La dévaluation du francs CFA est une possibilité quasi certaine, du moins si l’on s’en tient à l’analyse de la situation économique de l’espace CEMAC dressée par le Fonds monétaire international (FMI). Des réformes orientées peuvent toutefois permettre d’éviter le pire, indique l’institution.
Une autre dévaluation du franc CFA ! Ce qui il y’a quelques temps encore relevait de la pure et simple spéculation se confirme de jours en jours. En effet, la possibilité vient d’être évoquée par la récente mission du Fonds monétaire international (FMI) sur la situation économique du Gabon et de l’espace CEMAC. Selon l’organisme international, la dévaluation du franc CFA pourrait survenir si des réformes orientées ne sont pas mise en place. Sur ce point, le portrait de l’organisme est clair. « En 2016, en effet souligne le FMI, les pays de la CEMAC perdaient près de 500 millions de dollars de réserves de change par mois ».
Si ce trou commence par être comblé en 2017, le FMI invite à la vigilance notamment à « augmenter les recettes d’exportation pour sécuriser les réserves » si les pays de la CEMAC veulent éviter le pire. Pour la mission du FMI, il est possible pour les pays de la CEMAC de « se mettre à l’abri d’une dévaluation du Franc CFA ». Car si cette démarche devenait possible cela pourrait encore plus affecter les économies de la sous-région déjà sérieusement affecté par la chute des cours du baril de pétrole.
Réserve de change, caution de l’Afrique
Théoriquement, les réserves de change sont des avoirs en devises étrangères et en or détenus par la banque centrale. Lesquelles devises sont des bons et obligations du Trésor d’États étrangers, ce qui permet à ces réserves de rapporter un intérêt. Cette base d’échange sert principalement en Afrique et particulièrement en Afrique centrale (CEMAC) de trésorerie, c’est-à-dire, de moyen de paiement pour le règlement des importations et le service de la dette extérieure en devises étrangères. Elles garantissent taux de change du FCfa, héritage de la colonisation française. Selon des principes empiriques entre la France et l’Afrique, 50% des réserves de change des pays de la zone franc sont déposées sur un compte d’opération à la Banque centrale de France. En 2016, ces dépôts représentent plus de 4 milliards d’euros. Leur baisse affecte inévitablement la valeur de change de la monnaie locale le franc CFA dont dépendent les pays de la CEMAC. Perçue comme un « impôt colonial », ces dépôts monétaires affectent cependant selon l’économiste togolais, Kako Nubupko, le développement du continent en privant le continent des devises.
Procès à charge contre la France
Jusqu’où ira le procès de cette monnaie ? Après plusieurs années, cet « impôt colonial » sérieusement boudé en Afrique pose désormais problème. Cette « mise en dépôt » de la monnaie africaine, de l’avis de l’ancien Ministre français de l’Economie et des finances, Michel Sapin, est perçu sur certains endroits du continent africain comme une entourloupe bien organisée par la France pour dépouiller l’Afrique, du moins les quatorze économies tributaires de cette monnaie. Pour les Africains, il est temps de mettre fin à cette « servitude monétaire » qui hypothèque le développement économique des pays ou régions assignés à l’usage de cette monnaie.
« Le franc CFA via son rattachement à l’euro est beaucoup plus déterminé par les évènements au sein de la zone euro que par la conjoncture au sein de la zone franc », expliquait dans une interview accordée au journal Le Monde, Kako Nubupko. En analysant le choc qu’une dévaluation du franc CFA peut faire peser sur les économies tributaire, il est peut-être temps de songer aujourd’hui à des nouveaux mécanismes de collaboration entre la France et l’Afrique sur cette monnaie à discorde qu’est le franc CFA.