Devant une situation de plus en plus morose du pays atteint de paralysie post-présidentielle et le statu quo savamment entretenu par les deux camps rivaux, celui de Jean Ping et d’Ali Bongo Ondimba, c’est désormais le scénario d’une nouvelle élection présidentielle qui est agité, avec à la clef la disqualification pure et simple des deux protagonistes. L’idée, aussi surprenante qu’elle puisse paraître est de Paul-Marie Gondjout, Secrétaire exécutif adjoint de l’union nationale, parti soutenant l’opposant Jean Ping.
Ce devait être un tabou dans la ménagerie politique de l’ancien candidat de l’opposition à la dernière élection présidentielle, Jean Ping, mais le mot a finalement été lâché la semaine dernière : une nouvelle élection présidentielle. C’est Paul-Marie Gondjout, qui en a fait la proposition en sa qualité de Secrétaire exécutif adjoint de l’union nationale (UN), parti pro Ping, lors d’une conférence de presse tenue à Libreville en début de semaine dernière. Signe d’agacement devenu sans doute intenable au sein de la coalition soutenant l’opposant devant la paralysie postélectorale, le cadre de l’UN ne voit plus d’autre solution pour sortir le pays de l’ornière post-présidentielle que la mise en place d’une période transitoire. Laquelle sera chargée d’organiser une nouvelle élection présidentielle, sans la participation de Jean Ping et d’Ali Bongo.
Après avoir fait le constat amer qu’Ali Bongo a perdu l’élection, mais maintenu par la communauté international, et qu’inversement Jean Ping le gagnant de la présidentielle est tenu en laisse par la même communauté internationale, Gondjout estime qu’il faut remettre les compteurs à zéro et repartir aux urnes. Puisque selon lui, le départ d’Ali Bongo est la condition sine qua non pour instaurer une démocratie et une paix certaine au Gabon. Il ne s’agit pas là d’une position partisane, mais d’une contribution aux pistes de solutions pour sauver le pays de l’enlisement postélectoral, a dit le cadre de l’union nationale.
Un appel ignoré
C’est un appel qui n’a aucune chance de trouver un écho favorable dans un camp comme dans l’autre, Ali Bongo et Jean Ping étant tous les deux convaincus de leurs certitudes et positions. Car, si le premier juge que la Cour constitutionnelle ayant déjà vidé le contentieux électoral en sa faveur, l’élection est désormais terminée et reléguée derrière nous, le second, lui, ne voit d’autre solution à la crise que la restitution pure et simple de sa victoire par son adversaire. Devant ces antagonismes profonds, toute solution autre que celle de leurs convictions réciproques, semble inopérante et même illusoire. A moins que la proposition soit l’émanation d’une pression coordonnée et très forte de la communauté internationale, avec un pouvoir de sanctions ciblées, pouvant asphyxier le pouvoir, mais aussi l’opposant.
Puisque le degré d’animosité entre les deux rivaux a tellement dépassé les bornes des simples tensions politiques, qu’un laisser-faire continu de la communauté internationale ne ferait que prolonger la crise. Et c’est tout le septennat actuel qui risque de s’achever dans un contexte de tension diffuse sans que le pays n’en ait rien tiré de concret. C’es dire que la crise politique au Gabon, avec son corolaire de violences et de haines a atteint un point tel que les petites déclarations et autres solutions, fussent-elles bonnes, ne suffisent plus à ramener les deux "ennemis" à la raison. C’est pour cela que l’appel de Paul-Marie Gondjout, ou tout autre piste de solution reste une goutte d’eau dans la mer, s’il n’est pas relayé et appuyé par une implication forte de la communauté internationale.