Malgrés les assurances du gouvernement sur le suivi du dossier de la radio panafricaine, les agents de ce média ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis plusieurs années, Africa N°1, qui faisait la fierté du paysage médiatique gabonais sombre dans l’agonie. Une situation de précarité qui serait consécutive aux difficultés financières.
Créée en 1981, par les chefs d’Etat gabonais, Omar Bongo, et libyen, Mouammar Kadhafi, «la grande radio panafricaine» n’est plus que l’ombre d’elle même. Face à cette situation, les agents ne manquent pas l’occasion d’interpeller les pouvoirs publics qui restent muets sur leurs revendications notamment, l’apurement des arriérés de salaires, la reprises des prestations sociales et la mise sur pied d’un plan social.
Selon le président du Syca, Jean-Félix Ngawin Ndong, le blocage observé dans l’application desdites mesures est dû à la non tenue du conseil d’administration ayant pour objet la revitalisation de la radio, qui est sous redressement judiciaire depuis 2011, et dont le passif est aujourd’hui évalué à 22 milliards FCfa.
Faisant la chronologie de la situation qui prévaut au sein de la Radio panafricaine, le président du Syndicat des communicateurs d’Africa N°1, a au cours d’un entretien indiqué que les agents «ont lancés un mouvement de grève en décembre 2016, à cette date nous étions à 4 mois sans salaire, aujourd’hui nous sommes à un peu plus de 6 mois de grève et nous sommes à 7 mois sans salaire, ça veut dire ce que ça veut dire. 7 mois sans salaire ce sont les enfants qui ne vont pas à l’école, ce sont les maisons qui ne sont pas payés, les foyers qui sont disloqués, ce sont les charges qui ne sont pas payés, c’est une démobilisation complète et en gros c’est la dignité des travailleurs d’Africa qui est atteinte».
Poursuivant son propos, il a relevé qu’ «à côté des salaires, lorsque nous rentrions en grève en 2016, il y avait la dette de la CNSS. Africa N°1 retire chaque fin du mois depuis 2008 la cote part mais qui n’est pas reversée à la CNSS, ça veut dire que les agents n’ont pas accès aux prestations liées à la CNSS, notamment la retraite».
«A côté du problème de la CNSS, nous avons demandé qu’il y ait un plan social sauf que celui-ci est lié à la tenu d’un conseil d’administration», qui selon le président du Syca, peine à être organisé pour trouver des solutions durables aux problèmes que traversent le média. «Le comité de privatisation, de par son secrétaire parle de liquidation alors que la liquidation est prononcé par le conseil d’administration», a t-il indiqué. Cette position du comité de privatisation rentre en total contradiction avec la volonté du gouvernement de procéder à une recapitalisation pour sauver cette radio.
Par ailleurs, il a relevé les incongruités qui semblent entacher le redressement judiciaire décidé en 2011 par le gouvernement, soulignant que «le tribunal avait commis un premier syndic judiciaire qui avait une mission de 11 à 18 mois, il a bouclé son travail», «pourquoi commettre un deuxième syndic alors que le premier a déjà fait son travail, sachant que dans un redressement judiciaire il n’y a que deux voies de sortie, la liquidation et la recapitalisation. Les conclusions du premier syndic sont claires là dessus, qu’est ce le deuxième syndic viendra ajouter. En 5 ans, 2012 à 2017 le deuxième syndic n’a pas encore donné ses conclusions» s’est-il insurgé.
«En 2012 le passif d’Africa N°1 était de 3 milliards de Fcfa, ce sont les conclusions du premier syndic, aujourd’hui les gabonais disent que le passif est de 22 milliards, deux choses l’une soit on a trompé le Chef de l’Etat parce que en 2012 on pouvait encore décider de sauver Africa N°1 lorsqu’on était encore à un passif de 3 milliards, pourquoi avoir attendu 5 ans pour qu’on décide de la liquidation d’Africa N°1» s’est interrogé Jean-Félix Ngawin Ndong.
C’est donc au vue de toute ces incongruités que le président du Syndicat des communicateurs d’Africa N°1; a une nouvelle fois attiré l’attention du président Ali Bongo, «nous sommes convaincus qu’il n’a pas la vraie version du dossier Africa N°1, nous interpellons le Chef de l’Etat, qu’il prenne les choses en main lui-même», a t-il conclu.