Depuis son officialisation définitive le mardi 9 août 1960, le drapeau de la République gabonaise est sujette à diverses interprétations, toutes aussi erronées les unes que les autres. Sa confection et son utilisation dans certaines administrations du pays ne respectent pas toujours scrupuleusement les proportions établies par la Constitution. Toute chose qui implique qu’un «Code» officiel de ce symbole républicain soit adopté, afin de «rétablir l’ordre». Franck Makosso, un jeune gabonais, s’y est attelé.
Mise en vigueur depuis le 9 août 1960, le drapeau de la République gabonaise est soumis à d’innombrables interprétations de la part de citoyens voire même des plus hautes autorités du pays. Conçu par l’héraldiste et vexillologue Suisse, Louis Mühlemann, par ailleurs dessinateur des armoiries du Gabon, ce symbole de la Nation semble n’être véritablement connu que par très peu de Gabonais, à l’instar de Franck Makosso qui s’insurge aujourd’hui contre le non-respect des normes relatives à sa définition, sa conception, son usage et son déploiement par les civils, organisations et autres groupes à travers le Gabon et le monde.
En effet, si pour Franck Makosso «le drapeau gabonais est (…) plus que du tissu et des fils», en ce qu’«il représente chacun de nous, notre passé, notre présent et notre avenir. Les sacrifices ainsi que la fierté nationale», il est un «symbole d’espoir, de possibilités et de liberté» qui mérite d’être conçu et utilisé conformément à la Constitution. Or, le tricolore gabonais est tous les jours bafoué du fait d’une méconnaissance «des lois et dispositions relatives au déploiement du drapeau au sein des organes de l’Etat, de ses agences et même chez les civils», note le jeune patriote.
Dans un document transmis au président de la République en novembre 2013, le citoyen sus cité qui y a travaillé trois ans durant, propose l’adoption d’un «Code du drapeau de la République gabonaise», afin que cet opuscule serve de «vade-mecum» pour le strict respect civique du drapeau de la République gabonaise. L’ouvrage comporte trois parties : informations générales sur le drapeau, précision des «règles d’usage de l’emblème national par des civils, individus, organisations ou groupes, qui ne sont point soumis aux règlements ou lois promulguées par certains organes du gouvernement» et précision des «règles de déploiement de l’emblème national par les organes de l’Etat et autres agences».
Ainsi, pour Franck Makosso, le «Code» dont il propose l’adoption est un document dont l’objectif est d’«officialiser et d’unifier un ensemble d’instructions sur la manipulation, l’affichage et la prise de soin de l’emblème national». Aussi, propose-t-il un nom pour le drapeau national, «la Félicité», de même qu’un «serment d’allégeance afin que tous les citoyens s’approprient le premier symbole de notre nation et que naisse un véritable sentiment patriotique. Que la nation ne soit plus une notion abstraite mais une réalité pour tous».
Dans le même ordre, le code ainsi proposé évoque «la taille inhabituelle» du drapeau gabonais et «l’instabilité» de ses couleurs : «Si vous suivez scrupuleusement les proportions établies par la Constitution (Loi Nº 54/60 du 9 août 1960), vous obtenez un drapeau qui est plus proche du carré que du rectangle. C’est en discutant avec les meilleurs spécialistes en vexillologie que j’ai appris que l’emblème du Gabon était actuellement le seul au monde au ratio de 3:4. Il est donc plus qu’impératif aujourd’hui de définir les nuances des couleurs du drapeau national ainsi que ses dimensions car le constat sur le terrain est très accablant. Ce que ce Code dit c’est qu’il n’y a pas d’Emergence sans unité et pas d’unité sans drapeau! Le drapeau est en réalité le socle de votre Plan Stratégique pour un Gabon Emergent» a indiqué Franck Makosso dans une correspondance adressée à Ali Bongo.
Le drapeau gabonais est en effet trop trituré et soumis à la fantaisie de personnes inciviques et ignorantes. On a, par exemple entendu une haute autorité gabonaise parler du bleu azur de ce drapeau, alors que de toute évidence, le bleu de la bannière nationale est tout au moins un bleu roi. Ce qui reste à vérifier dans le code officiel proposé par Franck Makosso. Sur certains bâtiments, le drapeau gabonais est parfois tendu de manière à ce que ses bandes deviennent verticales, plutôt qu’horizontales ainsi qu’officiellement établi. Mieux, las de voir circuler toutes sortes de drapelets gabonais, le ministère de l’Intérieur avait interdit, en août 2011, les vendeurs à la sauvette de commercialiser des drapelets aux couleurs nationales. Un communiqué du ministère de l’Intérieur soulignait alors que «le drapeau d’un pays est un patrimoine national qui a des normes précises et que l’on ne saurait altérer à souhait».
On peut dire que cet ouvrage tombe bien à propos, d’autant plus que depuis l’accession du président Ali Bongo Ondimba à la magistrature suprême en 2009, une journée nationale du drapeau a été créée qui est l’occasion pour la population gabonaise de manifester son attachement au symbole majeur de sa patrie.