Malgré l’interdiction relative à l’exportation des grumes sans aucune transformation préalable initiée en 2010 par le Président de la République Ali Bongo Ondimba peu après son accession à la magistrature suprême, et l’effervescence des unités de production dans la filière bois au Gabon, les produits issus de ladite transformation coûtent toujours les yeux de la tête voir plus chers qu’avant la mesure.
Plus aucune grume ne sort du Gabon depuis 2010 sans première transformation. C’était l’une des mesures phare dira-t-on, sinon la première du genre initiée cette année-là, par Ali Bongo Ondimba, dès son arrivée au pouvoir. La mesure avait été présentée sous toutes ses coutures : amorcer à travers la filière bois, l’industrialisation du Gabon, être une source d’emplois et de revenus pour le pays.
Contrainte par la nouvelle règlementation, de nombreuses entreprises, autrefois spécialisées dans l’exportation des grumes brutes, ont dû fermer boutique pour céder la place aux « scieries » qui foisonnent à travers le Gabon et dont l’activité consiste à donner une nouvelle valeur au bois gabonais. A titre d’exemple, Rain Forest Management (RFM) qui fait valoir son expertise dans ce domaine fait partie des modèles. En effet, l’entreprise propose une variété de produit de construction en bois dont les portes et les fenêtres commercialisés dans la capitale.
La réorganisation de la filière bois telle que vécue depuis 2010 n’est pas en soi une mauvaise idée puisqu’elle a permis un nouvel environnement offrant des opportunités d’affaires, la promotion du savoir-faire des promoteurs et la création d’emplois à des milliers de gabonais. Aujourd’hui, une variété d’entreprise excelle dans la filière dont les plus importantes développent leurs activités à la Zone économique spéciale de Nkok implantée à quelques kilomètres de Libreville, dans la zone sud de la capitale et construit d’ailleurs dans un objectif concret, donner une nouvelle valeur au bois. Les produits issus de l’effort de ces entreprises, les portes, fenêtres, contre-plaqués, lattes, planches, chevrons, baguettes et autres sont pour la plupart commercialisés sur le marché local à des prix aujourd’hui discutables. En effet, alors qu’avant la mesure très peu d’entreprises excellaient dans la transformation des grumes, le foisonnement des unités de production de part et d’autres dans le Gabon n’a rien changé à la structure des prix proposée.
Avant la mesure, pour se procurer une feuille de contre-plaqué, il faillait débourser au-delà de 5000 francs CFA. Idem pour un chevron de 5 mètres. Quant aux produits finis tels que les portes et fenêtres, si leurs prix dépendent des modèles et des fabricants, ils sont aujourd’hui plus onéreux que dans le passé. A quoi sert réellement cette mesure si l’augmentation de la diversification des sources de production tant vantée par les autorités ne permet pas aujourd’hui d’avoir des prix accessibles à toutes les bourses ? Comment expliquer d’ailleurs ces prix alors que la matière première servant à obtenir ces produits finis est directement issue de la forêt gabonaise donc, pas importé d’un autre pays ou région ?
Si le Gabon peut désormais se réjouir d’avoir entamé l’industrialisation de certains secteurs et filières d’activités, il y a cependant que ce basculement vers une nouvelle ère économique ne profite pas à sa population. Car, en dépit de toutes considérations, l’industrialisation d’une filière quelconque impulse des changements au niveau des structures. Ainsi, la concurrence s’impose et impacte positivement les prix des différents produits, au grand bonheur des consommateurs. Or, dans le cas de la filière bois, au lieu d’assister à une véritable baisse des prix due à l’arrivée de nouveaux concurrents, les consommateurs assistent plutôt à une inflation galopante des produits transformés. D’une entreprise à une autre, le prix d’un même produit varie entre 20 à 50%. La logique la plus plausible, c’est que certaines entreprises sont des « Price maker », c’est-à-dire, des « faiseuses des prix » et sans régulation ni même contrôle de l’Etat, elles se confortent dans cette position préjudiciable pour les consommateurs. Mais tout l’enjeu de changement appartient à l’Etat, c’est donc à lui de saisir les enjeux du moment.