Selon la norme communautaire de la Cemac, les salaires de la fonction publique ne devraient pas excéder 35% des recettes fiscales. Mais au Gabon, l’on a depuis franchi le seuil de cette exigence, en atteignant 65% des recettes collectées par le fisc.
Le gouvernement ambitionne donc, au cours des trois prochaines années, d’endiguer puis de réduire cette progression continue, à la fois des effectifs et de la masse salariale à moins de 40% dans le secteur public.
Pour donner corps à cette directive, le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet (photo) a informé les départements ministériels du gel des recrutements à la fonction publique pour une durée de 12 mois, il y a quelques jours.
Dans la note adressée aux membres du gouvernement et autres responsables de structures de l’Etat, le chef du gouvernement donne les raisons de cette mesure. «Afin de permettre une maîtrise optimale de l’évolution de la masse salariale de l’Etat, et une meilleure gestion des ressources humaines, le gouvernement sursoit pour une durée de 12 mois, à compter du 31 juillet 2017, à tout recrutement dans la fonction publique et dans les établissements publics personnalisés», tranche Emmanuel Issoze Ngondet.
Au terme de ce délai, poursuit le Premier ministre, « la reprise des recrutements sera conditionnée par la production de plans de recrutement, de formation ainsi que d’organisation des effectifs par programmes ministériels».
Face aux députés au mois de juin dernier, le Premier ministre avait déjà indiqué que la situation des caisses publiques, du fait du gonflement permanent de la masse salariale, était devenue intenable au regard des défis qui interpellent désormais l’Etat pour la réalisation du Plan de relance de l’économie.
«Pour ce qui concerne le coût de la rémunération versée aux agents de l’Etat, nul ne peut se satisfaire de son évolution incontrôlée qui érode considérablement nos marges de manœuvre budgétaire. Il devient donc urgent d’en freiner le rythme», avait-il relevé, avant d’annoncer un train de mesures drastiques devant permettre de maîtriser l’augmentation de la masse salariale et la progression des effectifs de la fonction publique.
Entre autres mesures, il avait annoncé la refonte des statuts particuliers, l’assainissement du fichier solde par l’éradication des doublons et des emplois multiples, non conformes aux règles de recrutement fixées par le statut général de la fonction publique.
Le plafonnement et l’encadrement des salaires des dirigeants et mandataires sociaux de structures publiques étaient également contenus dans le chapelet des mesures qu’avait annoncées Emmanuel Issoze Ngondet.
Pour lui, la pilule amère de la baisse des salaires des fonctionnaires étant difficile à avaler, seule la maîtrise des effectifs et l’encadrement des recrutements pouvaient permettre de dégager des bols d’air. «Nous allons renforcer l’encadrement des recrutements de la main-d’œuvre non permanente. (…) il n’est nullement question de baisser les salaires des fonctionnaires», avait-il alors rassuré.
Il faut préciser que cette mesure ne s’adresse pas aux secteurs sensibles de la santé et de l’éducation où les besoins en personnels sont importants.