L’Assemblée nationale et le Sénat vont avoir du pain sur la planche. La session ouverte le 4 septembre dernier dans les deux chambres, va cumuler le volet budgétaire habituel et un volet des Lois. Un travail à exécuter entre le 5 septembre et le 29 décembre. Soit 100 jours, en ôtant les dimanches !
100 jours pour transformer la République à travers l’adoption de nouvelles lois liées aux élections ainsi qu’à l’examen et adoption de la Loi des Finances 2018 ! L’atmosphère était d’ailleurs à la bouderie, morosité tandis que la tristesse était littéralement perceptible, le 4 septembre, dans les deux hémicycles (le matin au Palais Léon-Mba ; et l’après-midi au Palais Omar-Bongo). Le climat n’était en tout cas pas à l’habituelle joie des retrouvailles et à la convivialité entre parlementaires et membres du gouvernement. Le non-paiement des indemnités des parlementaires est nécessairement passé par là… De ce fait, ceux-ci n’ont pas pu, durant les dernières vacances, aller au contact de leurs électeurs – une tradition gabonaise. La situation avait donc de quoi les remplir d’amertume, surtout que les parlementaires PDG, majoritaires dans les deux chambres, estiment qu’ils «donnent beaucoup au gouvernement».
Part de labeur et de sacrifices
Malgré ce climat «hivernal», les présidents des deux assemblées ont voulu assurer le Premier ministre et le ministre des Relations avec les Institutions constitutionnelles, présents à ces séances solennelles d’ouverture, que les élus s’engageront sur l’ensemble des textes «sans arrière-pensées». Avec sa voix douce mais de plus en plus ferme, Lucie Milébou Aubusson Mboussou, président de la chambre haute, a insisté sur le mot «sans arrière-pensées», ajoutant même : «Le Sénat apportera sa part de labeur et de sacrifices» et souhaitant que le gouvernement s’acquitte de ses obligations vis-à-vis de cette institution «pour que la sérénité et l’harmonie règnent de nouveau au sein du Sénat». Au passage, Milébou Aubusson Mboussou a fermement exigé que le Sénat ne soit pas l’enfant pauvre du système institutionnel. «Prenons garde, a-t-elle souligné devant le Premier ministre, de ne pas mettre à nu une institution pour habiller démesurément une autre. Car, mes collègues et moi commençons à ressentir le froid». S’agissait-il, dans sa pensée, de l’Assemblée nationale ou de la Cour Constitutionnelle, considérée comme l’institution la plus «gâtée» ? Pour sa part, Richard-Auguste Onouviet, le chef du Palais Léon-Mba, appelait, avec insistance, ses collègues députés à faire fi de l’environnement actuel et à voter les textes qui arriveront à leur table. «Je vous invite, quels que soient les moyens mis à la disposition de l’Assemblée nationale, à faire preuve de votre abnégation habituelle pour le Gabon (…). Je ne doute pas, chers collègues, de votre volonté à faire aboutir tous les textes qui nous seront présentés».
Tout avant le 29 décembre ou pas de scrutins législatifs en 2018 !
Il y avait, d’un côté, une promesse au gouvernement et de l’autre une supplique aux députés. Emmanuel Issozé Ngondet, homme politique tout en rondeur, a bien compris le malaise et l’urgence dans les deux chambres du Parlement. Malaise avec des parlementaires réclamant leurs «droits» et la perspective que le non-satisfaction de ceux-ci pourrait les amener à traîner les pieds. Urgence évidemment parce que si le gouvernement ne paie pas, ses vœux pourraient ne pas être exaucés. Or, le gouvernement le sait, si les textes relatifs aux élections (nouveau découpage électoral, élections uninominales à deux tours, augmentation des sièges de l’Assemblée nationale, réduction des sièges au Sénat, etc.) ne sont pas adoptés avant le 29 décembre 2017, les élections législatives pourraient ne pas se tenir en 2018.
Les élus des 2 chambres ont donc 100 jours (en compté les samedis) pour examiner le projet de loi des Finances de l’année 2018 et adopter les textes relatifs aux actes du Dialogue politique d’Angondjé. 100 jours ou 80 jours, il va falloir mettre les bouchées doubles…