Libreville – Le Gabon commémore dans la sobriété ce 8 juin le 8ème anniversaire de la disparition de son ancien chef de l’Etat, Omar Bongo Ondimba qui a dirigé le pays durant 41 ans du 2 décembre 1967 à sa mort le 8 juin 2009.
Le programme officiel de cette célébration ne signale qu’une simple messe à la cathédrale Sainte Marie de Libreville. Pas une cérémonie de réjouissance pour celui que les gabonais ont vénéré durant son très long règne et dont les obsèques étaient un événement planétaire.
La disparition d’Omar Bongo dans une clinique de Barcelone en Espagne avait plongé le pays dans la tristesse mais aussi et surtout dans une grande incertitude politique. La guerre pour sa succession qui faisait rage dans les couloirs du palais présidentiel, l’administration publique et même l’armée avait fait craindre un basculement du pays dans la violence.
Le Gabon qui vacillait n’a pas finalement basculé. Le respect de la constitution quasiment taillée à la mesure d’Omar Bongo avait prévalu. Francine Rose Rogombé, présidente du Sénat avait été investi, président de la République par intérim. C’était le petit moment de répit puisque tous les prétendants au fauteuil se sont lancés dans la course en tentant de marcher les uns sur les autres.
Les rancœurs issues du scrutin présidentiel anticipé d’août 2009, mal soldées, continuent de hanter la vie publique gabonaise. Quasiment tous les compagnons d’Omar Bongo ont quitté le Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien parti unique, véritable machine à gagner les élections.
La majorité des héritiers politiques de celui qu’on appelait affectueusement doyen des chefs d’Etat sont passés à l’opposition où ils ont découvert la curieuse longévité du PDG au pouvoir et surtout la mauvaise gestion du pays. Tous ou presque ont cessé de dire les louanges d’Omar Bongo qu’ils affublaient des superlatifs à la limite d’un messie pour le Gabon.
Ali Bongo et ses hommes qui ont succédé à Omar Bongor ont également travaillé à démolir le système défunt. Plusieurs fidèles qui tentaient de rester dans la maison ont été charriés par un vent violent que les gabonais ont appelé « tsunali ». Poussés hors de la « mangeoire », les victimes du nouveau pouvoir ont naturellement rejoint l’opposition. Ils sont devenus des véritables carabiniers qui tentent de prendre le pouvoir en appelant à une alternance politique au sommet de l’Etat.
Ali Bongo qui était déjà aux affaires avec son père, profite du système de conservation du pouvoir savamment construit par ses adversaires d’aujourd’hui. Ses hommes et lui tentent de faire oublier les errements économiques des années Omar Bongo marqués par des nombreux éléphants blancs et un manque criard d’infrastructures malgré les pétrodollars qui ont fait du Gabon un émirat équatorial.
La tâche est cependant difficile malgré une politique volontariste de faire du Gabon un véritable chantier à travers la construction des routes et autres infrastructures publics. La crise économique a cependant freiné les ambitions du pouvoir. Plus grave, les scandales de détournements des fonds ont bloqué la machine. L’opération « Mamba » lancé au sortir de l’élection présidentielle du 27 août 2016 n’apporte aucune plus-value.