La série d’initiatives engagées par le gouvernement procède de cette volonté nourrie de redonner au secteur agricole, son lustre d’antan.
C’est bien un secret de polichinelle. L’agriculture constitue le talon d’Achille de l’économie gabonaise. Malgré un potentiel naturel indéniable, avec un dispositif agraire riches et disponibles (5,2 millions d’hectares de terres arables), une pluviométrie abondante (1800 à 4000 mm) et un réseau hydrographique de 10 000 km² qui traverse et irrigue le territoire, le secteur ne parvient pas à couvrir le besoin primordial qu’est l’alimentation de la population.
En conséquence, le pays importe l’essentiel de son alimentation, pour une facture annuelle d’environ 280 milliards de FCFA au tournant des années 2010. Une situation qui place malheureusement, le Gabon en situation de risque pour sa souveraineté alimentaire.
Plus grave, le secteur agricole ne contribue que marginalement à la croissance (3,8% du PIB). Dans les faits, la contribution de l’agriculture à la formation du PIB gabonais a progressivement décliné au cours des dernières décennies, suite à la découverte et l’exploitation des ressources pétrolières. La dépendance du Gabon vis-à-vis de l’extérieur en denrées alimentaires est aujourd’hui une préoccupation majeure. Les importations fournissent aujourd’hui environ 60% des biens alimentaires consommés au Gabon, la demande du marché étant grandissante.
Cette différence avec d’autres pays de la région dont la part de l’agriculture dans le PIB est bien supérieure, s’explique par des facteurs de production limités induisant une faible compétitivité des productions locales. Parmi lesquels : une population rurale peu nombreuse (14%), un système foncier défavorable à un accès sécurisé à la terre, le cout de la main d’œuvre (et le manque d’attractivité des jeunes pour la profession), un manque d’infrastructures de commercialisation et de transformation, et de financements. En outre, les différentes politiques ou programmes mis en œuvre par l’Etat avaient jusque-là, privilégié le développement de l’agro-industrie à base de matières premières importées, au détriment de l’agriculture paysanne.
En clair, l’activité agricole au Gabon s’articule autour de quatre types de cultures : maraichères, vivrières, fruitières et de rente. Les trois premières catégories sont destinées au marché local. L’activité de maraichage s’effectue dans de petites structures en périphérie des principales villes et, si les niveaux de production deviennent intéressants, en particulier grâce aux programmes de coopération mis en place par les bailleurs, ils restent faibles, et ne compensent pas la nécessité d’importer massivement de l’extérieur pour alimenter les marchés.
L’essentiel de la production vivrière est, par ailleurs, autoconsommée ; les exploitations traditionnelles sur brulis et sur des petites surfaces sont faiblement mécanisées et l’utilisation d’intrants performants est marginale.
S’agissant des cultures de rentes, l’investissement depuis 2009, dans les cultures de l’hévéa et du palmier à huile a été important. Notamment, grâce aux massifs investisseurs étrangers. En outre, le Gabon poursuit une politique de relance de la filière café et cacao à travers le renouvellement de petites exploitations familiales.
Pour inverser la tendance, les autorités ont décliné une nouvelle feuille de route pour que ce secteur joue pleinement le rôle qui devrait être sien dans l’économie du pays. Entre 2009 et 2016, un vaste programme d’investissements agricole et agro-industriel a été lancé.
Ce programme reposait sur quatre principales initiatives, à savoir : le programme GRAINE qui favorise l’implantation d’exploitations agricoles gabonaises, le PRODIAG qui appuie l’agriculture et l’élevage périurbains, des investissements massif dans l’hévéaculture et le palmier à huile, et enfin, et le développement de nouvelles activités agroindustrielles pour mieux intégrer la filière et lui apporter plus de débouchés économiques à forte valeur ajoutée.
Les perspectives nourries par le gouvernement dans le court terme reposent autour de cinq principaux axes. Le premier concerne la poursuite et la consolidation du programme GRAINE et du PRODIAG, le deuxième porte sur le renforcement du patrimoine de semences végétales adaptées aux conditions écosystémiques du pays (notamment pour les produits vivriers comme la banane et le manioc), le troisième est relatif à l’aménagement des infrastructures de soutien à l’agriculture (pistes rurales, réseau d’irrigation), le quatrième pour la restructuration de l’Ecole nationale du développement rural d’Oyem en Ecole des métiers agricoles, le cinquième est lié sur la libéralisation de l’achat des produits de la filière café/cacao, avec la fin du monopole public de la CAISTAB) ainsi que l’organisation des producteurs en coopératives et enfin, la promotion de l’investissement privé pour la mise en service d’un centre de reproduction des géniteurs pour améliorer le cheptel national.