« L’enfer, c’est les autres » disait Jean Paul Sartre. Comme pour nous signifier qu’il est souvent facile de pointer autrui du doigt et de lui faire porter la responsabilité de vos malheurs, même si en réalité celle-ci vous incombe à vous-mêmes. En fait, nous croyons ainsi comprendre sous un certain angle la pensée de cet écrivain, philosophe et journaliste. Réduit à notre microsome politique, nous sommes arrivés à mener une réflexion sur la part de l’Occident et de l’Afrique elle-même dans la débâcle de notre continent, nous allions dire dans la débâcle d’une bonne partie de ses Etats.
Au sortir des indépendances africaines que l’on situe généralement dans les années 60, des responsables politiques en mal de notoriété accusaient l’Occident, c’est-à-dire les anciennes puissances colonisatrices, d’être à l’origine du retard de leur pays sur tous les plans, notamment économique, arguant que si l’économie ne décollait pas, cela provenait de la division international du travail consistant à réduire les pays colonisés à l’état de producteurs de matières premières, laissant aux Occidentaux le soin de s’installer dans la confection de produits manufacturés et industriels.
Ce qui, avisent les économistes, est source d’entrées de devises, puisque créant un marché et une valeur ajoutée. Les nouvelles générations, elles, rendent à tort ou à raison les anciens colonisateurs, responsables de leurs malheurs politiques, économiques et sociaux, les accusant de participer non seulement au maintien au pouvoir de personnalités ne requérant pas le « suffrage universel », mais aussi de continuer de se servir de leurs richesses du sol et sous-sol avec la complicité de quelques élites corrompues. Ces deux thèses, l’ancienne et la nouvelle se rejoigne lorsqu’elles font toute état d’un sorte de « main mise » des Européens sur l’Afrique.
Cela suffit-il pour croire entièrement à ces assertions ?
Nous avons fait allusion aux complices des Occidentaux dans la gestion de nos pays, cela semble être une vérité depuis l’époque du général de Gaulle et de son conseiller stratégique Jacques Foccart dont le nom a une résonnance particulière dans toutes les anciennes colonies francophones d’Afrique, surtout celles du pré-carré. Ces complices ont d’abord été les chefs d’Etat placés là par les bons soins de l’Hexagone, c’est l’histoire qui nous l’apprend, avant que d’être, fait curieux, certains opposants, ceux sur qui comptaient énormément les populations pour voir leurs conditions de vie s’améliorer et leurs pays émerger pour reprendre un concept bien à la mode.
Au Gabon comme partout ailleurs, des têtes sont apparues trompeuses, privilégiant le ventre, d’où la naissance de l’expression « opposition alimentaire », et contribuant à asservir davantage les populations avides de plus en plus de changement. Un changement qui tarde, selon certaines langues, à venir à cause de leur collusion avec les pouvoirs établis peu importe la manière. Cette fois, nous pouvons être d’accord que le mal des citoyens ne vient plus que de l’Occident, même si…, mais qu’il est d’abord une construction locale, au nom de l’obtention ou de la sauvegarde de certains privilèges. Et ce ne sont pas les participants au dialogue national initié par Ali Bongo Ondimba qui nous démentiront !
Eux, qui assistent au fur et à mesure que l’on approche de la fin de la grand’messe, à des conflits d’intérêt entre hommes du même clan parfois, créditant de plus en plus la thèse qu’ils ne sont pas tous venus ici mus par le même idéal, à savoir tenter de sortir définitivement le Gabon du mal profond qui continue de la ronger et sans lequel il serait plus que jamais difficile, voire illusoire de parler d’Etat de droit. Alors, admettons que si oui, la France a quelque chose à gagner au titre de ses rapports avec l’Afrique, les enfants de celle-ci ont des comptes à lui rendre.