Où ira Faustin Boukoubi ? La question vaut son pesant d’or. Elégamment déchargé de ses fonctions de Secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1968) le désormais ancien SG du PDG est face à trois choix. Revenir au gouvernement. Rejoindre ses ex-camarades passés à l’opposition ou en fin se retirer de la vie publique pour se consacrer à une vie de famille qui lui a souvent manqué.
Un fin connaisseur de la vie publique gabonaise est convaincu que le pouvoir ne laissera pas tomber ce stratège à la figure consensuelle. Faustin Boukoubi, pourrait figurer parmi les membres du gouvernement attendu depuis plusieurs mois.
Faustin Boukoubi a savamment orchestré son départ. Une lettre glissée dans le cabinet du Distingué camarade, Ali Bongo Ondimba pour solliciter d’être déchargé de ses fonctions. Une messe à Franceville, fief des Bongos. Un long séjour dans sa circonscription électorale. Bref, Boukoubi bien que fâché avec l’entourage du président de la République, qui l’a précipité vers la porte de sortie, a gardé la tête entre les épaules. Sa parole est devenue rare.
Député du département de la Lombo Bouenguidi (Pana) dans la province de l’Ogooué-Lolo (sud-est), Faustin Boukoubi n’a pas démissionné du parti qu’il servait au haut niveau depuis 2008. Il reste membre du bureau politique. Sa fidélité et sa loyauté seraient très appréciées par le Distingué camarade (appellation officielle d’Ali Bongo au sein du parti) qui ne sait pas gêné de faire lire des éloges de son ancien Secrétaire général dans le communiqué qui annonçait la désignation d’Eric Dodo Bounguenza comme SG intérimaire du PDG.
Faustin Boukoubi a fait preuve de fidélité. En 2009 et 2016, il a apporté tout son soutien au candidat Ali Bongo Ondimba alors que d’anciens barons de l’époque d’Omar Bongo Ondimba ont travaillé durement pour sa chute.
A 63 ans, le député de Pana n’est pas aussi vieux pour ne pas manquer d’ambitions. Au cas où ses détracteurs du PDG décident, par mauvais cœur, de l’éloigner des cercles du pouvoir, Faustin Boukoubi peut faire comme les autres anciens camarades. Filer dans l’opposition et endosser le costume d’opposant qui, semble-t-il, absout de tous les péchés commis pendant sa présence dans un gouvernement du PDG ou au sein du PDG lui-même.
L’ex ministre de la Santé sous Omar Bongo ne serait pas le premier à prendre cette posture. Jean Ping, Casimir Oyé Mba, Guy Nzouba Ndama, Jean Eyeghe Ndong et bien d’autres l’ont fait. Plusieurs anciens Secrétaires généraux du PDG avant lui sont dans l’opposition : Jacques Adiahenot et Simplice Nguedet Manzela sont aujourd’hui proche de Jean Ping.
A défaut de rallier la résistance de Jean Ping ou « Les démocrates » de son frère Guy Nzouba Ndama ou encore Zacharie Myboto dans l’Union nationale, Faustin Boukoubi peut capitaliser sa riche expérience. Créer son parti pour continuer de peser autrement dans la vie publique.
Ce Nzebi connait parfaitement que les partis politiques au Gabon sont des armes utiles pour le « racket » et le « chantage ». Il connait également qu’il faut se saigner pour maintenir à flot un parti politique.
Faustin Boukoubi, le dernier dinosaure qui a combattu ses frères passés en masse dans l’opposition après la mort d’Omar Bongo et ceux qui ont quitté le navire parce que charrié par le pouvoir émergent, peut aussi faire le choix de prendre sa retraite politique. Le passage du pouvoir à l’opposition n’apporte pas forcément le confort escompté. Paulette Missambo, native de l’Ogooué lolo comme Boukoubi en sait quelque chose. Les exemples du genre ne manquent pas.