Les Biafrais venus de plusieurs localités du Gabon se sont retrouvés, le 18 septembre 2017, sous la bannière de «Indigenous people of Biafra (Ipob)- (Mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra, ndlr)», pour manifester devant le siège des Nations unies à Libreville en vue d’interpeller la communauté internationale sur la situation tendue dans leurs Etats au Nigéria.
Saisissant l’opportunité de la 72e session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu) se tenant actuellement à New-York, les Biafrais, ressortissants de Port Harcourt (Ville pétrolière) et de l’Etat d’Abia (Nigéria) ont manifesté dans le monde entier, ce lundi 18 septembre, pour dénoncer les violences de ces derniers jours, perpétrées par l’armée contre les membres de l’Ipob (se réclamant non-violent, mais classé terroriste) dans le sud-est du Nigéria, où les soldats ont été massivement déployés.
Venus en groupes organisés à travers une marche pacifique, brandissant des pancartes, drapeaux, banderoles et portant des tee-shirts aux couleurs du drapeau du Biafra, les membres de l’Ipob se sont rendus au siège des Nations unies à Libreville. Le motif de leur déplacement : déposer un courrier aux responsables de cette institution afin d’interpeller le monde sur leur situation.
Pour mieux marquer les esprits, ce sont les Biafrais de tous les âges qui ont fait le déplacement du siège des Nations unies à Libreville. «Nous sommes venus attirer l’attention du monde par rapport à ce qui se passe actuellement sur le territoire du Biafra. C’est à dire dans le Sud-est du Nigéria qu’on appelle le Delta du Niger», a déclaré le Secrétaire de l’Ipob au Gabon, David Dunu.
«La guerre du Biafra est finie depuis 1970. Mais elle n’est vraiment pas finie. C’est pourquoi vous constaterez qu’il y a des Biafrais dans le monde entier. Ils sont partout dans le monde parce que les conditions de vie sur notre territoire ne sont pas bonnes», a expliqué David Dunu. «On nous tue tous les jours. Du dimanche passé jusqu’à l’instant où je vous parle, il y a eu des tueries. Plus de 400 à 500 personnes ont été tuées», a-t-il précisé.
Face à ses compatriotes scandant «Liberté pour le peuple non-armé», «les Biafrais ne sont pas terroristes», «les Biafrais souhaitent leur indépendance», «le referendum sur le Biafra est notre dernier espoir» et brandissant les photos des personnes supposées Biafrais tuées ou mutilées, le Secrétaire de l’Ipob au Gabon a précisé «que le siège des Nations unies c’est le monde entier». «Nous ne demandons pas grand-chose. Nous voulons le referendum pour que les gens disent si oui ou non ils veulent rester au Nigéria. C’est tout ce que nous demandons au gouvernement nigérian. Mais en retour, ils nous tuent».
Pour le Révérend pasteur Vitus Ogwegbu, le malheur de ce peuple ce sont les ressources naturelles de ce territoire.
Au terme de cette manifestation à laquelle la police s’est discrètement invitée avant de repartir, sans véritablement se faire remarquer, les responsables des Nations unies ont reçu les manifestants et leur ont promis, selon le porte-parole de ce groupe, de transmettre, dans les brefs délais, leur courrier à New York.
«Au gouvernement fédéral, nous disons que demander un referendum, ce n’est pas demander une guerre. Nous n’avons pas d’armes comme vous pouvez le constater. Nous ne sommes pas un peuple violent. Que le gouvernement du Nigéria nous réponde avec des armes, c’est inacceptable. Quelqu’un qui dit qu’il est le président du Nigéria, de tout le monde, ne peut pas répondre à un peuple en détresse avec les armes», a déclaré David Dunu.
En qualifiant de terroriste le mouvement biafrais, Ipob, créé en 2013, les autorités nigérianes justifient une nouvelle opération militaire à l’intérieure de leurs propres frontières. Une répression marquée par des heurts violents entre l’armée et les membres de ce mouvement indépendantiste, qui réclament l’indépendance de cette région.