Présent au Gabon dans le cadre d’une visite pastorale, le Cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, a rencontré, mercredi 07 juin à Libreville, le médiateur de la République. Le Centrafricain qu’accompagnait l’archevêque de Libreville, Monseigneur Basile Mve Engone, s’est prêté aux questions de Gabonreview et de Gabonews au terme de son entretien avec Laure Olga Gondjout.
Comment se portent le peuple centrafricain et son église catholique ?
Le peuple centrafricain est un peuple qui aspire à la paix. Nous avons eu des moments les plus difficiles ensemble, pour ne pas dire chaotiques, dans notre pays. Et l’église avec les artisans de Paix, ceux épris de justice, nous nous mettons ensemble pour conjurer le sort. Nous invitons les uns et les autres à arrondir les angles, à regarder dans la même direction, à faire des sacrifices dans les négociations, pour favoriser le dialogue. Nous y allons avec les armes de la parole. Nous n’avons autres armes que la parole. Quand on parle de la Parole, on parle du cœur. Nous prions pour que Dieu touche les cœurs afin qu’ils se désarment, pour qu’il y ait un déclic dans leur esprit, afin qu’ils acceptent l’autre pour travailler ensemble afin que la Paix revienne. Accepter l’autre, c’est accepter le retour de la Paix. Quand la Paix revient, l’éducation suit, la santé et bien d’autres choses qui concourent au développement. Car, sans la Paix, nous ne pouvons rien faire.
Qu’en est-il de votre visite chez Madame le médiateur de la République gabonaise ?
Je viens la rencontrer, car c’est un service à la fois délicat et ingrat. Délicat parce qu’étant Médiatrice, elle devra travailler afin que les groupes aillent dans la même direction. Parfois, on n’est pas bien compris. On pense qu’on prend parti, alors que ce qu’on recherche, c’est la démarche du consensus pour sauver la nation, l’unité toute entière. Voilà pourquoi je viens l’encourager, l’inviter à continuer. C’est un travail de longue haleine qui demande beaucoup de patience. Sans la médiation, nous pouvons avoir les gens dos à dos. Et quand les gens sont dos à dos, c’est souvent la guerre, les conflits. Il y a souvent des retournements de situations. Et nous pensons qu’elle a un grand rôle à jouer dans ce pays, pour inviter les uns et les autres à regarder l’intérêt national, pour ne pas dire, la recherche de l’unité.
Archange et Dieudonné, deux prénoms divins, l’un président de la RCA et l’autre archevêque de Bangui, ce duo peut-il ramener la paix dans votre pays ?
Je voudrais simplement vous rassurer que Dieu est source de paix. Nous ne sommes juste que ses simples serviteurs et nous devons collaborer avec la vision divine .Nous devons nous inscrire dans ce que Dieu propose pour l’humanité. Cela veut dire que nous devons faire un travail sur nous même si nous sommes à la tête pour que les gens qui sont autour de nous, se considèrent comme nos enfants, nos frères et qu’on puisse collaborer avec tout le monde. La Paix est un travail artisanal. Une seule personne ne peut pas le réaliser. Si nous acceptons de tendre la main à ceux qui sont de l’autre bord, en acceptant le dialogue, des concertations, en acceptant l’écoute, en regardant dans la même direction, nous avons plus de chances d’avancer ensemble. Mais si nous laissons les gens sur le banc ou sur le quai, ceux-là vont cultiver la frustration. D’une manière ou d’une autre, ils vont revenir, pas avec la parole, mais avec des armes et l’éternel problème va continuer. Nous espérons que les uns et les autres peuvent converger pour que dans notre cœur, jaillisse le désir de Paix afin qu’on puisse sortir la RCA des âffres de guerres que nous avons connues depuis de dizaines d’années.
Interview réalisée avec la collaboration de Martial Tsonga Mbicka (Gabonews.com)