, nous avons décidé lors de la COP22 de regrouper les pays partageant des territoires aux enjeux climatiques identiques, en 3 Commissions :
la Commission du Sahel qui concerne 16 pays touchés par la désertification, Ø la Commission du Bassin du Congo qui regroupe les 11 pays possédant le deuxième plus grand massif forestier du monde, Ø et la Commission des Etats insulaires qui rassemble tous les pays concernés par l’élévation du niveau de la mer.
Mesdames et Messieurs,
Parce que la préservation de l’environnement est une question de vie et de mort pour nous, l’Afrique devrait pouvoir adhérer aux trois principes structurant le Pacte Mondial pour l’Environnement qui nous est proposé.
Dès lors, nous ne pouvons que souscrire au principe de l’universalité du Pacte pour l’Environnement car nous savons depuis longtemps que la crise écologique ne connaît pas les frontières des Etats.
S’agissant du principe du renforcement du pouvoir du citoyen dans la préservation de son environnement, nous ne pouvons qu’y souscrire, pour peu que son énonciation soit frappée du sceau du pragmatisme car, en la matière, le mieux peut vite devenir l’ennemi du bien.
Quant au principe du regroupement du droit international en matière d’environnement, son intérêt n’est plus à démontrer. L’efficacité d’une gouvernance internationale de l’environnement est à ce prix.
Le Gabon est prêt à y jouer sa partition car, comme je le constatais déjà lors du Sommet sur les océans de juin dernier, la trop grande fragmentation du système mondial de gouvernance environnementale rend la plupart de ces instruments inopérants pour faire face à l’urgence des situations et des drames vécus, chaque jour, par les populations les plus vulnérables. Ces situations nous imposent de réfléchir à la combinaison cohérente des instruments onusiens issus du Sommet de Rio avec les autres programmes internationaux
Monsieur le Président de la République française,
L’occasion que vous nous offrez de regarder en face la crise environnementale qui est à nos portes doit nous conduire à admettre, une fois pour toutes, que cette crise est celle de modèles économiques, de systèmes de production, de modes de vie et, pour tout dire, d’une conception égoïste de la vie sur notre planète commune.
En rejoignant le groupe des Amis du Pacte Mondial pour l’Environnement, j’en appelle donc au changement de paradigmes et à plus de coopération, de cogestion et de solidarité car c’est ensemble que nous sauverons ou détruirons le bien commun.