«Il me semble que l’élection de Monsieur Ali Bongo est pleine d’incertitudes et d’inconnus, qui justifient un jugement circonstanciel», déclarait Emmanuel Macron, le 5 avril 2016, 17 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle l’ayant porté à la tête de la France. Cinq mois après cette déclaration et quatre mois après sa prise de fonctions à l’Elysée, les «incertitudes» ont-elles été levées ? L’équation à «inconnus» a-t-elle été résolue ? Il reste que, selon un document indubitablement officiel que Gabonreview a consulté, l’homme de tous les fantasmes de la vie politique gabonaise a écrit au chef de l’Etat gabonais.
«A l’occasion de la Fête nationale de la République gabonaise, j’ai le plaisir de vous adresser à vous-même, ainsi qu’à l’ensemble de vos compatriotes, mes sincères félicitations. Je tiens à souligner l’importance que j’attache au dialogue et à la coopération entre nos deux pays sur des sujets d’intérêt commun tels que les changements climatiques ou la paix et la sécurité en Afrique. Je souhaite que nous continuions à travailler à l’approfondissement de notre relation et au renforcement des liens qui unissent si étroitement nos deux pays. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération», écrit le nouveau président de la France au président du Gabon.
Si ce message s’inscrit dans le cadre des usages diplomatiques normaux, il reste que dans les chaumières et salons feutrés de la capitale gabonaise, il vaut reconnaissance d’Ali Bongo en qualité de président élu du Gabon. Tandis que du côté des partisans de l’opposition qui ne manqueront de parler de rétropédalage de l’Elysée, la démarche de Paris va naturellement susciter une vive polémique. Elle intervient dans un contexte où une frange de l’opinion nationale a pris pour argent comptant un article de presse, à la lisière de la politique fiction, titré «Sous les auspices d’Emmanuel macron… Ali Bongo a rencontré Jean Ping pour négocier son départ !» Or, Emmanuel Macron parle de travailler «à l’approfondissement de notre relation.» Nombreux percevront, en tout cas, ces “félicitations” comme un appel d’air à la légalité. Elles maintiennent des passerelles et ouvrent des perspectives, notamment en matière de changements climatiques, de paix et de sécurité en Afrique.