Lancée en grandes pompes en février dernier, l’initiative Jeunes entrepreneurs du café-cacao (Jecca) a du plomb dans l’aile. Et pour cause, ces «agripreneurs» ne sont toujours pas rentrés en possession des fonds devant leur permettre d’amorcer la phase de planting, prévue à la mi-septembre.
Dans le cadre de l’initiative Jeunes entrepreneurs du café-cacao (Jecca) lancée en février 2017, la Caisse de stabilisation et de péréquation (Caistab) et JA Gabon ont convenu de mutualiser leur savoir-faire. Objectif : accompagner et encadrer 250 jeunes agriculteurs issus du monde rural et des établissements de formation agro-pastorale, dans la gestion financière et managériale.
Dans un premier temps, une cinquantaine de jeunes ont ainsi été choisis dans cinq provinces : 23 dans le Woleu-Ntem, 17 dans le Haut-Ogooué, cinq dans l’Ogooué-Lolo, cinq dans l’Ogooué-Ivindo et six dans la Ngounié. Si les jeunes ont effectivement été formés à la culture du café-cacao, puis à l’entreprenariat au sein de l’incubateur JA Gabon, l’initiative Jecca est actuellement au point mort.
Une situation déplorée par un «agripreneur» issu de la Ngounié. «Il était question de lancer officiellement les exploitations début juin. Nous étions donc dans l’attente du chronogramme de la Caistab. Or jusqu’ici, nous n’avons toujours pas reçu ce chronogramme», a confié Christian Midongo Lechiombeka, le 23 août. Une sortie d’autant plus justifiée que les jeunes se sont fortement investis dans le projet.
Au début du projet, en effet, la Caistab a signifié aux jeunes qu’elle prenait en charge 75% des charges d’exploitation. 25% restant devant être supporter par les planteurs. «Nous nous sommes battus avec nos moyens pour le débroussage, l’abattage et le nettoyage. Malheureusement, nous n’avons plus eu de retour de la Caistab pour la suite des opérations. Alors que, théoriquement, le planting est prévu démarrer à la mi-septembre», a déploré Christian Midongo Lechiombeka.
Et jusqu’ici, les demandes d’informations des jeunes sont restées sans suite. «Le 21 août, nous nous sommes rapprochés des délégués café-cacao de chaque province. Ils nous ont renvoyé vers le coordonnateur national du programme (Parfait Bitéghé, ndlr), actuellement en congés», a déclaré Christian Midongo Lechiombeka. Entre temps, une source interne à la Caistab aurait révélé aux jeunes planteurs que le projet a été bloqué par le directeur général de la Caistab, Ismaël Ondias.
«Il semblerait que l’ensemble des dépenses effectuées depuis le lancement du projet n’a toujours pas été justifié à ce jour», aurait confié la source. Pour les «agripreneurs», tout semble indiquer qu’il y a anguille sous roche. «Ce que nous souhaitons, c’est qu’on nous dise exactement la conduite à tenir», a simplement souhaité Christian Midongo Lechiombeka. «Je me suis entretenu avec le responsable de la communication du projet pour lui signifier que nous envisagions descendre sur Libreville le 20 août. Il nous en a dissuadé, expliquant qu’il s’entretiendrait avec le directeur général avant de revenir vers nous. Rien n’a été fait à ce jour», a-t-il indiqué.
Bien décidé à avoir des précisions sur la conduite à tenir, Christian Midongo Lechiombeka et ses collègues, soit un représentant par province, entendent descendre sur Libreville dans les prochains jours pour s’entretenir avec le patron de la Caistab. «D’autant qu’on nous avait clairement signifié au début du projet que les fonds étaient déjà disponibles», a conclu ce dernier.