A l’exception notable de la nomination de Pierre-Claver Maganga Moussavou au poste de vice-président de la République, et bien que René Ndemezo’o Obiang ait été désigné président du Conseil économique et social (CES), l’opposition ”responsable” n’a obtenu que sept portefeuilles sur les 38 que compte le gouvernement du 21 août 2017 dont la durée de vie théorique est de huit mois, les élections législatives devant intervenir en avril 2017. Variation sur le même thème.
Dans la précédente équipe gouvernementale, l’opposition «modérée», «responsable» ou «de service» disposait de trois postes (Bruno Ben Moubamba à l’Habitat, Biendi Maganga Moussavou à la Promotion des PME, Estelle Ondo à l’Economie forestière). Elle a reçu, en renfort, quatre autres : Patrick Eyogo Edzang (Eau et Energie), Carmen Ndaot (Travail, Emploi et Formation professionnelle), Jonathan Ndoutoume Ngome (délégué à la Famille, à la Protection sociale et à la Solidarité nationale) et Raymond Placide Ndong Meyo (délégué aux Affaires étrangères). Au total donc, sept portefeuilles, dont cinq postes de ministre titulaire, et deux de ministres délégués. Déjà signalé sur ces pages web, Bruno Ben Moubamba a été «rétrogradé» du poste de vice-Premier ministre à celui de ministre d’Etat (désormais quatrième dans l’ordre protocolaire), avec moins de pouvoir, notamment en ce qui concerne le foncier.
Le PDG s’arroge la Mise en œuvre des accords du Dialogue politique
Dans le même temps, le Parti démocratique gabonais (PDG) obtient ou conserve l’essentiel des ministères les plus importants (Intérieur, Justice, Affaires étrangères, Budget, Economie, Communication, Défense nationale, Pétrole, Industrie, Mines,…). Mieux, il se voit attribuer le ministère chargé de la Mise en œuvre des Accords du Dialogue politique confié à Blaise Louembé. Pour mener à bien ce dossier, il aurait été «bien pensé», selon un journaliste proche de l’opposition modérée, d’y nommer un ministre délégué issu de l’opposition. «On nous a donné des postes qui nous éloignent de l’essentiel, la matérialisation des actes d’Angondjé», poursuit-il. On note par exemple l’arrivée de Carmen Ndaot au poste de ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. La fille du président du Conseil national de la démocratie (CND) qui «succède» en quelque sorte à Joël Pono Opapé, vient du secteur privé ; elle était chargée des Questions juridiques à Azur (téléphonie mobile). En 1994, après les Accords de Paris, souligne l’opposant cité plus haut, l’opposition s’était vu créditer six portefeuilles sur les vingt-six du gouvernement conduit par Paulin Obame Nguéma, mais dans ces portefeuilles, il y avait notamment la Justice (Max Rémondo, PGP), la Planification (Pierre-Claver Maganga Moussavou, PSD), la Communication (Alexandre Sambat, RDP)… avec, au bout du processus, un référendum populaire sur les Accords de Paris. Cette fois, ce n’est pas pareil».
Le Woleu-Ntem «offert» à l’opposition modérée
Autre caractéristique de cette nouvelle équipe : en dehors de Francis Nkéa qui passe des Relations avec les Institutions constitutionnelles et du Dialogue politique à la Justice et aux Droits humains, le Woleu-Ntem a été «offert» à l’opposition modérée. Estelle Ondo (Oyem) et Patrick Eyogo Edzang (Bitam) se voient attribuer les portefeuilles respectifs des Transports, et de l’Eau et de l’Energie, tandis que Jonathan Ndoutoume Ngome (Mitzic) reçoit le strapontin de ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre de la Famille, de la Protection sociale et de la Solidarité nationale. Reste à savoir comment réagiront les populations de cette province «frondeuse» vis-à-vis de cette nouvelle donne.
La province de l’Ogooué-Maritime est particulièrement «gâtée» : elle reçoit, en plus du ministère du Travail, les ministères du Budget et du Pétrole, ainsi qu’un poste de ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Décennie de la Femme, de l’Egalité des Chances et de l’Investissement humain confié à l’actuelle maire de Gamba, Clotilde Chantal Boumba Louey. Un portefeuille de plus par rapport à l’équipe précédente. L’Ogooué-Ivindo n’est pas en reste. En plus de la Primature, elle reçoit les Affaires étrangères, la Communication et le porte-parolat du gouvernement, les Affaires foncières et le Domaine public, ainsi que des postes de ministres délégués à l’Economie et à l’Agriculture.
8 mois pour convaincre…
Des deux côtés de l’échiquier politique, il se trouve sans doute de nombreux déçus. On aurait pu s’attendre aux arrivées de Gérard Ella Nguéma, Jean-Pierre Rougou, Mike Jocktane, Théophile Niembo Makita, Bonaventure Nzigou Manfoumbi, Marcel Robert Tchoréré, Augustin Moussavou King, voire Dieudonné Minlama Mintogo ou Thierry d’Argendieu Kombila côté opposition, Guy-Christian Mavioga, Jean-Boniface Assélé ou Aurélien Ntoutoume, côté majorité.
Le gouvernement Issozé Ngondet II a huit mois pour convaincre. Lors des élections législatives d’avril prochain (sauf si elles sont de nouveau reportées), l’opinion dira si elle a été convaincue ou non par cette équipe.