Une semaine après leur première montée au créneau, les agents de la main-d’œuvre non permanente et ceux de l’administration universitaire et des grandes Ecoles du Gabon ont, une nouvelle fois, fait entendre leurs revendications à l’encontre de Sodexo Gabon. Le mardi 8 avril, ils ont exprimé leur souhait de voir clair dans le rapport entre l’Etat gabonais et cette société privée, leader de la restauration en entreprise.
Leader mondial de la restauration en entreprise, la filiale gabonaise de la société Sodexo a bien du mal, ces derniers mois, à convaincre une partie de ses clients et collaborateurs. Implantée depuis seulement une année dans certaines universités et grandes Ecoles publique du pays, à l’instar de l’Université Omar-Bongo (UOB), le quasi-monopole dont bénéficie la société française partout où elle exerce ses activités est loin de plaire aux agents de ces structures gabonaises. Et depuis plusieurs semaines, les agents du Centre des œuvres universitaires (COU) l’expriment ouvertement.
Mardi 8 avril 2014, à la faveur d’une assemblée générale, les agents de la main-d’œuvre non permanente et ceux de l’administration universitaire, affiliés au Syndicat national des personnels de l’administration universitaire et des grandes écoles du Gabon (Synapaug), ont dit leur volonté de soumettre la question à Pacôme Moubelet Boubeya, le ministre de l’Enseignement supérieur. De fait, aujourd’hui, a indiqué le président du Synapaug, Joseph Patrick Souckati Poati, «la préoccupation majeure est celle de constater aujourd’hui que les responsables de la société Sodexo exigent que les agents du Centre des œuvres universitaires paraphent la contrat avec Sodexo. Or, nous n’avons pas eu notification du ministre de l’Enseignement supérieur stipulant que désormais les agents de la main-d’œuvre non permanente ou les agents de l’administration en service dans les centres universitaires devaient être reversés à la société Sodexo.»
Pour le président du Synapaug, toute la lumière doit être faite sur cette question, notamment sur le rapport qu’entretien l’Etat gabonais avec cette société de restauration qui est, désormais, présente dans divers domaines tels que la plomberie, le nettoyage et l’électricité. «Des responsables, à l’instar du chef de service du personnel de l’Université des sciences et de la santé, menacent de suspension de salaire les agents du COU. Nous ne comprenons pas pourquoi» a décrié Souckati Poati, avant d’ajouter qu’au terme de l’assemblée générale, il s’est agit pour les syndicalistes de discuter sur «la conduite à tenir, en vue d’avoir des éclaircissements».
«Nous ne comprenons pas pourquoi Sodexo veut nous arracher des emplois. Comment pouvez-vous comprendre qu’une société privée veuille occuper les locaux d’une administration publique ? Nous allons nous adresser à notre ministre parce que nous avons des préoccupations. (…) Mais il n’est pas exclu que nous déposions un préavis de grève parce que nous ne comprenons plus rien au contrat entre Sodexo et le ministère de l’Enseignement supérieur. Nous allons déposer ce préavis de grève pour que nous puissions ouvrir les négociations et revisiter ce contrat, parce que c’est un contrat mal ficelé, nous le disons haut et fort», a martelé le leader syndical.
Cette nouvelle montée au créneau des agents de la main-d’œuvre non permanente et de l’administration des centres universitaires et grandes écoles du Gabon vient donc rouvrir l’épineux dossier de l’attribution des marchés aux sociétés privées occidentales en République gabonaise. Attribution qui, dans la plupart des cas, se fait sur la base du copinage et autres arrangements tacites, et qui souvent laissent la porte ouverte à toutes sortes d’abus de la part de ces sociétés. Sinon, comment comprendre la «suprématie» que certaines d’entre elles ont acquise dans le pays depuis plusieurs années ?