L’accord de réduction de pétrole conclu entre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et des pays producteurs non-membres du cartel emmenés par la Russie pourrait n’avoir aucun effet au vu de la hausse à venir de la production en provenance des Etats-Unis, a déclaré Igor Setchine, P-DG du géant pétrolier russe Rosneft. Le 25 mai, l’OPEP et ses partenaires ont annoncé la prolongation de neuf mois, jusqu’à fin mars 2018, de l’accord de réduction de production entré en vigueur le 1er janvier, qui porte sur 1,8 million de barils par jour (bpj), soit 2% environ de la production mondiale. Mais, depuis la prolongation de cet accord, les cours du pétrole ont plutôt suivi une tendance à la baisse en raison justement des interrogations des intervenants de marché au sujet de son impact sur les prix et sur les stocks.
Pour preuve, le WTI et le Brent reculant de quelque 2,6%, évoluant à nouveau tous deux sous la barre des 50 dollars, les acteurs de marché craignant que la décision du président américain Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat (une décision prise par Trump depuis le jeudi 1er juin) n’entraîne encore plus de forages dans le pays. Igor Setchine, un proche allié du président russe Vladimir Poutine, s’est longtemps dit opposé à ce que la Russie s’associe à l’OPEP dans l’effort de réduction de la production mais a fini par se plier à contre-coeur à la volonté de Moscou d’agir de concert avec le cartel. Mais il est revenu à la charge en disant que les pays producteurs perdaient des parts au marché au détriment d’entreprises américaines, les Etats-Unis n’ayant pas signé l’accord de réduction de la production. Igor Setchine a ajouté que cet accord n’offrait de toute manière qu’un répit temporaire.
La production russe sous les 11 MLNS de barils en mai
« Il ne s’agit guère de mesures systémiques », a-t-il dit à l’occasion du forum économique international de Saint-Pétersbourg auquel assistent nombre de dirigeants et de responsables du secteur pétrolier, dont le ministre de l’Energie saoudien Khalid al-Falih. Selon le P-DG de Rosneft, les entreprises américaines pourraient faire augmenter la production mondiale de brut de jusqu’à 1,5 million de bpj l’année prochaine. « De ce fait, l’effet de la réduction de la production prévue par l’accord entre OPEP et pays non-OPEP pourrait être significativement annulé dès la mi-2018 avec la croissance de la production de pétrole de schiste américaine », a-t-il ajouté, notant au passage que la Russie était également en mesure d’augmenter sa production. Igor Setchine a également estimé que les cours du pétrole – divisé par plus de deux par rapport à leurs derniers pics atteints vers la mi-2014 – allaient rester bas pendant longtemps et qu’il était impossible que le marché se stabilise tant que tous les pays pétroliers ne réduisaient pas leur production. Selon des données publiées dans la journée par le ministère de l’Energie russe, la production du pays est revenue en mai à 10,947 millions de barils, contre 11 millions en avril, du fait du respect par Moscou de l’accord de réduction de la production.
C’est la première fois depuis août 2016 que la production russe repasse sous la barre des 11 millions. Dans le cadre de l’accord avec l’OPEP, la Russie s’est engagée à réduire sa production de 300.000 barils par rapport à un niveau de référence, d’octobre 2016, de 11,247 millions.