Libreville ressemble à une ville en état de siège. Depuis plusieurs jours pour ne pas dire semaines en effet, policiers, gendarmes et militaires occupent la rue, occasionnant par moments des embouteillages monstres. Que cherchent-ils ? De l’argent pour renflouer à leur manière les caisses de l’Etat ou des suspects ?
Le comble, c’est l’ennui provoqué aux usagers de la route dont certains sont pressés de rejoindre qui leur lieu de travail, qui un point de rassemblement, qui quelqu’un avec qui ils ont un rendez-vous ferme, qui…Des taximen sont presque tout le temps sifflés et éconduits parfois brutalement de leur véhicule pour être soumis à un exercice auquel il faudra bien qu’ils s’habituent : sortir du portefeuille un billet ou des billets de banque pour satisfaire l’appétit devenu gargantuesque des agents qui ne daignent même plus accorder d’importance aux principes du contrôle routier qui leur recommandent de vérifier l’authenticité des documents afférents à la conduite du véhicule en dehors de se rassurer sur l’identité des passagers et du chauffeur.
Pas plus qu’ils n’avancent, comme cela est écrit dans les textes réglementaires, vers le véhicule au niveau duquel ils doivent accomplir des gestes dignes de soldats formés, à savoir : saluer poliment avant que d’exiger la présentation des pièces à tous les occupants et au conducteur celles du véhicule. Quel désagrément ne subissent pas les Librevillois ces temps derniers surtout ! Désagréments qui suscitent moult commentaires au nombre desquels ceux qui condamnent l’attitude des agents eux-mêmes et la passivité des leur hiérarchie accusée de complicité. Du coup, la comparaison avec des époques révolues se multiplient, ce d’autant plus que l’on ne trouve pas d’explications plausibles à cet état de fait. Sauf si l’on se laisse aller à des commentaires venant du cœur et rien d’autre, ce qui présente le risque de donner lieu à des interprétations parfois fallacieuses et de tout mettre sur le dos des autorités militaires chargées de la sécurité et du gouvernement, car à voir de très près, certains contrôles inopinés ne sont peut-être pas de leur ressort, même s’ils peuvent être accusés trop souvent de fermer les yeux sur ce genre d’agissements.
Quelle image nous offrons ?
Si ces agissements font aujourd’hui partie du quotidien, il reste qu’ils surprennent ceux qui arrivent pour la première fois dans la capitale gabonaise. Combien ne sont-ils pas à décrier cet état de fait qui entache la renommée de ville accueillante affublée à Libreville. En comparaison avec d’autres cités du continent, la capitale gabonaise devient celle de la fouille intempestive, des tracasseries abusives et pas souvent justifiées aux dires de nombreux usagers de la route qui détiennent des informations de personnes bien renseignées, des « rançons » qui ne disent pas leur nom, de la corruption et de bien d’autres maux dont devrait se passer le Gabon en tant qu’Etat régalien à cheval sur les règles de droit.
Le contexte dans lequel baigne le pays, fait de morosité au plan sociopolitique, pour ne pas dire économique également, laisse croire qu’il y a comme une idée dissimulée derrière tous ces contrôles, ce qui fait dire à d’aucuns que ce serait là la raison du « durcissement de ton » des autorités qui tiennent à ce qu’elles soient respectées et que le Gabon poursuive, selon elles, sa marche sereine vers le développement. Mais serait-ce vraiment la raison qui les conduirait à agir de la sorte ? Surprenant lorsque l’on se rend compte que le pays demeure un havre de paix où les populations se côtoient toujours sans qu’il n’y ait, comme dans d’autres Etats du continent, de frictions entre elles. A la longue, les fameux contrôles desserviront l’image que l’on veut renvoyer du pays vers l’extérieur et courent le risque de compromettre l’idéal démocratique.