Ayant appris, il y a quelques jours, le dépôt supposé d’une citation directe par le directeur général de Maurel & Prom visant le numéro 2 du syndicat, l’Organisation nationale des employés du pétrole a interpellé le gouvernement et l’Upega sur ce qu’elle perçoit comme une «volonté manifeste de liquider l’Onep».
«Si cette information se matérialisait, cela confirmerait clairement la volonté manifeste de liquider l’Onep», a regretté Guylaine Mboui Zolo Ba Ndong, la secrétaire nationale chargée de la communication à l’Onep, le 22 mai à Port-Gentil. En effet, d’inquiétantes rumeurs parviennent au siège de l’organisation syndicale selon lesquelles, une procédure judiciaire en citation directe aurait été initiée par le directeur général de Maurel & Prom, Christophe Blanc, contre Sylvain Mayabi Binet, le secrétaire général adjoint de l’Onep. Pourtant, le bureau ne souhaite pas se laisser démonter. L’organisation ne ferait pas face à la première attaque portée contre elle. «L’Onep fait face à des menaces et tentatives de déstabilisation tous azimuts et de tout bord, avec une résonnance accrue ces trois dernières années», a rappelé la porte-parole, affirmant que, «vouloir (se) débarrasser (du syndicat) sous quelque forme que ce soit, c’est préférer le conflit permanent à la paix sociale, le désordre au bon sens.»
Pour tenter de régler ce conflit avant qu’il n’éclate, alors même que le DG de Maurel & Prom n’a pas confirmé le dépôt de sa plainte, le bureau de l’Onep a, dans un premier temps, interpelé le gouvernement. Il a dit attendre des autorités gabonaises qu’elles dissuadent «les employeurs véreux du secteur pour favoriser l’instauration d’une paix sociale véritable», d’autant qu’«il y va des intérêts socioéconomiques de notre pays». En deuxième lieu, le bureau a invité l’Union pétrolière gabonaise (Upega), le syndicat du patronat du secteur, à statuer sur le cas de «certains de ses affiliés, dont le comportement frise le cynisme». Cette fois, a indiqué l’Onep, «il y va des intérêts économiques de l’ensemble des membres (de l’Upega), employeurs du secteur pétrolier».
Se référant aux dispositions des conventions internationales de l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Onep s’est dit favorable à un dialogue social tripartite gouvernement-patronat-salariat. Pour l’organisation, c’est le gage d’une «promotion des relations professionnelles équitables, productives et harmonieuses».
C’est en octobre 2016, que le dernier bras-de-fer entre l’Onep et Maurel & Prom a démarré. A l’époque, la direction générale de l’exploitant pétrolier et gazier français ayant cédé ses parts à Pertamina envisageait de licencier onze employés du site Onal. La grève initiée par l’Onep au sein de l’entreprise avait permis de sauver les emplois menacés. L’intrusion de l’organisation syndicale n’avait pas beaucoup plu au patron de Maurel & Prom, au point qu’en février 2017, c’est par son consentement qu’une descente musclée des forces de sécurité avait été rendue possible sur le site d’Onal. L’Onep avait rapporté que certains employés avaient été molestés au cours de l’opération.