Le président de la Société gabonaise de l’évaluation des politiques publiques, des programmes et des projets (Sogeval) vient d’émettre quelques réserves sur le rapport SDG Index and Dashboards 2017, en rapport avec les Objectifs de développement durable (ODD). Mettant en doute la pertinence des résultats concernant le Gabon, Petit Lambert Ovono a surtout fustigé la non association de la société civile gabonaise dans l’élaboration de ce rapport.
Largement relayé par la presse locale, le rapport SDG Index and Dashboards 2017 publié le 6 juillet est loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion. A l’instar de la Société gabonaise de l’évaluation des politiques publiques, des programmes et des projets (Sogeval). Publié par Sustainable Development Solutions Network (SDSN) et Bertelsmann Stiftung, ce rapport place le Gabon en tête des pays de l’Afrique subsaharienne, ayant réalisé les meilleures performances dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD). Le pays s’en sort notamment très bien en ce qui concerne les «Partenariats pour la réalisation des objectifs».
Ce que conteste le président de la Sogeval. «Quand ces organismes se prononcent sur la performance en matière de partenariat, nous aimerions savoir sur quels éléments ils se sont basés pour faire ce classement», s’interroge Petit Lambert Ovono. «Peut-être ont-ils eu accès à un certain nombre d’éléments. Mais le Gabon ne nous a pas associé lorsqu’il s’est agi de la stratification concernant les partenariats à établir pour remplir cette catégorie», a-t-il déclaré.
Selon l’expert en évaluation, un travail doit être fait en amont : le Gabon doit clairement indiquer les ODD en rapport avec les cibles visées. L’étape suivante devrait déboucher sur l’identification des indicateurs, présentés comme des éléments de mesures. «Quel est le résultat global en matière de partenariats pour le Gabon ? Nous ne le savons pas, l’étude ne nous apporte aucune réponse concrète. Il nous dit simplement que le Gabon a déjà atteint la performance en matière de partenariats. Sur la base de quels indicateurs ?», poursuit-il.
Pour lui, il ne fait aucun doute que les auteurs du SDG Index and Dashboards 2017 se sont prononcés de «façon anticipée». Cette déduction est confortée par la non sollicitation de la société civile gabonaise dans l’élaboration de ce rapport. Or, argumente-t-il, «Il est dit que pour la mise en œuvre des ODD, la société civile doit être intégrée : c’est fondamental et capital. Autrement dit, les sociétés d’évaluation doivent être intégrées». Ce qui n’a visiblement pas été le cas. Et ce dernier de s’interroger sur les motivations des auteurs de ce rapport.
«Que se cache-t-il derrière ce classement ? Qu’est-ce qui ne nous dit pas que ces organismes ne sont pas en quête de financements de nos dirigeants à travers ce classement ?», a-t-il interrogé. «Je ne les accuse de rien, mais je réitère que la société civile doit être impliquée dans l’évaluation des ODD. Et dans nos pays, il y a des sociétés nationales indépendantes à même d’accompagner l’Etat dans l’évaluation des ODD, en mesurant les indicateurs, les résultats et le processus», a poursuivi Petit Lambert Ovono.
D’ailleurs, les populations n’ont semble-t-il pas été sollicitées, elles aussi. «Nous ne devons pas nous vanter de tels classements : car c’est aux bénéficiaires d’en juger. En l’occurrence les populations qui doivent être interrogées, avant de témoignées si oui ou non elles sont bien nanties», a conclu le président de la Sogeval.