LIBREVILLE -- La délégation de la Cour pénale internationale (CPI), au terme d'une mission de 48 heures destinée à s'informer sur le terrain à propos des violences post-électorales qui ont secoué le Gabon après la réélection contestée du président Ali Bongo Ondimba, s'est dite satisfaite des conditions idéales dans lesquelles s'est déroulée la mission, a déclaré Amady Ba, fonctionnaire au bureau du procureur de la CPI, chargé de coopération internationale.
"Nous venons de passer deux jours de mission intense. Nous avons bénéficié de la coopération exemplaire du gouvernement et de l'opposition", a déclaré Amady Ba.
"Lors de notre séjour, nous avons rencontré l'opposant Jean Ping, le procureur général, le procureur de la République, certains membres du gouvernement, la société civile ainsi que certaines représentations diplomatiques accréditées au Gabon", a-t-il ajouté.
"Sur la base des éléments rassemblés dans les différents camps, la CPI décidera d'ouvrir ou pas une enquête en fonction de la tangibilité des faits récoltés sur le terrain", a-t-il dit.
Le pouvoir public gabonais a fait appel à la CPI en septembre 2016 pour qu'elle puisse réunir suffisamment d'éléments quant aux "faits commis, et pour qu'elle enquête le cas échéant sur ceux qui pourraient être commis dans un proche avenir". La plainte du pouvoir ciblait notamment l'opposant Jean Ping et ses partisans soupçonnés d'incitation au génocide ou encore de crime contre l'humanité suite à un discours de haine avant, pendant et après l'élection présidentielle d'août 2016.
L'opposition et la société civile ont également déposé plainte à la CPI pour crimes de guerre et violation massive des droits de l'homme lors de la répression intervenue dans la capitale après l'annonce de la réélection d'Ali Bongo.
Le pouvoir avait annoncé un bilan de quatre morts dont un policier. L'opposition et la société civile évoquaient entre 50 et 300 morts.
L'opposant Jean Ping estime que c'est lui qui avait gagné la présidentielle du 27 août 2016 et non Ali Bongo Ondimba.
"Il s'écoulera un bon moment d'analyse des données récoltées sur le terrain avant de décider ou pas d'ouvrir une enquête suite aux crimes commis pendant la période post-électorale", a déclaré Emeric Rougier, analyste en chef à la CPI.
La mission qui s'est achevée ce jeudi était simplement "un examen préliminaire qui n'avait pas pour but d'ouvrir une enquête ou établir une quelconque responsabilité", a-t-il précisé lors d'une ultime rencontre avec le gouvernement.