Récemment en visite d’amitié et de travail à Cuba, le Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba vient donner un coup de fouet à la diplomatie gabonaise. Cette coopération bilatérale, en l’occurrence, offre au Gabon un nouveau positionnement international.
Ali Bongo Ondimba veut-il en découdre avec les vieilles habitudes et faire émerger une nouvelle coopération multilatérale ? A la différence de son prédécesseur qui des années durant a fait de la France l’allié historique et incontournable du Gabon, Ali Bongo Ondimba quant à lui scrute de nouveaux horizons : Asie, Afrique, Inde et Amérique latine. Adieu les logiques passéistes qui jusque-là faisaient la part belle aux puissances coloniales et autres grands pays occidentaux. Mondialisation oblige !
Dans la nouvelle configuration diplomatique gabonaise, impulsée par Ali Bongo Ondimba, la priorité est désormais accordée aux pays moins vulgarisés sur la scène internationale, mais dont l’expertise tous azimuts est avérée. On en veut pour preuve, l’établissement des partenariats avec des pays comme la Turquie, peu après son accession à la magistrature suprême en 2009, d’où la suppression des visas entre les deux pays et autre coopération dans le domaine de la science et médecine.
S’ensuivra le renforcement des partenariats passés avec le Maroc, la Chine et l’Inde, pour ne citer que ces exemples. Objectifs : donner un coup d’accélérateur aux investissements, notamment dans les secteurs de l’agriculture, les infrastructures, la santé, le tourisme, l’industrie, l’éducation… Dernier exemple en date de cette ouverture « diplomatique », la récente visite à Cuba qui visait à renforcer la coopération bilatérale gabono-cubaine. Une visite ponctuée par un forum économique comme cela est souvent de coutume. Ainsi, Cuba vient grossir les rangs des partenaires du Gabon. Dans le cadre de Cuba, l’enjeu a tout son importance, vu que ce pays d’Amérique latine apporte depuis belle lurette son expertise au Gabon particulièrement dans le domaine de la médecine.
Exit la France ?
Pour le Gabon, il ne sera pas facile de se défaire de la France qui jouit d’un pouvoir colonial historique. En effet, avec des exportations chiffrées à 539 millions d’euro en 2015, la France fait encore office de premier fournisseur du Gabon devant la Côte d’Ivoire et la Chine. A l’inverse, les importations françaises en provenance du Gabon représentent au cours de la même année, 173 millions d’euros. Le secteur pétrolier concentre l’essentiel de ces importations. A cela, il faut ajouter les 120 filiales d’entreprises françaises et 200 entreprises à capitaux français présentes au Gabon.
Même si le Gabon s’acharne aujourd’hui à réduire cette emprise, un autre fait majeur, celui de la « Françafrique » mis en avant dans le document « Complément d’enquête » diffusé la semaine dernière sur France 2 intitulé le « Clan Bongo, une histoire française » montre à quel point l’équation pourrait être difficile.