Dans une lettre d’interpellation, l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) appelle le président gabonais à lancer, avec l’appui de l’ONU, une enquête indépendante sur les allégations de violations des droits de l’homme commises à la suite de sa réélection contestée en août 2016.
Un an après la dernière présidentielle au Gabon, l’ONG chrétienne ACAT n’en démord pas. Elle veut la vérité sur les évènements survenus au Gabon le 31 août 2016, à la suite de l’annonce des résultats de la présidentielle ayant donné Ali Bongo vainqueur. Alors que le gouvernement a récemment envisagé la possibilité de promulguer une loi d’amnistie pour les auteurs des violences postélectorales, la branche française de l’ACAT, elle, souhaite que les coupables paient pour leurs actes.
Dans une lettre adressée au président gabonais, la présidente de l’ONG chrétienne lui fait part de sa «plus vive préoccupation au sujet de l’absence d’enquête sur les violences électorales survenues il y a un an» dans son pays. «Au cours de cette période, entre 5 et 100 personnes auraient été victimes de violations des droits de l’homme, notamment de tortures, d’exécutions sommaires et de disparitions forcées. […] A ce jour, la vérité n’a toujours pas été établie sur ces faits. Les tensions demeurent fortes et la confiance dans la gouvernance démocratique et respectueuse des droits de l’homme est érodée», écrit Florence Couprie à Ali Bongo. Sa lettre est restée sans réponse depuis juillet dernier.
L’ONG créée en 1974 exhorte le président gabonais «à mettre en place – avec l’appui du Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies – une enquête indépendante sur les allégations de violations des droits de l’homme commises durant la phase électorale et postélectorale dans le but d’identifier leurs auteurs et de les juger conformément au droit». Ce n’est que de cette façon, estime l’ONG, que le Gabon et ses autorités renoueront véritablement avec la sérénité.
Et si, à la demande du Gabon, la Cour pénale internationale (CPI) procède actuellement à un examen préliminaire sur les violences électorales d’août 2016, afin de déterminer si des crimes relevant de sa compétence ont été commis, l’ONG ACAT ne croit pas beaucoup à la suite de cette saisine. «Il s’agit d’une procédure longue et incertaine, vraisemblablement utilisée par le gouvernement gabonais comme une action de diversion plutôt que comme un moyen de mener une véritable enquête sur les violations des droits de l’homme commises.» Pour ACAT, «s’il y avait eu une réelle volonté politique au Gabon ou au niveau international, une enquête aurait été menée rapidement après les faits par le Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations unies».
La semaine dernière, Emmanuel Issoze Ngondet, le Premier ministre gabonais, disait ne plus être favorable à une enquête internationale. Ce revirement donne-t-il raison à l’ACAT. Certains répondent par l’affirmative. Présent à New York dans le cadre de la 72e Assemblée générale des Nations unies, Ali Bongo sollicitera-t-il l’appui du Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU pour l’enquête demandée ? Rien n’est moins sûr.