Une fois de plus. Une fois de trop. La Nationale 1 a encore fait des victimes. Parmi les accusés, l’on verrait bien les services publics en charge de la sécurité sur les routes passer à la barre et assumer les sanctions qui s’imposent.
Kango a encore frappé le 15 septembre. Après les drames de 2016 ayant fait des dizaines de morts et de blessés en plus des multiples dégâts matériels, à Kango, à une centaine de kilomètres de Libreville, 6 passagers d’un bus en partance pour Makokou ont péri, calcinés à la suite de l’explosion du véhicule de transport terrestre. Qu’est-ce qui a pu occasionner cette explosion puis cet incendie meurtrier ? En attendant les résultats de l’enquête annoncée par les autorités, qui permettra de déterminer les causes de cet énième accident sur la Nationale 1, des témoins voient déjà dans les bidons d’essence que transportait le chauffeur du bus, l’une des principales causes du décès des passagers.
Sur les réseaux sociaux, entre le chauffeur et les responsables de la société de transport, les responsabilités sont partagées. Si certains accusent les deux parties d’avoir délibérément ignoré les risques, d’autres évoquent une pratique courante dans le milieu, notamment pour les transporteurs effectuant le voyage de Libreville pour Makokou. L’absence de stations-service à certains endroits et le peu de confiance mis dans les pompistes ambulants sur la route, justifieraient que des agences choisissent d’avoir dans leurs bus leur propre carburant. Cette pratique, on s’en doute, est loin de respecter les normes de sécurité routière. Mais qui s’en préoccupe ? Certainement pas le ministère des Transports ni son service spécialisé, la direction générale de la Sécurité routière, encore moins les agents de la gendarmerie postés à plusieurs points sur la Nationale 1.
Absence de contrôle d’alcoolémie pour les chauffeurs, contrôle aléatoire du matériel de premier secours dans les véhicules de transport terrestres (présence ou non des extincteurs), absence ou non-respect de la réglementation liée au nombre de passagers autorisé dans les véhicules, absence ou vieillissement des panneaux de signalisation, mauvais état de route depuis des années, précisément aux abords de Kango…les griefs pesant sur les services publics chargés de la sécurité routière ne sont pas exhaustifs. A la place d’un véritable suivi des mesures prises, il y a quelques années, pour améliorer la sécurité sur les routes, le laxisme et le rançonnage s’érigent désormais en normes. La route, quant à elle, continue un peu plus chaque année d’être la jungle meurtrière qu’on l’a laissé devenir. Qui des autorités ou des responsables d’agences de transport terrestre doivent comparaître pour «homicide volontaire», comme le réclament certains sur les réseaux sociaux ? Pas sûr que l’enquête annoncée le détermine.