Contestée par l’Union nationale, la loi de finances rectificative 2017, défendue le 14 juin dernier devant les parlementaires par les ministres du Budget et de l’Économie traduirait «les engagements du Gabon, dans la dynamique des recommandations du FMI à l’endroit de tous les Etats membres de la CEMAC, lors de la conférence des chefs d’Etat du 23 décembre 2016 à Yaoundé».
En réponse aux appréhensions de l’opinion publique et aux partenaires du Gabon, les initiateurs de la rédaction de la loi de finances rectificative 2017, ont tenté de justifier devant les députés du palais Léon Mba, la nécessité de l’élaboration d’un plan de relance économique (PRE) justifiant des prévisions présentées dans le projet de loi de finances rectificative 2017.
«Contrairement aux craintes exprimées par certains, le PRE n’est pas un plan d’ajustement structurel, car à la différence des Plans d’ajustement structurel (PAS) qui est une politique économique imposée par les Institutions financières en contrepartie de l’octroi de nouveaux prêts ou de l’échelonnement d’anciens prêts, le PRE est élaboré sur la base d’un programme préétabli par le Gabon définissant les secteurs moteurs de la relance», ont défendu Immongault et Ossibadjouo lors de leur plaidoirie.
Selon ces membres du gouvernement, ce PRE sur 3 ans permettra de redresser la tendance macroéconomique du pays avec 3 principaux objectifs : améliorer la position budgétaire pour la rendre durablement soutenable et ramener le déficit budgétaire à un niveau inférieur à 3% du PIB dans les trois prochaines années. Ceci tout en renforçant la maitrise de l’endettement public, relancer et diversifier l’économie afin d’atteindre un taux de croissance moyen proche des performances enregistrées entre 2010 et 2014, d’une part, et renouer avec un solde positif de la balance des paiements, afin de reconstituer les réserves monétaires d’autre part. Enfin, il faut réduire la pauvreté en créant plus de 30 000 emplois et faire baisser significativement le nombre de Gabonais économiquement faibles, à travers des politiques sociales consistant à élargir et à solidifier le filet social.
«Le projet de LFR traduit l’engagement du gouvernement à mettre en œuvre ledit plan de relance à partir de l’année 2017», assurent-ils.
Les prévisions du cadrage macroéconomique et budgétaire affichent des opérations budgétaires et de trésorerie équilibrées, en ressources et en charges à 2.860 milliards de francs CFA contre 2.477,5 milliards francs CFA dans la loi de finances initiale. Soit une augmentation de 382,5 milliards. La situation des opérations budgétaires s’établirait à 1.714,6 milliards francs CFA contre 1.858,4 milliards francs CFA dans la loi de finances initiale, soit une baisse de 143,8 milliards francs CFA. Les dépenses budgétaires sont arrêtées à 1.886,7 milliards soit une augmentation de 4,2%. La situation des opérations budgétaires se solde par un besoins de financement de 172,1 milliards de francs CFA résultant d’un déficit de recettes nécessaires pour la couverture des dépenses.
Pour leur part, les opérations de trésorerie et de financement de l’Etat laissent apparaitre des charges de l’ordre de 973,3 milliards de francs CFA contre 681,6 milliards de francs CFA dans la loi de finances initiale, soit une hausse de 36,6 milliards pour se situer à 1.145,4 milliards dans la LFR. Selon les ministres du Budget et de l’Économies, la hausse des charges de trésorerie résulte, non seulement d’une meilleure prise en compte des amortissements de la dette, mais répond également au souci d’apurer les arriérés envers les différents créanciers, afin d’améliorer la trésorerie des entreprises et de renforcer la crédibilité de la signature de l’Etat.
«Il est question ici, pour le Gabon de s’endetter pour se désendetter. S’endetter à de meilleures conditions pour prendre en charge et apurer la dette cumulée par les gouvernements successifs. Le pari est de se garantir une dette saine et veiller sur la qualité de la dette» affirment-ils, assurant que les hypothèses ont été validées avec les experts du FMI, des partenaires qui soutiennent le pays dans cette démarche. «Ce sont environ 650 milliards qu’ils vont nous être octroyés dont plus de la moitié sera consacrée au remboursement de la dette des PME, véritables fer de lance de la croissance économique», ont-ils souligné.
«Le succès de l’exécution du PRE traduit en lois de finances rectificative exige une discipline budgétaire, face aux limites imposées par les ressources à la dépense. Le respect des contraintes affectant les ressources et les dépenses ayant défini les choix opérés, notamment qu’aucun engagement ne se fera hors budget doit être de mise», ont-ils conclu.