Convaincus de ce que les réformes voulues par les participants étaient urgentes pour sortir le pays de la crise politique vécue depuis août 2016, beaucoup pensent que la lenteur et les reculades liées à la mise en œuvre des actes du dialogue politique d’Angondjé constitue déjà un échec.
Deux mois après la clôture du dialogue politique national, l’on s’interroge sur ce qui a véritablement été fait, en dépit des promesses de certains participants et des assurances des autorités qui ne parviennent plus à cacher leur malaise. Ayant reçu le rapport final des assises d’Angondjé en mai dernier, Ali Bongo l’a-t-il réellement parcouru ? Quelle suite entend donner le président de la République à ce document qui, on l’a vu, a quelque peu déçu les Gabonais qui s’attendaient, par exemple à la limitation des mandats du chef de l’Etat ? S’il l’a lu, mais surtout s’il est d’avis avec le résultat des travaux des différents partis politiques s’étant engagés dans ces pourparlers, pourquoi n’accélère-t-il pas la cadence ? Au sein de l’opposition dite radicale, ceux qui ne croyaient déjà pas à ces assises jubilent. Pour eux, l’échec du dialogue d’Angondjé est déjà consommé. Ils en veulent pour preuve que l’initiateur lui-même semble ne plus beaucoup y croire.
Les récentes reculades des principaux acteurs des assises d’Angondjé sont perçues comme un mauvais signal de la part du pouvoir, au point que certains ont fini par croire que le dialogue avait été convoqué par Ali Bongo pour tenter de faire bonne figure aux yeux de la communauté internationale.
Particulièrement aux yeux du Parlement européen au sein duquel des élus, dès août 2016, contestaient vigoureusement sa réélection. Pourquoi avoir choisi le gouvernement plutôt que le comité de suivi initialement prévu, pour la mise en œuvre et le suivi des réformes politiques consignées dans le rapport final ? Cette reculade annoncée le week-end dernier par Francis Nkea, le ministre en charge du Dialogue national, beaucoup ne la comprennent pas. Tout comme ils ne comprennent pas le temps pris pour la formation d’un gouvernement dit d’union nationale, devant permettre une rapide mise en œuvre des réformes politiques annoncées.
Or, à mesure que le nouveau gouvernement tarde à arriver, l’on est porté à croire que le pouvoir tente de mettre à l’écart ses alliés des assises d’Angondjé, à l’instar de Pierre Claver Maganga Moussavou et René Ndemezo’o Obiang, tous deux opposants et ayant d’abord contesté la réélection d’Ali Bongo. D’aucuns s’interrogent également sur l’importance du dialogue citoyen ayant précédé la phase politique. Depuis, les différents mouvements et associations ayant participé à ces assises attendent toujours que leurs propositions soient véritablement prises en compte, bien que le rapport final, prétend le gouvernement, contient certaines de ces propositions. Conduits par Karim Nziengui, les associations et mouvements ayant participé au dialogue d’Angondjé n’ont pas cessé de monter au créneau ces dernières semaines, au point d’annoncer qu’ils entendent en découdre aux prochaines législatives. Comme quoi, peu sont désormais convaincus que les assises convoquées par Ali Bongo aient servi à grand-chose. D’autres, plus critiques, assurent, deux mois après sa clôture, que le dialogue politique national a déjà consommé son échec. Ça reste à voir.