Entre la faiblesse de son secrétaire général, la pleutrerie du chef du gouvernement et le zèle de certains ministres, les derniers développements de l’actualité présentent le Parti démocratique gabonais (PDG) sous son vrai jour.
Le Parti démocratique gabonais (PDG) en plein strip-tease. Près d’un an après la dernière présidentielle, il se donne en spectacle, s’exhibant dans toute sa nudité. Malgré la logorrhée d’une oligarchie insatiable, ce parti a mal à son organisation. En dépit des foules constituées à coup de billets de banque, il n’arrive pas à mobiliser. Nonobstant les incantations d’une technocratie intéressée, il a du mal à fixer le cap, à indiquer une voie. Des foucades de son secrétaire général (lire «Il y en a qui agissent en fonction de leurs propres intérêts») aux veuleries du Premier ministre (lire «Chiquenaude d’Issoze à Boukoubi») en passant par le déni de réalité de certains de ses cadres (lire «Les hommes du président au front»), le parti au pouvoir jette bas le masque. Fidèle à lui-même, il n’arrive ni à se structurer, ni à se doter d’une ligne claire encore moins à entretenir un débat interne.
À cet effet, les derniers développements de l’actualité sont éloquents à souhait. Ils présentent le PDG sous son vrai jour. Entre la faiblesse de son secrétaire général, la pleutrerie du chef du gouvernement et le zèle de certains ministres, ce parti vogue dans la mer des incertitudes tel un bateau ivre. Le premier exige aux siens une discipline dans la prise de parole. Le deuxième veut à tout prix coller aux «hommes du président». Les troisièmes sont mus par le seul souci de plaire. Cette crise de gouvernance et de leadership n’est pas nouvelle. Depuis 1990, aucun secrétaire général du PDG n’a vraiment réussi à s’imposer face aux multiples coteries existantes : Jacques Adiahénot était pris en tenaille entre «Appelistes» et « Rénovateurs» ; Simplice Guedet Manzéla était débordé par les leaders des formations dissoutes dans le PDG, particulièrement Paul Biyoghé Mba et Louis-Gaston Mayila. Depuis 2009, Faustin Boukoubi a maille à partir avec les «Émergents», ces gardiens du temple autoproclamés. Il a, par voie de conséquence, tout le mal du monde à devenir le chef incontesté d’un parti miné les calculs personnels et l’esprit de cour.
Cette défiance des cadres à l’égard du secrétaire général est légitimée par la nature profonde du PDG : né en position de pouvoir et dans un contexte où il se confondait à l’État, ce parti n’a jamais réussi à faire sa mue. Tout au long de son existence, il s’est employé à entretenir des relations incestueuses avec l’appareil d’Etat. N’ayant jamais songé à se doter d’un socle idéologique et programmatique, il se satisfait d’un rôle de machine électorale toute dédiée à la survie d’un régime et à la gloire d’un homme. Là où il faut défendre les idées, il a toujours mis en avant une novlangue personnalisée. Au moment où on a besoin de tribuns, il a systématiquement choisi les gladiateurs. Aux idéologues et théoriciens, il a invariablement préféré courtisans et hâbleurs. Au final, il a fini par se revêtir des atours d’un club de supporters où le culte du chef demeure la règle première, le principal critère d’évaluation des capacités politiques.
Au fond, le PDG n’a rien entrepris pour se doter de fondations dignes d’un parti de gouvernement. De tout temps, sa base militante s’est réduite à une clientèle composée d’agents publics apeurés ou de citoyens à la recherche d’avantages individuels. Du coup, le poids politique s’y mesure à l’aune de la capacité à positionner les gens, à rendre des services ou à offrir des passe-droits. Or, le secrétaire général du PDG n’a aucune prise directe sur l’appareil d’État. Il ne peut, en conséquence, placer ou caser du monde. Pour le faire, il doit recourir à la mansuétude de ses coreligionnaires membres du gouvernement. Pour se constituer une base politique, il est obligé d’en appeler à leur compréhension. Comment leur dicter ensuite une ligne de conduite ? Comment s’imposer face à ces âmes charitables ? Sauf à jouir du soutien total du président de la République, il est contraint de se montrer arrangeant. À moins d’agir par procuration, il est condamné à faire profil bas. Dans l’un ou l’autre des cas, il ne peut engager sa responsabilité personnelle. En recadrant ses amis, Faustin Boukoubi était certainement dans son rôle. Mais, il n’a nullement tenu compte de la nature profonde de son parti. La suite ? Chacun la connaît…