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Art et Culture

Fêtes des cultures : sous quel signe ?
Publié le jeudi 29 juin 2017  |  Gaboneco
Inauguration
© Autre presse
Inauguration du nouveau siège du Centre International des Civilisations Bantu (CICIBA)
La danse, symbole emblématique de la culture bantu
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Il est devenu presque fréquent que les Gabonais s’interrogent devant le flux des images et sons de qualité venant de l’extérieur, sur ce qui leur reste encore à faire valoir en terme de culture. Ca devrait être pour répondre à cette noble préoccupation que les autorités gabonaises organisent ou ont consenti à faire renaître l’idée du père Paul Mba Abessole, rendons à César…, consistant d’abord à consigner et valoriser le patrimoine culturel dans le but de faire prendre conscience de l’existence chez toutes nos populations d’un substrat qu’il faut peut-être aujourd’hui renforcer avec des apports extérieurs, mondialisation oblige, avant que d’en user à de fins mercantiles et civilisatrices.
La question suscitée par l’organisation de cette manifestation est bien celle de savoir sous quel signe la place-t-on ? Le thème retenu « Diversité culturelle et cohésion sociale » ne suffit pas pour garantir que les termes de ce « contrat social » seront tenus ou respectés à la lettre. Or, par le passé, le comité d’organisation nous édifiait sur les grandes lignes, ce d’autant plus que la fête des cultures n’était pas une idée qui avait germé de nulle part. Au Burkina Faso et en Côte- d’Ivoire respectivement, des évènements tels le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou, Fespaco, et le Marché des Arts et du Spectacle africain, Masa, qui s’améliorent d’année en année sont une preuve du sérieux avec lequel les organisateurs travaillent à leur réussite et leur visibilité.

Sommes-nous un seul instant convaincus que c’est le même esprit qui gouverne à l’organisation de notre fête des cultures ? Ou pensons- nous simplement qu’il s’agit ici d’amener de gens se défouler autour d’un agrégat d’éléments soi-disant culturels dont ils ne garderont qu’un vague souvenir ? Célébrer les cultures du terroir, cela signifie au départ avoir fait un inventaire exhaustif pour que tout le monde se sente plus ou moins concerné par la manifestation. Puis, c’est sensibiliser au maximum les « consommateurs » des produits culturels, Dieu seul sait combien le Gabon en compte, sur l’importance qu’il ya à militer en faveur de la préservation de ceux- ci.

Vu que la culture est ce qui nous distingue et nous rapproche en même temps d’autrui. Et cette mission de sensibilisation à laquelle nous appelons devrait être au-delà de l’aspect purement politique, l’affaire des scientifiques du domaine : nous pensons aux philosophes, sociologues, ethnologues, économistes, anthropologues, linguistes, communicateurs, bref spécialistes des sciences humaines et sociales qui, pour pratiquer au quotidien des sciences dites appliquées, peuvent, mieux que d’autres, avoir les mots justes pour conduire le citoyen sur les chemins de l’appropriation de l’évènement.

Nous allions dire de tout ce qui tourne autour, en d’autres termes de toutes les formes d’expression. Car, il est regrettable que l’on y vienne comme on le ferait dans un moulin. La fête des cultures devrait constituer ce moment où l’on vient se charger dans l’espoir d’aller vers les autres partager avec eux notre vécu et notre expérience. Elle devrait par delà tout, être une occasion propice de communion qui faciliterait le vivre-ensemble tant clamé sans que le cœur n’y soit souvent. Elle devrait édifier chacun et tous sur l’impérieuse nécessité de créer les conditions de la paix véritable, car celle-ci ne se décrète pas, mais est plutôt un acquis du dialogue. Des sociétés cultivant la guerre, l’injustice, la haine, l’exclusion, ne peuvent en effet pas se targuer d’être des sociétés valorisant la culture.

Car celle-ci symbolise l’harmonie que l’on retrouve dans la chanson, le théâtre et tous les autres arts du spectacle. Nous, sociétés de l’oralité dans lesquelles la parole reste et restera encore pour un temps notre moyen le plus sûr de vulgariser nos cultures. Quelle place à partir d’un tel postulat est accordée au conteur traditionnel ? Que dire de cette culture qui se transmet de génération en génération et qui a fait dire à l’africaniste Amadou Hampaté Bâ qu’en Afrique, tout vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle ?

Dounguenzolou
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