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Passation Lasségué-Assélé : CNSS, le cœur en balance
Publié le jeudi 31 aout 2017  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Siège de la CNNS, sis à Batavéa (Libreville)
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L’ambiance est plutôt mitigée, voire tristounette à Batavéa, siège de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). En effet, s’ils manifestent leur plaisir après le limogeage du Dr. Désiré Lasségué, de nombreux agents se disent tout aussi inquiets ou, tout au moins, pas rassurés de voir débarquer le Médecin-Colonel de Santé militaire…

Après quatre ans et quatre mois à la tête de la Caisse, Désiré Lasségué s’en est allé. Enfin, pas encore. Il partira le jeudi 31 août, date de la passation des services avec son successeur. Avant cette procédure, un Conseil d’administration extraordinaire doit se tenir ayant pour tâche d’entériner la nomination du nouveau directeur général de l’entreprise. «C’est pendant qu’il se trouvait en famille à Bongoville que l’information est tombée», affirme un proche du sortant.

Ingénieux système de prévarication et limogeage sec

Celui qui affirmait, lors des réunions de direction, qu’il ne partirait pas, a donc été limogé. Un limogeage sec sans nouvelle affectation. «Vous dîtes que Lasségué va partir, qu’on va enlever Lasségué, vous perdez votre temps. Est-ce que c’est vous qui signez les décrets de nomination ? Est-ce que c’est vous qui élaborez les décrets ? Ce n’est pas vous, ce sont mes frères qui font et qui signent les décrets», disait-il non sans une once d’arrogance. «Cette décision l’a surpris, il n’y a eu aucune suite, et il l’a mal accueillie», poursuit la source.

Avant de partir, et comme la plupart de ceux qui refusent leur départ, Désiré Lasségué aurai effectué une dernière «frappe». Une dizaine de véhicules (Coaster, berlines, mini-bus…) – patrimoine de la CNSS – ont été cédés à de vils prix à des proches au sein de l’entreprise. L’un d’eux s’est octroyé trois véhicules à des prix oscillant entre 400.000 et 800.000 francs CFA. Autre signe de nervosité : il a prolongé les délais pour la passation de service avec Nicole Assélé. «Je vais d’abord travailler avec pendant trois jours, puis le jeudi, se tiendra le Conseil d’administration, et vendredi 1er septembre, je ferai la passation des charges», a-t-il indiqué au directoire de l’organisation. «Mais comme le 1er septembre, fête de la Tabaski, est férié, il s’est vu contraint de ramener cette passation au jeudi 31 août», indique une autre source.

Désiré Lasségué avait, pendant les quatre années, mis en place un véritable système de prévarication, de rétrocommissions et de détournements de fonds. A titre d’exemple pour louer des véhicules pour des hôtes de marque, offrir des fleurs à des invités, acheter des billets d’avion pour les missions à l’étranger, la CNSS s’adressait exclusivement à des agences et entreprises appartenant «aux enfants du directeur général créées spécialement pour la cause», affirme-t-on à Batavéa. La question que l’on s’y pose dans tous les couloirs est : «avec combien et avec quoi partira-t-il ?». Ses deux prédécesseurs, Antoine Yalanzèle d’Angouali et Marie-Thérèse Vané, étaient partis avec 215 millions CFA et divers véhicules, dont des Toyota VX-V8 dernier cri. Il est vrai que la Cour des comptes avait, dans ses recommandations, demandé que de telles opérations, en fait de tels détournements, «cessent à l’avenir», mais les agents semblent convaincus que le directeur général sortant ne pourra pas se retenir…

Permettre à la CNSS de se maintenir parmi les précieux outils de la politique sociale du pays

Si les agents se disent, pour un grand nombre d’entre eux, soulagés de voir partir «le médecin-anesthésiste qui n’a pas réussi à les anesthésier, car ils avaient gardé les yeux ouverts», selon l’expression d’Abigaëlle, assistante dans une des directions de l’entreprise, ils ne sont pas pour autant heureux de voir arriver l’ancien ministre des Sports. Pour eux, sa nomination n’est pas «un acte salvateur». Au contraire. Perçue, à tort ou à raison, comme une «personnalité brutale et sévère» -caractère que l’intéressée assimile à de la rigueur – Nicole Assélé suscite à Batavéa une certaine inquiétude. Un profond désarroi même. Son arrivée est scrutée avec une appréhension certaine par l’ensemble du personnel et avec une attention particulière par de nombreux observateurs. Appréhension et désarroi constituant un indicateur de la méfiance ambiante. Beaucoup disent craindre d’être dirigés par «une force qui veut tout casser» et rappellent que «la Colonelle voulait instituer une sorte de militarisation du ministère des Sports, mettre tout le monde au pas ou au garde-à-vous, et cela n’aurait pas plus ; ce qui, selon eux, a fait qu’elle se batte avec tout le monde au ministère pendant les 10 mois qu’elle y a mis : les responsables des fédérations, le patron du Comité olympique, la responsable du Fonds national du développement du sport, et même des membres de son propre cabinet»… Lors de sa passation de service avec Mathias Otounga, le mercredi 23 août dernier, le ministre des Sports sortant avait reconnu qu’on lui reprochait son «tempérament». Va-t-elle se raviser à Batavéa ?

Nicole Assélé, 54 ans, médecin-Colonel de Santé militaire, prendra donc ses fonctions ce jeudi 31 août. Elle arrive dans une entreprise faisant face à des difficultés liées notamment à la fermeture de centaines d’entreprises qui poussent au chômage des milliers de travailleurs. Résultat des courses : moins de cotisations patronales et sociales. Mais bien que les fondements de la structure demeurent solides à court et moyen terme, l’ancien ministre des Sports devra déployer de l’ingéniosité pour faire en sorte que la CNSS demeure un précieux outil pour la politique sociale de la République !
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