Initialement prévue pour se tenir, une semaine plus tôt, c’est finalement une plus tard qu’elle se tient, la première édition de la fête des cultures, « version émergent ». Les petits plats semblent cette fois avoir été mis dans les grands aux dires des organisateurs pour qui c’est une occasion propice d’inciter les Gabonais dont le pays poursuit sa lente agonie du fait de la crise socio-économico-politique qui perdure, à renouer avec la solidarité nationale. Qu’à cela ne tienne, la fête est là, à nous de la décrypter…
Il y a un peu de tout au vu des spécialités des Hommes de culture inscrits pour participer à cette fête. L’art culinaire, les arts du spectacle, les différentes représentations culturelles des peuples de chez nous, tout y est. Pendant trois jours donc, les Gabonais auront l’occasion de s’approprier leur culture. Des sites dont le boulevard « Jean Paul II » ont été retenus pour célébrer l’évènement qui devrait rappeler les bons vieux souvenirs de Paul Mba Abessole, ancien Maire de Libreville. Mais de quelle manière ? C’est sur la réponse à cette question que sont attendus organisateurs et participants à cette grande rencontre culturelle. Certes, il y aura les masques à voir, à s’imprégner de la signification et du rôle de chacun dans nos sociétés, tout comme on goûtera à tous les mets ou si l’on veut aux mets les plus concoctés du terroir, à écouter le son des Tam-Tam pour nous entendre dire par des initiés qu’ils sont des outils de communication aujourd’hui encore, notamment lors des cérémonies initiatiques, à faire face aux conteurs, ceux-là qui évoquent entre autres les épopées bantu dont le fameux « Mvet ».
Mais une chose est d’être au contact de ces réalités, une autre est assurément de s’interroger sur l’usage qui sera fait de ce legs une fois la fête terminée. Va-t-on comme à nos chères habitudes s’offrir des vacances culturelles ou devons-nous être conduits à perpétuer les enseignements reçus d’une manière ou d’une autre ? Et la fête des cultures n’aura-t-elle servi aux autorités que pour sensibiliser les populations sur leur manière d’interpréter le monde ? Ce qui revient à donner à l’évènement une coloration plutôt politique, même si de l’avis de certains « tout est politique ».
Un report et des spéculations !
Même si cela ne se dit pas assez, de nombreux Gabonais, avides d’évènements, surtout ceux à connotation culturelle, ont commenté à leur manière la décision des organisateurs de reporter la fête des cultures édition 2017. Si ces derniers trouvent explications à la lenteur et les quelques retards dans l’organisation, le bas-peuple, lui, n’en croit pas ses yeux. Il pense plutôt que des problèmes financiers et matériels en sont à l’origine, arguant que le pays traverse une mauvaise passe au plan économique qui ne lui permet pas en toute logique d’enchainer des évènements coûteux, même s’il faut reconnaître qu’il y en a qui le sont moins que d’autres.
Cependant, la culture doit être placée au-devant de toute autre chose en ce qu’elle représente le fondement même d’une société qui se veut respectable.
Le peu de crédit accordé à l’expression culturelle prise dans son ensemble peut avoir des conséquences fâcheuses sur la considération dont devrait jouir le Gabon à l’échelon international. C’est le lieu de débattre des questions matérielles et immatérielles, du monde sensible et intelligible de Platon et de l’antériorité des unes sur les autres. Au-delà de tout, la fête des cultures doit servir de stimulant, à partir du moment où elle est le lieu propice de jauger notre encrage à la culture, de refaire le retard que l’on accuse, si retard il y a, et pourquoi pas de commencer à envisager l’avenir sous de meilleurs auspices. Alors, la fête des cultures, oui, mais pour quoi ?