Elle se porte très mal l’école nationale de football de Port-Gentil. Infrastructures vieillissantes, manque de moyens financiers et de moyens roulants, internat fermé, absence de partenariats. C’est dans cet environnement plombé que l’élite du football gabonais se forme avec en plus de l’encadrement, 4 entraineurs qui administrent avec abnégation, les leçons de football. Son directeur, Guy Blaise Ngamamba. Interview.
Gaboneco (Ge) : Comment se porte l’école nationale de football de Port-Gentil ?
Guy Blaise Ngamamba (GBN) : L’école ne se porte pas bien en ce moment. C’est dû aux difficultés financières que le pays traverse.
Ge : Au-delà de ces difficultés comment se déroule le travail ?
GBN : On a un régime interne. Nos enfants se rendent dans les différents établissements scolaires de la ville le matin et en fin d’après-midi ils ont droit à des séances d’entrainements.
Ge : Combien y a-t-il de pensionnaires ?
GBN : On a 60 pensionnaires de deux catégories, mais comme l’école fait face à des difficultés financières, on ne garde plus les enfants. L’internat est fermé, les jeunes sont chez eux. Ce sont des ½ pensionnaires et ils viennent à l’école juste pour les entrainements. Nous faisons un suivi post formation. On n’a pas voulu laisser partir ceux qui sont devenus juniors parce qu’on n’a pas eu de preneurs. Les clubs ont déjà des petites catégories. Cela nous gêne car notre vocation est de former les jeunes et de les placer dans les clubs.
Ge : Participez-vous à des compétitions locales ?
GBN : Sur le plan local, on participe au championnat de la ligue de football de l’Ogooué-Maritime. C’est à travers ce championnat que nous évaluons nos jeunes. Nous nous débarrassons de certains qui ne suivent pas le cursus scolaire. Nous gardons les meilleurs en termes de football et en termes scolaire, c’est le règlement. Nous gardons les meilleurs.
Ge : Dans cet état de délabrement est-ce que les enfants suivent bien les cours ?
GBN : Non il n’y a pas délabrement, il y a tout simplement un souci financier qui explique la fermeture de l’internat. Le constat est le même dans les autres établissements scolaires dans lesquels les internats sont fermés. Ce qui est malheureux chez nous, c’est que en créant cette école on n’a pas vu en amont. Nous sommes une école de formation. On mérite mieux que ce que nous vivons. Dommage, les décisions sont prises en haut lieu.
Ge : Quel est le rendement des enfants au niveau du championnat local ?
GBN : On a commencé la compétition en retard et cela se passe sous forme de coupe. On est pas bien outillé en ce moment. Plus les enfants sont sur place, mieux est le suivi, mais là c’est compliqué. Ils se déplacent en taxi pour venir aux entrainements. Donc la formation prend forcément un coup pour certains qui n’ont pas de moyens pour souvent venir aux entrainements.
Ge : Le Gabon s’est noyé à la Can des cadets et n’a pas participé celle des juniors, il se pose réellement le problème de la formation ?
GBN : Bien dommage ! Mais à notre niveau on travaille. Si la fédération gabonaise de football nous avait contactés, on aurait envoyé des joueurs pour renforcer l’équipe nationale. Le sélectionneur devait alors prendre les meilleurs. Mais hélas ! Nous n’avons pas été contactés. Je rappelle ici qu’il y a 5 ans l’équipe nationale des cadets et des juniors était constituée des joueurs de l’école. Je crois que la fédération a tenu compte d’autres aspects.
Ge : Mais pourtant il y a eu ici à Port Gentil, un programme de détection
GBN : Certains joueurs de l’école étaient retenus, mais au finish le quota des joueurs des autres provinces n’a pas été pris en compte. On a privilégié la province de l’Estuaire.
Ge : Où en est votre partenariat avec l’Olympique de Marseille en France ?
GBN : Le partenariat n’a duré qu’une seule année. Le nouveau responsable du centre de formation de l’OM n’a pas renouvelé le contrat. C’était une belle expérience. Cela nous a permis de jouer des rencontres internationales en France dans des tournois. Nous nous battons toujours pour avoir de nouveaux partenaires, c’est en bonne voie.
Ge : A quand remonte votre dernière participation à un tournoi hors du Gabon ?
GBN : Cela fait près de 5 ans. Aujourd’hui nous ne pouvons plus le faire. Nos sponsors éprouvent des difficultés financières. Il faut rendre hommage à nos partenaires qui ont toujours été là. Nous avons été au Burkina et en France grâce à eux. En ce moment nous n’avons même pas de moyens pour se déplacer.
Ge : Vous êtes entraineur de football, quel est le véritable problème des jeunes footballeurs gabonais ?
GBN : Le footballeur gabonais a un problème au niveau mental. Il ne se donne pas assez et manque d’envie de se surpasser. Conséquence : il manque d’ambition et de hargne. Les joueurs ont peur de souffrir et ne travaillent pas durement. Ils se limitent aux qualités qu’ils ont.
Ge : Mais cela s’apprend dans les écoles de formation comme ici. Est-ce que vous avez un psychologue par exemple ?
GBN : Oui nous avons une femme psychologue qui s’ occupe de cet aspect, mais avec toutes les difficultés que nous connaissons les choses tournent au ralenti.
Ge : Depuis la création de l’école en 2003, est-ce que l’école a formé des internationaux gabonais ?
GBN : Oui plus proche de nous, il y a Aaron Boupendza qui vient d’intégrer l’équipe professionnelle de Bordeaux en France. Il y a Levy Madinda qui a signé à l’Asteras Tripolis en Grèce. On note aussi Merlin Tandjigora qui a signé cette saison au club de Belenenses, dans l’élite portugaise. On a Serge Kevyn Aboué Angoué qui est aussi au Portugal et Junior Randal Oto’o Zué qui est en Belgique. Je pense qu’avec plus de moyens nous devrions faire plus que cela.