Insistant toujours sur une passation pacifique du pouvoir entre lui et Ali Bongo Ondimba, l’opposant gabonais Jean Ping est pour une implication de la communauté Sant’Egidio dans la résolution de la crise post-électorale que connaît le Gabon depuis près d’un an. L’idée a été émise ce 11 juillet à Genève (Suisse), durant une rencontre avec la presse.
En voyage en Europe depuis le week-end dernier, Jean Ping multiplie les rencontres pour expliquer à la communauté internationale les bases sur lesquelles reposerait une éventuelle médiation, en vue d’une passation pacifique du pouvoir à Libreville. Durant une conférence de presse où l’accompagnait Alexandre Barro Chambrier, président du Rassemblement Héritage et Modernité et l’ancien ministre de la Justice Séraphin Moundounga, le leader de l’opposition gabonaise a suggéré une médiation de Sant’Egidio, une association de chrétiens basée à Rome. Pour le rival politique d’Ali Bongo Ondimba, ce médiateur de la crise gabonaise aura pour rôle de "rétablir la vérité des urnes" et d’assurer une "passation pacifique du pouvoir". Pour lui, c’est l’expérience de cette association sur ce type de conflit qui justifie son accord sur cette proposition émanant d’un cardinal dont il n’a pas dévoilé l’identité.
A Libreville le gouvernement n’a pas encore réagit sur cette ouverture de celui qu’il considère comme candidat malheureux de la dernière élection présidentielle. Le clan d’Ali Bongo clame depuis des mois que le vote est désormais derrière eux. Début Septembre 2016, quelques jours après l’attaque du QG de Jean Ping, le ministre gabonais des Affaires étrangères avait annoncé le report sine die d’une mission spéciale de chefs d’Etat dépêchée par l’Union africaine pour éteindre le conflit naissant. Les dirigeants actuels du Gabon pourraient rejeter une fois encore l’idée d’une médiation, vu que la Cour constitutionnelle avait clos le dossier en déclarant Ali Bongo vainqueur de l’élection du 27 Août de la même année. Cependant, cette question ne cesse de nourrir l’actualité tout en crispant le climat social. Sur les réseaux sociaux, ces derniers jours, la tension est lisible à travers des messages déclarant les derniers jours de pouvoir d’Ali Bongo.
Jean Ping, curieusement certain de prendre le pouvoir, promet de garantir la sécurité des biens d’Ali Bongo. Depuis le début de cette crise au Gabon, l’assurance de Jean Ping est restée intacte, pourtant il n’est toujours pas assis à la présidence. Durant ce séjour en Europe, il a promis de protéger les biens d’Ali Bongo se trouvant sur le sol gabonais. Bien sûr, une promesse qu’il ne tiendra que si ce dernier se décide de partir du pouvoir de façon pacifique, avec la médiation de Sant’Egidio.
Le bien-être des humains est au coeur de l’idéologie de Sant’Egidio (Saint Gilles). Créée en 1968, cette communauté de fidèles catholiques s’implique au départ dans la résolution des difficultés quotidiennes des individus, pauvreté, santé, éducation mais aussi contre la discrimination. Plus tard, ces chrétiens ont élargi leur champ d’action en y intégrant la politique dans le volet règlement des conflits. En Octobre 1992, ce médiateur est au cœur de l’accord de paix au Mozambique, tout comme en Algérie durant un conflit entre partis politiques, au Kosovo et dans bien d’autres situations conflictuelles.