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Ferdinand Demba : «Il est de notre devoir d’appeler la jeunesse gabonaise à plus d’engagement»
Publié le vendredi 11 aout 2017  |  Gabon Media Time
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Mal gouvernance. Mauvaise gestion. Corruption. Violation des droits de l’Homme. Népotisme. Dépravation des mœurs. Grèves générales ou partielles mais répétitives. Menaces d’année blanche. Promotion de la médiocratie. Bipolarisation de la vie politique. Infantilisation de la jeunesse. Pensée unique. Jeunesse bâillonnée…

Nous nous plaignons tous les jours des maux qui minent notre société et ce, depuis des années. D’ailleurs, ces dernières années, il semblerait que nous soyons tous passés maîtres dans l’analyse politico-socio-économico-culturelle de notre pays. Chacun y va de son expertise et nous sert à tire-larigot toutes sa billevesée. Mais qu’en tire-t-on réellement ? Rien, si ce n’est la perte de quelques minutes de nos vies que nous ne pourrons plus jamais rattraper. Il est peut-être temps d’agir de manière intelligente et constructive.

L’union fait la force

Le pays va mal, très mal. La République est en danger et c’est un secret de polichinelle que cette situation dure depuis plus d’une trentaine d’années, voir plus (que chacun fasse son calcul). N’en déplaise à ceux qui se sont «réveillés» il y a sept ans. Les causes directes ou indirectes des maux du Gabon sont connues de tous, ou presque. Il suffit de faire une revue de presse nationale et internationale pour se rendre compte des problèmes aussi bien structurels que conjoncturels que notre pays connaît depuis fort longtemps. Tout a été dit par la presse et les spécialistes. Tout est donc su.

Les Hommes politiques ne sont pas des dieux. Ce sont des Hommes qui ont leurs forces et leurs faiblesses. Tous ont-ils failli ? Je ne le pense pas. N’empêche que la situation catastrophique que nous vivons est le fait de stratégies inadaptées ou mal conçues. C’est peut-être aussi le fait d’une classe politique qui n’écoute pas assez des populations de plus en plus informées et formées. Serait-elle dépassée par l’évolution, le progrès ? Ce n’est pas à moi d’en juger. Certains diront que nos dirigeants sont de mauvaise foi ou cruels. Qui suis-je pour le réfuter ? Mais doit-on passer tout notre temps à chercher des boucs-émissaires et à juger ? Je ne crois pas que ce soit productif. Il nous revient, en tant que citoyens de chercher et de trouver d’autres alternatives à ce mal incurable. Mais comment s’y prendre ?

«Un seul doigt ne lave pas la figure», dit l’adage. C’est pour cela qu’il est impératif que nous, citoyennes et citoyens, apportions notre pierre à l’édifice. Car l’union fait la force. Comment y arriver ? Selon le principe essentiel du droit de participer à la gestion des affaires publiques, «tous les citoyens sont égaux devant la loi et interviennent donc, de manière égale, à la prise de décision politique». Toute chose qui renforce l’idée selon laquelle chacun de nous est responsable du délitement de la vie politique de son pays, par son action ou son inaction. Par conséquent, tout changement positif ou amélioration passe inéluctablement par notre implication, par un engagement ferme et permanent.

On ne naît pas citoyen, on le devient

Ne nous y trompons pas. Le fondement des régimes démocratiques, tels qu’il en existe à travers le monde, est constitué par l’ensemble des citoyens. Pour peu que l’on daigne s’intéresser à l’histoire de la démocratie, on y découvre très vite les sacrifices consentis par les peuples épris de liberté et de justice. Des Etats-Unis, à la Grande-Bretagne, en passant par la France, pour ne citer que ceux-là, des hommes et des femmes ont vaillamment défendu leurs droits en obligeant leurs dirigeants à agir pour le bien commun, grâce à leur engagement et à leur détermination. Ne salissons pas ce propos avec du sang ou des pertes. Mais il n’y a pas de gloire sans sacrifice .

«Vous êtes responsables en tant qu’individus», disait Jean-Paul Sartre. Il n’y a pas de volonté collective sans volonté individuelle. C’est parce que chacun aspire au changement que des groupes se forment afin de donner corps à une revendication plus grande, plus forte.

Autant que nous sommes, nous devons nous engager «au nom de la responsabilité de personne humaine», comme nous le rappelle Stéphane Hessel dans «Indignez-vous !». Nous avons le devoir de défendre les valeurs que nous prônons et de nous défendre contre toute agression de la dignité humaine. Mais il faut le faire ensemble. C’est en participant, au quotidien, à la vie de la cité que nous affirmons notre citoyenneté, notre implication et notre dévouement aux valeurs de la République.

Nul ne peut prétendre défendre son pays en croisant les bras toute l’année et vouloir tout changer en allant simplement mettre un bulletin dans une urne. Est-il besoin de rappeler que le vote ne constitue que la participation minimale à la vie politique ? Dans des pays comme le nôtre, nous connaissons tous l’inéluctable conséquence à laquelle plusieurs générations ont déjà fait face. Les faits sont têtus (1993 ? 1998 ? 2005 ? 2009 ? et 2016 ?). L’impréparation en est la cause principale.

Il est donc de notre devoir d’appeler la jeunesse gabonaise à plus de citoyenneté, en encourageant l’adhésion aux associations, aux syndicats ou aux partis politiques, afin de se former et d’y imposer sa vision. Une posture à travers laquelle nous pouvons tenter de faire évoluer la société, de venir en aide à nos concitoyens et d’influencer la politique nationale de notre pays. Car, quoi que l’on dise, on ne naît pas citoyen, on le devient.

De la citoyenneté à l’acte citoyen

Mais qu’est-ce qu’être citoyen ? D’un point de vue juridique, «la citoyenneté est la possession de la nationalité et de ses droits civiques et politiques», mais elle se définit aussi comme «une participation à la vie de la cité». Et bien que le citoyen n’ait pas de rôle obligatoire à jouer, il est aujourd’hui impératif qu’il choisisse de participer activement et de manière permanente à la vie publique. Notre engagement doit être quotidien et ferme. C’est le seul moyen dont nous disposons pour réduire les dérives et l’autoritarisme d’un groupuscule d’individus, qui s’arrogeraient le droit de décider à notre place. Ce même groupe qui accuse la jeunesse d’inexpérience, mais qui la réduit à jouer les porte-valises ou les faire-valoir auprès de ses pairs.

Ainsi, ceux qui pensent protéger leur vie et celles des leurs par un nombrilisme à toute épreuve se trompent, car tout acte injuste posé contre un citoyen constitue une entrave à la liberté de tous les autres. Et les conséquences sur le devenir de notre société et son unité sont menacés. Ai-je besoin de vous rappeler les conséquences néfastes de la crise post-électorale découlant de la dernière élection présidentielle ? Bien sûr que non. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut voir.

Comment devenir pleinement citoyen ? J’entends par là une citoyenneté active. Cela peut se faire par des actions collectives et par des actes quotidiens. C’est-à-dire par la participation à des comités, des conseils de quartiers, par l’information, le bénévolat ou le militantisme (associations ou partis politiques), le secourisme (Croix-Rouge), la manifestation, la grève, la signature des pétitions,… Nous avons l’embarras du choix.

La citoyenneté, facteur de cohésion sociale ?

Tous ceux qui se battent pour les valeurs dites démocratiques, veulent plus de liberté, plus de justice, plus de paix, plus de respect pour tous… Nos aspirations convergent vers un but ultime : le bien-être du plus grand nombre. Notre engagement est une contribution au «renforcement du lien social pour l’ensemble de la population mais aussi, plus spécifiquement, l’inclusion sociale des personnes vulnérables». En d’autres termes, nous nous engageons pour créer ou préserver la cohésion sociale. Quèsaco ?

La définition la plus inclusive que l’on puisse donner à la cohésion sociale a été proposée par le Conseil de l’Europe (CE). Ce dernier l’a décrite comme étant «la capacité de la société à assurer le bien-être de tous ses membres, incluant l’accès équitable aux ressources disponibles, le respect de la dignité dans la diversité, l’autonomie personnelle et collective et la participation responsable». Je vois d’ici certains me rappeler que c’est le rôle de l’Etat de créer les conditions favorables à une cohésion sociale. C’est vrai. Le Conseil de l’Europe souligne, à cet effet, que c’est une posture complémentaire de la fonction «régalienne» de protection des populations. L’Etat est par essence le fédérateur légitime de projets et d’actions concourant à la cohésion sociale. Nous ne réinventons pas la roue.

Cependant, l’Etat (les gouvernants) n’est pas le seul acteur à devoir assurer cette fonction. Surtout lorsqu’il a échoué. Les partis politiques, les associations et les organismes sociaux ont un rôle prépondérant à jouer dans la gestion de la chose publique. Soyons pragmatiques et considérons que rien de bon ne peut être réalisé dans notre pays si tous les acteurs ne s’accordent pas à trouver des solutions collectives dans le champ sociétal.

Seulement, il se trouve qu’il ne peut y avoir de cohésion sociale sans un lien social. Or, nous constatons que notre société est divisée depuis plusieurs années par le fait politique. La crise née de la présidentielle du 27 août 2016 n’a fait qu’aggraver cette fissure. Nous ne nous accordons sur rien, qu’il s’agisse de la majorité ou de l’opposition, voire la société civile. Nous naviguons à vue car nous n’avons pas réellement de projets communs. Les appétits personnels et les intérêts individuels prennent le pas sur ce qui devrait nous rassembler : l’avenir de ce pays.

Pour bien comprendre le rapport entre cohésion sociale et lien social, arrêtons-nous sur ce texte de Caroline Guibet Lafaye. Elle dit ceci : «Avec la question de la cohésion sociale se pose de façon cruciale celle de l’unité sociale et celle des modalités conformément auxquelles on envisage ce qui constitue une ‘‘société’’, car les définitions de la notion de cohésion sociale mettent en jeu les représentations qu’une société se fait d’elle-même. La façon dont est conçue la cohésion sociale dépend étroitement de l’interprétation assumée de l’ordre social comme produit de la socialisation, de l’initiative individuelle et privée ou bien comme le résultat du bon fonctionnement des institutions et/ou d’une action collective démocratiquement menée.» Est-il besoin d’en rajouter ?

Last but not least, nous ne pouvons pas prétendre agir pour le bien commun si nous ne nous sentons pas liés les uns les autres. Il n’y a que l’action collective qui nous permettra de préserver nos libertés individuelles.

Ferdinand Demba

Vice-président du mouvement citoyen Le Réveil
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