« Jean Ping prévoyait d’attaquer les forces de sécurité et de défense gabonaises ». C’est Pacceli Bikoro, membre du Front uni des jeunes de l’opposition (FUJO), par ailleurs fondateur du concept "Jean Ping, c’est dosé", qui a porté l’accusation vendredi dernier, lors d’une conférence de presse à la chambre de commerce de Libreville. Il réagissait là à la plainte déposée récemment en France par un Franco-gabonais contre le gouvernement gabonais pour torture et crimes contre l’humanité.
La charge est lourde. Pourtant elle est portée par un ancien proche qui dit avoir été au cœur de la campagne de Jean Ping, et même au cœur du complot. Complot qui selon Pacceli Bikoro, consistait à importer des produits chimiques de tout genre pour la fabrication de cocktails destinés à attaquer tous les point où étaient positionnés les forces de sécurité et de défense gabonaises. Le coup selon lui avait été fomenté lors d’une réunion secrète tenue dans la nuit du 31 août 2016 au QG de l’ancien candidat de l’opposition à la dernière présidentielle, tout juste avant l’attaque dudit QG par l’armée. Bikoro explique que lui-même avait participé au transport de ces produits "extrêmement toxiques", et que n’eut été l’intervention de l’armée, les jeunes recrutés à cet effet passaient à l’action. Pour le membre de du FUJO, il s’agit là d’apporter un langage de vérité suite à la plainte déposée par un Franco-gabonais contre le pouvoir gabonais pour torture, sévices corporels et crimes contre l’humanité, lors de ces événements.
Ce d’autant plus que le fameux Franco-gabonais et lui étaient tous détenus au commissariat central où ils ont passé huit (8) jours sans être torturés. Pour Bikoro, l’opposition cherche uniquement à manipuler l’opinion en se faisant passer pour une simple victime, à travers des montages de mensonges et autres, alors qu’elle aussi prévoyait des attaques contre les hommes en treillis. Il faut donc dire toute la vérité à l’opinion nationale et internationale qui a besoin d’être éclairée sur les événements survenus cette nuit là au quartier général de Jean Ping. C’est pourquoi, il se dit prêt à témoigner devant la justice, qu’elle soit gabonaise ou française. Car lui Bikoro détient bel et bien les preuves de ses allégations.
Pour qui roule Bikoro ?
A-t-il été soudoyé pour faire ces révélations aussi fracassantes, ou est-il au contraire mu par un devoir de conscience ? Au-delà de son devoir de vérité comme il l’affirme lui-même, le retournement de veste de Bikoro contre son ancien mentor, Jean Ping, ne manquera pas d’être interprété par une partie de l’opinion, surtout celle favorable à Jean Ping comme des accusations sans fondement. Mieux, ils y verront une manœuvre du régime destinée à noircir l’opposant. Surtout au moment où la bataille judiciaire semble déjà ouverte entre les deux camps. Sinon pourquoi avoir attendu près d’un an pour faire ces "révélations" ?
Même si Bikoro évoque un souci de vérité à la suite de la plainte du Franco-gabonais, une telle initiative ne manquera pas d’être frappée du sceau de la corruption. Car à l’heure où chaque partie est en quête d’éléments compromettants pour enfoncer l’autre, les accusations de Bikoro, même si l’intéressé dit avoir été au cœur de la manœuvre, ne doivent pas pourtant être prises pour des vérités absolues. Il reste à la justice, mais alors une justice réellement indépendante, de déterminer qui de Pacceli Bikoro ou du Franco-gabonais aura dit la vérité.