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Le cas Hervé Ndong
Publié le mardi 23 mai 2017  |  Gabon Review
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Connu comme conseiller du président de la République, proche de l’ancien directeur de cabinet de celui-ci, sentinelle et apologiste de l’Emergence à la gabonaise, ce jeune homme vient de se faire amputer un pied et se trouve financièrement affaibli. Toujours au pouvoir, les forces et personnalités politiques qui l’ont fabriqué et qu’il défendait à tout crin assistent, dans l’indifférence, à sa quasi-déchéance. L’émergence bouffe-t-elle ses enfants ?

A la fois horrible, répugnant et pathétique, des photos d’Hervé Ndong Nguéma, le pied droit en putréfaction puis emmailloté dans des bandes médicales, ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux durant le week-end écoulé. Revanchards et ricanant comme des diablotins, certains s’en réjouissent tandis que d’autres, plus humains, plus sensibles, s’en émeuvent, demandant de la compassion pour ce jeune compatriote, malade et en cavale pour échapper aux affres de l’opération Mamba.

Hervé Ndong est connu pour ses passages tonitruants à la télévision, en vue de défendre «la politique du chef de l’Etat» et l’émergence à la gabonaise. On se souviendra notamment de ses interventions au tribunal lors du procès (2010-2011) du général Ntumpa Lebani ; de ses sorties publiques en pleine affaire Pierre Péan au sujet de l’acte de naissance d’Ali Bongo ou encore durant l’épisode des «cafards» de Jean Ping. On se souviendra également de ses passes d’armes à la télévision avec l’opposant Jonathan Ndoutoume Ngome, aujourd’hui porte-parole de Démocratie nouvelle (DN), mais aussi avec Landry Mbeng alias Lanlaire ou encore d’une manifestation avec Serge William Akassaga, Fréderic Ntera Etoua, en août 2015, devant l’ambassade de France à Libreville, pour s’indigner de la garde à vue du directeur de cabinet du président de la République d’alors.

Contraint de s’exiler après avoir été entendu, le 9 février dernier, par la direction générale de la Contre-Ingérence et de la Sécurité militaire (B2), ce proche de l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo vient d’être amputé du pied droit dans un hôpital de la région parisienne en France. Il se retrouve littéralement seul et a dû se résigner à vendre l’une de ses voitures, un Range Rover, pour subsister dans cette tribulation mêlant cavale et problèmes de santé. Une situation qui porte à réfléchir et ne devrait nullement inciter d’autres jeunes, d’autres inconditionnels du parti au pouvoir et afficionados des hommes du pouvoir à continuer de «mouiller le maillot», comme on aime dire dans les rangs du Parti démocratique gabonais (PDG). En tout cas, l’interpellation d’Hervé Ndong et son abandon par ceux qu’il défendait hier, étonne bien de Gabonais et laisse penser que l’«émergence» est une révolution qui bouffe ses enfants lorsqu’elle n’est pas tout simplement sans états d’âme, ingrate, inhumaine, renégate.

Il faut sauver le soldat Ndong, voudrait-on dire dans un élan d’humanisme face à la déchéance sanitaire et pécuniaire de ce défenseur des acteurs et de la politique d’Ali Bongo. «Mêmes les criminels de guerre Nazi ont eu droit à des soins de santé avant d’être jugés», rappelle une internaute sur Facebook. «Que vont penser les autres membres et dirigeants du PDG en voyant Hervé ainsi lâché et abandonné ? L’engagement aux côtés d’Ali Bongo et de sa galaxie vaut-il la peine d’être pris ?», interroge quelqu’un sur un groupe de discussion WhatsApp alors qu’un autre rappelle un dicton : «quand on égorge le coq, le canard voit», autrement dit à chacun son tour… qui sera le prochain ?

Malade et poursuivi dans le cadre de l’opération Mamba, Hervé Ndong est donc aujourd’hui un homme seul. Au bord du désœuvrement et pas toujours à son avantage financièrement, il doit se demander comment et pourquoi en est-on arrivé là ? Il doit s’interroger sur l’amitié, la loyauté et bien d’autres valeurs de la vie. En tout cas, personne de son giron politique ne lui vient en aide. «Je n’ai demandé de l’aide à personne et personne ne m’est venu en aide», a-t-il confié à un proche qui le dit stoïque et courageux face à ce qu’il vit en ce moment. Dans les cercles concentriques de l’émergence, tous ceux qui sont interrogés à son sujet bottent en touche, c’est-à-dire trouvent de faux-fuyants. Détournant Nietzsche, un internaute pense, face à ce cas, que les émergents gabonais sont «inhumains, trop inhumains !»

Ça n’arrive qu’aux autres ? Dans la chanson «Could You Be loved», Bob Marley chante : «La route de la vie est si rocailleuse, Et il se peut que tu trébuches, Aussi lorsque tu pointes du doigt, Quelqu’un d’autre est en train de te juger».
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