Arrestation de syndicalistes, des enseignants traduits en Conseil de discipline pour leur activisme, séquestration des droits de travailleurs, licenciement abusif, interdiction des activités de la CONASYSED, validation de l’année scolaire après de profonds débrayages etc. Le bilan de l’année syndicale 2016-2017 de l’intersyndicale Dynamique unitaire dévoile un malaise. Face à la presse ce vendredi 11 août à Libreville, ces employés de l’État comptent poursuivre leur combat pour le bien-être.
Le bilan dressé par les syndicalistes à la veille de la fête de l’indépendance du Gabon, laisse le sentiment que ce pays glisse vers une restriction profonde des droits syndicaux. Les violations des droits des travailleurs et des droits humains occupent une place importante dans ce résumé d’activités : emprisonnement de Marcel Libama, de Cyprien Moungouli, tous deux syndicalistes et du journaliste Gildas Biviga, confiscation des droits des déflatés de la CNSS, licenciement sans motif de 70 agents de la main-d’œuvre non permanente du CENAREST, interdiction du Syndicat CONASYSED depuis le 17 mars dernier, non paiement de la prime d’incitation à la performance du 2e trimestre 2015, suspension du salaire de plusieurs enseignants en grève…
Appartenir à une organisation de travailleurs luttant pour leurs droits semble prendre d’autres dimensions dans ce petit Etat. L’arrestation, la condamnation, puis la relaxation du célèbre syndicaliste Marcel Libama et d’un journaliste, sans que ces derniers n’aient fait appel est une illustration significative sur la confusion régnant entre les libertés et le pouvoir. Les syndicalistes n’ont pas caché leur peur à voir un jour leur salaire définitivement coupé. Selon Jean Rémy Yama, président de Dynamique unitaire, c’est la suspension de salaire qui avait obligé les enseignants en grève depuis plusieurs mois à casser leur mouvement et participer aux examens de fin d’année scolaire. Pour lui, ce sont des responsables de famille et ils ne peuvent tenir très longtemps sans leur rémunération.
« Dynamique unitaire marque ici son étonnement, et surtout son indignation par rapport au comportement du ministre de l’éducation nationale, Florentin Moussavou, qui se pourfend dans les médias depuis un certain temps, jouissant et jubilant sur des résultats auxquels lui-même ne croit pas », ont dénoncé les syndicalistes dans leur rapport. Pour eux, l’année scolaire a été profondément perturbée. Les résultats des examens ne reflètent pas la réalité. Le bond fait entre le premier tour du Baccalauréat (14%) et le second (presque 100%) n’est pas raisonnable pour l’intersyndicale. Avec les grèves, seulement deux mois complets d’enseignements avaient pu être assurés, avec des trimestres de trois semaines. Ces résultats pourraient avoir une lourde conséquence sur le parcours des élèves des écoles publiques.