De nombreux managers gabonais d’entreprises parapubliques voire privées, conduisent celles-ci à la faillite. On en veut pour preuve les multiples sociétés qui ont dû mettre la clé sous le paillasson depuis l’ère des privatisations tous azimuts dans notre pays. Est-ce à dire que les Gabonais sont de très mauvais gestionnaires ?
Pour le Pr sénégalais Ababacar Mbengue, le mal du Gabon et d’autres pays du continent est à rechercher dans « le déficit managérial ». Que doit alors faire le continent pour se doter de cadres dirigeants capables de surmonter cette faiblesse et de ce fait relever les nouveaux défis de gestion ?
Henry Mintzberg, théoricien du management propose une esquisse de réponse en montrant que tout s’apprend sur le tas, à travers des expériences diverses et quotidiennes. Pour le théoricien, il n’existerait à priori pas d’école absolue d’enseignement de la science de la gestion. Même si Michel Crozier, également théoricien de cette discipline pense le contraire, ces deux auteurs se rejoignent cependant sur l’importance d’un savant dosage entre les savoirs théoriques et les expériences pratiques.
En la matière, malgré l’accumulation des compétences prouvées par l’existence des diplômes divers en économie et sciences de gestion, décernés dans de grandes universités locales et étrangères, très peu de Gabonais, même disposant de connaissances avérées, ont du mal à consigner théorie et pratique dès qu’une entreprise leur est confiée. Cette faiblesse montre que le phénomène est bien réel malgré la sortie du lot de quelques têtes. Le cas de l’échec de l’Office des Postes et Télécommunications (O.P.T), privatisé il y a des dizaines d’années pour des raisons bien connues et à l’origine de Gabon Telecom et Gabon Poste, la privatisation de la compagnie aérienne Air Gabon dont la gestion a été plombée selon des sources bien au fait du dossier, par « les pouvoirs publics » ou encore de Gabon Airlines, lueur d’espoir d’une réussite typiquement gabonaise permet d’en saisir le fond.
Placés à des postes de responsabilité, les managers gabonais s’illustrent par des échecs et se déroutent des objectifs qui leurs sont assignés, et ce, sans qu’ils ne soient inquiétés. Au début des années 2000, le phénomène s’est accentué avec la recrudescence des privatisations dont les causes avouées, à l’analyse ne sont autres que les faillites, les modèles de gestion peu orthodoxes censées être la propriété de l’Etat. Cela peut bien se comprendre car, si à défaut de mettre à la tête de ces entreprises des managers qualifiés, visionnaires et dotés d’une expérience solide, le scénario ne peut qu’être celui vécu actuellement par le Gabon.
Plus inquiétant aujourd’hui, malgré les leçons du passé, les mêmes schémas médiocres de gestion de la chose publique demeurent inchangés. Les preuves patentes, la faillite de Poste Bank, le cas de Banque gabonaise de développement (BGD) mise sous administration provisoire et la gestion chaotique de la Société gabonaise de transport (Sogatra) constamment en proie à des crises. Que dire de la radio Africa n°1 ? Avec le Pr Ababacar Mbengue on peut donc comprendre que les managers gabonais n’ont pas encore compris que le monde bouge, et que dans cette mouvence, les résultats s’imposent comme un défi absolu quel que soit la catégorie d’entreprise.