Suite à la décision n°020/CC portant report des élections législatives au mois d’avril 2018, rendue par la Cour constitutionnelle, l’opinion publique est encore une fois surprise par la subtilité du revirement. Selon certains, la Cour vient encore une fois de plus de démontrer son incapacité à respecter la Constitution qu’elle a pourtant le devoir de défendre.
En effet, dans sa décision la haute Cour justifie le report des élections législatives par l’impossibilité de concilier le temps nécessaire pour faire aboutir les réformes électorales issues du dialogue politique organisé par Ali Bongo. Une interprétation qui semble quelque peu dénuée de sens puisque le principal de cas de force ici évoqué n’est pas suffisant pour légitimer un report.
Joint au téléphone par la rédaction de Gabon Media Time, le commissaire en charge du Budget de l’Union nationale, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, n’a pas manqué de souligner le manque de sérieux dont fait preuve la haute juridiction. Il fait remarquer que cette décision ne surprend presque pas, car elle choisit toujours de «de protéger ce régime qui ne respecte ni la démocratie ni l’Etat de droit»; nous confie-t-il.
Il regrette d’ailleurs que le rendu de la Cour ait une réelle incidence sur le climat sociopolitique du pays « nul besoin ici de s’attarder sur les Considérants dont se servent Marie Madeleine Mborantsuo, Hervé Moutsinga, Louise Angue, Christian Baptiste Quentin Rogombé, François de Paul Adiwa-Antony, Jacques Lebama et Afriquita Dolores Agondjo pour justifier cette honteuse décision qui confirme la confiscation par Ali Bongo de la démocratie et des institutions de la République», a t-il poursuivi.
Évoquant selon lui les raisons réelles de la décision de la Cour constitutionnelle, il relève que celle-ci serait motivée par le refus d’Ali Bongo de «laisser se tenir des élections au Gabon, certain qu’il risque de les perdre, tant le rejet du peuple gabonais est grand».
Par ailleurs, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, a également exprimé sa crainte, soulignant que «tant qu’Ali Bongo se maintiendra à la tête de notre pays, aucune élection ne pourra se tenir et la Cour Constitutionnelle se chargera de venir proclamer les reports de chacune d’elles».