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BBM : L’impertinent déchu
Publié le dimanche 10 septembre 2017  |  Gabon Nouvelle Vision
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© 20minutes.fr par DR
Le Vice-Premier Ministre, Ministre de l`Urbanisme, de l`Habitat social et du Logement reçu par le Président de la République de Côte d’Ivoire
Mardi 25 juillet 2017. Abidjan, Présidence. Le Président de la République de Côte d’Ivoire , S.E.M. Alassane OUATTARA, s’est entretenu avec le Vice-Premier Ministre, Ministre du l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement, M. Bruno Ben MOUBAMBA (photo).
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Après son entrée dans le gouvernement en octobre 2016, l’homme s’est illustré par des déclarations et des actes qui ont fini par lui coûter son fauteuil ministériel.

Entrée fulgurante dans le gouvernement au poste de vice-Premier ministre chargé de l’Urbanisme le 2 octobre 2016. Maintien à ces charges ministérielles lors du remaniement du 21 août 2017, mais cette fois comme ministre d’Etat. Puis, deux semaines plus tard, sortie du gouvernement par un décret présidentiel lu par le PM en personne sur la télévision nationale.

C’est en ces trois étapes que peut se résumer le séjour de Bruno Ben Moubamba au sein du gouvernement gabonais. Le président de l’Alliance pour le changement et le renouveau (ACR) avait été copté après l’élection présidentielle d’août 2016 où il était arrivé en troisième position derrière le vainqueur Ali Bongo Ondimba et le challenger Jean Ping. En 11 mois, que s’est-il passé pour que cet opposant soit viré alors qu’il était au début présenté comme l’exemple-type du « gouvernement d’ouverture » ?

La réponse ne parait pas si compliquée, tant Bruno Ben Moubamba (BBM) semble n’avoir fait le nécessaire pour éviter cette issue. Mis en confiance par le président Ali Bongo, dès les premiers mois, l’homme s’est montré très entreprenant pour accomplir les missions qui lui étaient dévolues dans le cadre de l’urbanisation du Gabon. « Un peu trop », semblent pourtant dire certains, qui estiment qu’il est allé bien au-delà de ses prérogatives, « en s’attaquent à tout, en fourrant son nez un peu partout, et surtout, en faisant fi de la hiérarchie ».

Ecarts de comportement

Le Premier ministre a d’ailleurs expliqué son débarquement par des écarts comportementalistes. Premièrement, Bruno Ben Moubamba n’était pas toujours solidaire de l’action gouvernementale. A plusieurs reprises, il a fait des sorties pour désapprouver ses collègues. La plus tonitruante s’est produite en février 2017 lorsqu’il remet en cause la décision de son collègue de l’Education nationale, Flaurentin Moussavou, de radier certains fonctionnaires suite à la radicalisation du mouvement de grève des enseignants. Une faute grave, juge-t-on dans hautes instances de décision gabonaises, car sa position de vice-PM induit qu’il soit solidaire des décisions du gouvernement auquel il appartient.

Secundo, d’après Emmanuel Issoze Ngondet, Bruno Ben Moubamba était irresponsable car il foulait au sol le principe du droit de réserve que lui imposent ses fonctions ministérielles. Pour faire simple, BBM faisait trop claquer sa langue. Et son terrain privilégié est sa page Facebook où il a continuellement fait état de ses positions au sein du gouvernement, fait des révélations sur l’action gouvernementale, ou simplement étripé quelques-uns de ses collègues. Alain-Claude Bilie-By-Nze, ministre de l’Economie numérique et porte-parole du gouvernement, en a fait les frais.

Tout comme le Premier ministre lui-même. Et c’est le troisième point qui mécontente le chef du gouvernement : l’insubordination de son collaborateur. Plusieurs fois rappelé à l’ordre par le PM, et même par Ali Bongo en plein Conseil des ministres, BBM n’a pas cherché à redresser la barre. A plusieurs reprises, il est parti à contre-courant d’Emmanuel Issoze Ngondet. Avec, ces derniers jours, une escalade verbale que sa hiérarchie ne pouvait logiquement plus supporter.

Déclarations incendiaires

Sur son terrain de prédilection – Facebook –, il a multiplié des déclarations incendiaires. « Quand on est Chef d'un Gouvernement, il y a des choses qu'on n'a pas le droit de faire pour régler les comptes à des ministres qu'on n'aime pas. La puissance ne suffit pas ! Les « affaires foncières » c'est moi. Sinon il faut changer la Loi d’abord. Et j'assume mes propos. Vous voulez me faire partir et m'humilier ? N'utilisez pas des moyens déloyaux et illégaux. Je commence à en avoir assez de ces méthodes... Je ne suis pas venu au Gouvernement pour vous servir de punching-ball. Moi, je ne respecte que les gens qui me respectent », écrivait-il par exemple le 6 septembre, la veille de son limogeage.

Visiblement outré qu’on lui retire la gestion des affaires foncières lors du récent remaniement, alors qu’il paraissait enthousiaste pour la mise en œuvre du « Nouvel ordre urbanistique » qu’il a pensé, l’ex-ministre d’Etat a lâché toute sa bile contre le Premier ministre. De plus, dans la journée du 7 septembre, il prend la décision de suspendre, pour quatre mois renouvelables, trois directeurs généraux de son administration centrale : urbanisme et aménagements fonciers ; agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre ; travaux topographiques et du cadastre.

Prologue

La coupe est pleine. BBM le sait d’ailleurs. Quelques heures seulement avant son limogeage, il écrit sur son réseau social préféré : « on va enfin savoir si c'est un "Gouvernement Républicain" qui dirige la République ou un Mouvement Clandestin et neo-capiste ». La suite, on la connait. Depuis la nuit du 7 septembre 2017, Bruno Ben Moubamba n’est plus le ministre d’Etat, ministre de l’Habitat, de la ville et de l’urbanisme dans le gouvernement Issoze Ngondet II.

Mais, l’homme ne lâche pas prise. Le Gabon se dirige sans doute vers un prologue, si l’on s’en tient aux déclarations de Bruno Ben Moubamba (toujours sur Facebook) après son débarquement du gouvernement. « Ce n'est pas le Premier ministre qui m'a viré. C'est moi qui ait décidé de le quitter en brisant une certaine "omerta", en dénonçant le management extrêmement nul de l'actuel Premier ministre : un Plan de relance économique inapplicable, une gestion de la crise de l'éducation invraisemblable, un "Dialogue Citoyen et Politique" peu crédible, une haine viscérale pour son VPM quitte à détruire des projets nobles, une décision illégale de priver son ministre d'Etat de toutes ses prérogatives…», écrit-il vertement.

S’il reconnait avoir stigmatisé le PM pour le pousser à défendre l’intérêt général, Bruno Ben Moubamba soutient qu’il ne pouvait plus travailler avec Emmanuel Issoze Ngondet et « ses amis » et l’a poussé « à prendre ses responsabilités devant la face du monde ». BBM annonce par ailleurs qu’il animera une conférence de presse lundi 11 septembre au siège de l’ACR à Libreville, au cours de laquelle il entend donner certaines explications. « Je livrerai ma part de vérité à l’opinion nationale », promet-il. Wait and see…
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