L’incident sécuritaire du 16 juin dernier à Libreville, n’a laissé personne indifférent. De la société civile aux partis politiques, en passant la délégation de l’Union européenne au Gabon, tous ont fermement condamné cet acte, et invitent les autorités judiciaires à faire toute la lumière sur cette affaire.
Le vendredi 16 juin dernier, plusieurs rédactions des médias publics et privés à Libreville ont été la cible d’un commando cagoulé, armé de revolvers et de machettes, sollicitant la diffusion d’un message audio et vidéo à travers lequel il exigeait le départ d’Ali Bongo du pouvoir. Un ultimatum de 72 heures lui avait été donné.
Face à cette situation survenue à quelques heures de l’arrivée de la Cour pénale internationale (CPI) au Gabon relative à la crise postélectorale, la Délégation de l’Union européenne (DUE) au Gabon, la Coalition pour la nouvelle République autour de Jean Ping, le parti Démocratie Nouvelle (DN), le Haut conseil des acteurs non étatiques du Gabon (HCANEG), ainsi que des personnalités telles que l’ancien ministre de la Justice, Séraphin Moundounga, ont condamné, avec la plus grande fermeté toute violence politique et tout acte à caractère terroriste.
«La DUE condamne tout recours à la violence politique et réitère son appel à la plus grande retenue de tous les acteurs impliqués, ainsi qu’au plein respect des droits humains et libertés fondamentales», a déclaré la Délégation de l’Union européenne au Gabon, assurant être en contact étroit avec les autorités locales en ce qui concerne les suites de l’affaire.
La Coalition pour la nouvelle République autour de Jean Ping se félicite que le procureur de la République ait annoncé, dans l’après-midi du 16 juin 2017, l’ouverture d’une enquête. Elle regrette tout de même que 24 heures après l’interpellation de l’auteur de cet acte, Roland Désiré Aba’a Minko, par la Police Judiciaire, cette arrestation ne soit pas rendue publique par le même procureur de la République où tout autre autorité compétente.
«Comment rassurer les milliers de fonctionnaires qui doivent se rendre à leurs lieux de travail ce lundi 19 juin, ainsi que les usagers de l’administration ?», a interrogé le porte-parole de la Coalition pour la nouvelle République, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, au regard du silence du gouvernement devant la gravité des faits. Une inquiétude à laquelle le président du Haut conseil des Acteurs non étatiques du Gabon, Nicaise Moulombi, a souscrit et exigeant une enquête indépendante, transparence et impartiale, avec l’aide de la communauté internationale, au regard de la gravité des faits inédits dans notre pays.
«Au moment où l’enquête sur la découverte d’une cache d’armes de guerre sur l’île de Nendé, près du Cap-Estérias en avril 2015, n’a pas encore livré ses conclusions que déjà, le pays reçoit, des personnes qui s’exercent à des situations de grand terroriste pouvant donner ici, des idées à beaucoup d’autres personnes», a regretté le président HCANEG, invitant les autorités gabonaises à la protection des biens et des personnes en toute circonstance et éviter toute amalgame.
Pour le parti de René Ndémézo’o Obiang, il «s’agit là d’un acte qui menace fortement la paix et la stabilité politique dont a tant besoin notre pays, après les douloureux événements du mois d’aout dernier. Cet acte s’inscrit toujours dans la logique d’une ligne politique aventuriste, hasardeuse et périlleuse».
Selon le Porte-parole de DN, Jonathan Ntoutoume Ngome, son parti dénonce et condamne avec «la plus grande vigueur, tout acte tendant à mettre en péril le processus démocratique en cours dans notre pays, la paix, la stabilité et la cohésion nationale». DN a invité «les acteurs politiques de tous bords à mettre en application intégrale et dans les délais raisonnables, le protocole d’accord signé au terme du dialogue politique inclusif».
Dans une note intitulée «Instrumentalisation et inintelligente tentative de légitimation internationale d’un pouvoir illégitime et tortionnaire au Gabon», le président de l’ONG Unité, Séraphin Moundounga, dénonce «La manipulation grotesque, faute d’intelligence suffisante» visant plutôt «à retourner l’opinion nationale et internationale contre le Président élu Jean Ping». Pour lui, en effet, «des explosifs étant des armes militaires, la traçabilité de leur acquisition, depuis le fabricant jusqu’à cet acheteur et / ou utilisateur et ancien candidat insignifiant de la présidentielle de 2016 au Gabon, en passant par le vendeur, peut être aisément élucidée si telle est la volonté populaire pour que prennent définitivement fin de pareilles instrumentalisations».
L’ancien ministre de la Justice estime que cet acte n’est qu’ «un nouveau prétexte pour de nouvelles arrestations arbitraires et des nouveaux assassinats si la mobilisation de tous et de chacun ne se fait de façon définitivement libératoire».
Ces différentes réactions, aussi divergentes soient elles appellent à une clarification rapide de cette affaire, à travers une prise de parole publique par les plus hautes autorités du pays. Celle-ci est d’autant plus importante, ne serait-ce que pour évacuer la psychose, sécuriser la population et surtout éviter toute banalisation. Personne n’avait osé franchir ce pas, même durant les années de braise, même à travers l’humour. Ce que d’aucuns est perçu d