Total compte valider une dizaine de nouveaux projets pétroliers ou gaziers dans les 18 prochains mois pour être prêt lors de la reprise des cours, tout en maintenant sa discipline sur les coûts, a indiqué vendredi dernier, son P-DG, Patrick Pouyanné. « Dans les industries de matière première comme la nôtre, la bonne stratégie, c’est d’investir à contre-cycle de manière à profiter de la baisse des prix actuelle pour, d’ici quelques années, disposer des productions nouvelles au moment où les prix pourraient repartir à la hausse », a déclaré M. Pouyanné lors de l’assemblée générale des actionnaires. « C’est pourquoi nous avons (…) un objectif qui est de décider dans les 18 mois qui viennent une dizaine de projets nouveaux qui représenteront au total une production supplémentaire d’environ 350.000 barils par jour et qui seront rentables au-delà de 50 dollars le baril », a-t-il ajouté.
Parmi ceux-ci figure le projet de gaz de schiste de Vaca Muerta (Argentine), dont Total a approuvé en avril la première phase de développement, tandis que le groupe compte toujours approuver « avant l’été » le projet iranien de Pars Sud, les Etats-Unis ayant maintenu la levée des sanctions contre Téhéran. Total n’a pas pour autant l’intention de relâcher sa discipline financière, qui a amené le groupe à réduire ses investissements à un niveau « durable et soutenable » de 15-17 milliards d’euros par an pour la période 2018-2020, outre un objectif de 4 milliards de réductions des coûts en 2018.
Malgré une remontée des cours autour de 50 dollars le baril à la faveur d’une limitation de la production par l’Opep et d’autres pays producteurs, « notre environnement reste caractérisé par une grande volatilité sur les marchés, mais aussi par de nombreuses incertitudes sur le plan géopolitique », a prévenu Patrick Pouyanné. « Il n’est pas question de relâcher notre discipline sur les coûts et sur les investissements », a-t-il ajouté. « Nous sommes en quelque sorte aujourd’hui capables de faire plus avec moins ». Il a répété aussi ne pas avoir de plan de cession de la filiale de chimie de spécialités Hutchinson. Par ailleurs, les actionnaires ont approuvé à 80,61% des voix l’entrée au conseil d’administration de Carlos Tavares, président du directoire du groupe automobile français PSA, pour une durée de trois ans.
L’Afrique demeure la deuxième région au monde à la croissance la plus rapide
En 2016, l’Afrique prise dans son ensemble a maintenu sa deuxième place d’économie à la croissance la plus rapide au monde, derrière l’Asie du Sud, a révélé la présentation financière du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), tenue lors de ses Assemblées annuelles 2017, mercredi 24 mai 2017, à Ahmedabad, en Inde. La présentation financière, qui passe au crible les perspectives économiques du continent, les opérations de la Banque, son profil financier et ses activités sur les marchés de capitaux l’an passé, note que le continent a enregistré une croissance moyenne du PIB de 2,2 % en 2016, à comparer aux 7,1 % de l’Asie du Sud, entraînée par l’Inde, contre une moyenne de 2 % pour les économies développées.
Selon le rapport, les économies africaines vont se renforcer davantage encore, pour atteindre 3,4 % de croissance en 2017 et 4,3 % en 2018, stimulées en grande partie par la hausse de la demande intérieure et les bonnes performances enregistrées par certains pays. « Bien que les ressources naturelles et les matières premières restent les principaux moteurs, leur importance se réduit, tandis que les facteurs domestiques, y compris la consommation, jouent un rôle croissant », a souligné Charles Boamah, vice-président principal de la BAD, au cours de son exposé. L’amélioration des conditions de l’offre et un environnement des affaires favorable, une gestion macroéconomique prudente, des flux financiers extérieurs favorables, et l’importance de la dépense publique importantes participent aussi à cette embellie.
Des disparités de performances entre pays et sous-régions
L’Afrique de l’Est s’impose comme la sous-région la plus performante, avec une croissance moyenne du PIB réel de 5,3 %, tirée par les bonnes performances de l’Éthiopie, de la Tanzanie et de Djibouti. L’Afrique du Nord suit avec une croissance moyenne de 3,3 %, entraînée par la reprise en Égypte (4,3 %) et en Algérie (3,5 %), malgré des incertitudes politiques persistantes.
L’Afrique australe a enregistré une croissance moyenne de 1,1 % en raison de la mauvaise performance de l’Afrique du Sud et de l’Angola, les deux principaux exportateurs de matières premières de la sous-région, affectés par la sécheresse, des coupures de courant récurrentes et l’évolution défavorable des conditions commerciales, Madagascar et le Mozambique offrant quelques perspectives positives avec des taux de croissance supérieurs à 4 %. Arrive ensuite l’Afrique centrale avec une croissance moyenne de 0,8 %, causée par le faible prix des matières premières. Toutefois, certains pays, comme le Cameroun, ont fait preuve de résilience. La République de Centrafrique et São Tomé-et-Príncipe ont connu une amélioration de leurs performances économiques.
L’Afrique de l’Ouest ferme la marche, avec un taux de croissance moyen de 0,4 %, en dépit de la bonne performance de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, dont l’impact a été neutralisé par la récession et des facteurs socio-politiques qui ont limité la croissance de l’économie à 1,5 %. Le Nigeria et l’Afrique du Sud représentent la part la plus importante part du PIB de l’Afrique, avec respectivement 29 % et 19 %.
Globalement, des flux extérieurs ralentis
Le rapport indique que les investissements directs étrangers (IDE) ont légèrement augmenté, pour atteindre 56,5 milliards de dollars EU, reflétant l’urbanisation galopante et la croissance des villes, et les investisseurs étrangers ciblant de plus en plus les marchés de consommation. L’aide publique au développement (APD), qui reste la plus importante source de finances publiques, a diminué de 1,7 %. Les transferts de fonds, venant pour l’essentiel de la diaspora africaine, représentent une source essentielle de capital pour les pays africains, totalisant 64,6 milliards de dollars EU en 2016, d’après le rapport. Cependant, les données suggèrent que, sur le terrain, ces ressources ne sont pas suffisantes pour répondre pleinement aux défis de développement du continent.
Des perspectives plus réjouissantes
La Banque estime que ses Cinq grandes priorités (Top 5) – éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations – seront le fer de lance de la diversification et de la croissance économiques de l’Afrique, en offrant d’importantes opportunités économiques qui protégeront le continent de futurs chocs sur les marchés des matières premières et renforceront sa résilience. « Les perspectives de croissance seront d’autant plus étayées par l’augmentation attendue des prix des matières premières, une solide demande interne, une meilleure gouvernance macroéconomique et un environnement des affaires plus favorable », a indiqué Hassatou N’Sele, vice-présidente par intérim chargée des affaires financières de la BAD et qui co-présentait le rapport. Cependant, la présentation financière du groupe de la BAD évoque également l’augmentation de la dette, les faiblesses structurelles, la pénurie d’électricité, le changement climatique, les conflits, l’instabilité politique et le terrorisme parmi les risques qui ne peuvent être ignorés.
Citibank remporte le Trophée Carrière exemplaire aux African Banker Awards 2017
Les heureux lauréats des Trophées African Banker 2017 ont été fêtés lors du prestigieux dîner de gala à Ahmedabad en Inde. Cette célèbre cérémonie se déroule en marge des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) pour rendre hommage aux dirigeants qui excellent dans la banque et la finance en Afrique. Aucun pays africain n’a eu de position dominante cette année. Le président d’Afreximbank, le Dr Benedict Oramah, a été nommé Banquier de l’année 2017. Sa banque a connu une croissance considérable l’an dernier, tandis que d’autres critères, tels que le coefficient d’exploitation, sont excellents. La nigériane GT Bank a remporté le Trophée Banque africaine de l’année. GT Bank affiche une hausse de 37 % de son résultat en 2016, malgré des conditions commerciales difficiles sur son principal marché, le Nigeria. Le Trophée Carrière exemplaire a, pour la première fois, été décerné à une institution plutôt qu’à une personnalité, en reconnaissance de la remarquable contribution de Citi au secteur bancaire africain depuis son implantation en Afrique. La banque a formé quelques-uns des plus grands banquiers africains, qui dirigent aujourd’hui un nombre croissant d’établissements financiers sur le continent. Waheed A. Olagunju, directeur général de Bank of Industry, a obtenu le Trophée African Banker Icon. Le Trophée Ministre des Finances de l’année a été remporté par le Sénégalais Amadou Ba qui a réussi à assainir les finances et l’économie de son pays. Le Sénégal vient d’émettre une euro-obligation qui a été sur-souscrite sept fois. Le Trophée Gouverneur africain de l’année a été attribué à Rameswurlall Basant Roi, de l’île Maurice, l’une des principales capitales financières africaines.
Commentant la cérémonie, Omar Ben Yedder, éditeur d’African Banker, a souligné la diversité des lauréats ainsi que le rôle fondamental que jouent les banques et les établissements financiers dans la croissance et le développement du continent : « Cette année, les candidatures des catégories de l’inclusion financière et de l’innovation étaient plus nombreuses que d’habitude. L’inclusion financière est sans doute l’élément le plus important pour mobiliser des fonds et les utiliser efficacement. Les banques sont au cœur de ce processus et relèvent énergiquement le défi. ».
C’est la première fois que les Trophées African Banker se déroulent en Inde, à Ahmedabad, la capitale de l’Etat du Gujarat. Actionnaire de la Banque africaine de développement, l’État indien a proposé d’accueillir cette année l’Assemblée générale annuelle afin de consolider sa relation de longue date avec l’Afrique. La onzième édition des Trophées est organisée par le magazine African Banker, sous le haut patronage de la Banque africaine de développement. Les Trophées sont financés par des sponsors : Fonds africain de garantie, Bank of Industry, African Trade Insurance Agency et Trade Development Bank.