A la suite du projet de loi de finance rectificatif pour l’année 2017 adopté en conseil des Ministres le 19 mai dernier, Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, s’est entretenu avec la presse jeudi 1er juin 2017 au siège de l’Union Nationale (UN) sis au quartier ancienne Sobraga. Le commissaire national en charge du budget de l’UN a dénoncé l’état de dégradation de la situation budgétaire et financière de l’État, l’irresponsabilité du pouvoir ainsi que les choix politiques des autorités
Tout y est passé, une analyse sans concession de la loi de finance rectificative de l’année en cours censé prendre et tenir compte des ajustements budgétaires et des réformes structurelles telles que recommandés le 23 décembre 2016 à Yaoundé à l’occasion d’une rencontre des chefs d’Etats de la CEMAC. Le projet de loi rectificatif semble répondre à d’autres intérêts que ceux prévus par le Fond Monétaire International (FMI). Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, commissaire national en charge du budget du parti Union Nationale (UN) dénonce plusieurs incongruités dans ce projet de loi qu’il qualifie de ‘’cynique’’. « Malgré l’extrême gravité de la situation, le Gouvernement s’autorise, une fois de plus, à présenter un budget qui n’est ni sincère dans sa présentation, ni réaliste dans ses prévisions, ni rationnel dans ses choix et encore moins juste dans son orientation sociale » a déclaré Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.
Si l’endettement du Gabon paraît comme une évidence au vu des ressources propres de l’Etat 1714,6 milliards et un budget 2017 qui s’élève à 2860 milliards, l’Etat est contraint de procéder à un emprunt prêt 1145,4 milliards de nos francs qui élèverait le PIB à 55,7% loin de celui de 2009 élevé a 18%. Une situation qui inquiète le premier parti de l’opposition. « Une fois la dette publique qui est sa première obligation payée, l’État n’aura plus les moyens d’assurer le paiement de la totalité des salaires de ses agents. En conséquence, le Gabon doit désormais s’endetter, non seulement pour financer ses investissements, mais aussi pour son fonctionnement » dénonce Jean Gaspard Ntoutoume Ayi. Une situation aggravée par près de 800 milliards d’arriérés de paiement de la dette qui ne cesse de s’accumuler.
La gestion du personnel n’est pas en reste. Alors qu’en 2016 avec un effectif de 104 272 agents pour une dépense de 732,2 milliards, le budget rectifié 2017 ramène cette enveloppe à 710 milliards alors que les effectifs sont portés à 106 095 agents. « Les dépenses de personnel sont largement sous-estimées. Elles ne prennent pas en compte les avancements indiciaires des fonctionnaires et les cotisations de l’État-employeur à la CNAMGS. De même, les prestations familiales aux fonctionnaires ont été diminuées de 6,1 milliards de Fcfa, passant de 24,6 à 18,5 milliards de Fcfa. Cela est inadmissible » a ajouté le Commissaire National en charge du Budget l’Union Nationale.
Selon le même analyste, les couches de la population les plus vulnérables n’ont pas été épargnées, les subventions de l’État, qui constituent les dépenses de transfert sont incompréhensible. Ces dépenses connaissent une baisse de 20,7%, représentant 49,8 milliards de Fcfa. Elles touchent principalement, les prestations aux indigents, dont la subvention de 3 milliards de Fcfa a été supprimée, le financement des bourses des étudiants perd plus de 11 milliards de Fcfa, les pensions des agents de l’État, qui diminuent de 10 milliards de Fcfa, passant de 40 milliards dans le budget initial à 30 milliards dans le budget modifié.
Dans l’enseignement primaire et secondaire, dans l’enseignement supérieur, le secteur de la Santé voit lui aussi ses moyens baisser. Des agissements qui ont suscité des interrogations. « Il serait intéressant que le gouvernement nous dise, qui parmi nos étudiants fera les frais de cette diminution. Comment justifier cette baisse de la subvention d’équilibre du régime des pensions des agents de l’État ? Y a-t-il eu baisse du nombre de retraités ? Comment expliquer cette baisse au moment où le gouvernement procède à la mise en retraite systématique des agents atteints par la limite d’âge ? Là aussi, l’Union nationale et l’opinion attendent des explications de la part du gouvernement… Comment admettre ce niveau de cynisme qui conduit à sacrifier les couches les plus fragiles de la population, pour préserver le train de vie de quelques-uns sur les ressources publiques ? » demande Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.
Alors que le coupes budgétaires sont observées sur les affectations en faveur des couches nécessiteuses, les dépenses transversales et ces choix de dépenses démontrent selon Ntoutoume Ayi « l’incapacité structurelle à l’ajustement et aussi une forme de cynisme au regard des efforts qu’il fait peser sur les populations ».
Crédité de 79,4 milliards en 2016, les dépenses transversales ont été créditées dans le budget rectificatif 2017 à pas moins de 125,4 milliards. On retrouve 27 milliards qui ont financé le dialogue d’Angondjé, 18 milliards au fonds d’investissements provincial et 22 milliards destinés au paiement des dépenses d’hébergement et location pour les services de l’administration. « Au moment où il est question de réduire le train de vie de l’État, il est curieux d’encourager l’État-SDF, en privilégiant le recours à la location de locaux dont nul n’ignore les propriétaires. Dans un État de droit, cela s’appelle "prise illégale d’intérêt’’ » a déclaré Jean Gaspard Ntoutoume Ayi.
« L’Union Nationale n’a eu de cesse de le dire, ce régime conduit notre pays à la ruine. Par son amateurisme et aussi la cupidité qui le caractérise, ce pouvoir cumule les pires aberrations qui soient dans la gestion budgétaire et financière du pays » a conclu Jean Gaspard Ntoutoume Ayi qui a tout aussi invité les députés a rejeté cette loi de finance rectificative.