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L’esthétique urbaine selon Ossouka Raponda
Publié le mercredi 17 mai 2017  |  Gabon Review
Rose
© Autre presse par DR
Rose Christiane Ossouka Raponda, maire de Libreville
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8ème d’une liste battue lors des élections municipales de 2013, Ossouka Raponda est devenue maire de Libreville au forceps. À un an du terme de ce mandat, la reine Christiane n’a même pas placé la ville lui ayant été confiée au terme d’un légendaire traquenard sur les starting-blocks de l’émergence tant souhaitée par son camp politique. Reportage.

L’image d’Epinal lorsqu’on parle de l’émergence d’un pays, renvoie en premier lieu à l’esthétique urbaine. Les pays mondialement connus comme émergents, à l’instar de Singapour, Caracas, Le Cap, Beijing, Bangkok et autres, se caractérisent en effet par une architecture élégante, futuriste, «tape-à-l’œil» pour reprendre la boutade d’Omar bongo au sujet de l’urbanisme de Dubaï. Au-delà, l’émergence se caractérise également par une propreté urbaine, des citoyens disciplinés, des municipalités qui fonctionnent.

Un capharnaüm de petits commerces

Or, dans la ville dirigée par madame Rose Christiane Ossouka Raponda et dans un pays qui aspire non seulement à l’émergence mais se désigne déjà comme tel, rien de tout cela n’est visible. Ce qui saute à l’œil, ce sont les murs de la plupart des maisons en bordure de route, dans les quartiers autres ceux du bord de mer : ils sont défoncés pour créer et abriter des petits commerces. Les artères principales de Libreville sont ainsi parsemées de bicoques faisant de la capitale gabonaise un vaste marché à ciel ouvert et anarchique. Plus déplorable, tous ceux qui montent ces petits commerces aux bords des trottoirs ne respectent aucune norme. Ils construisent des petits cubes de béton de la taille d’un container, enlaidissant gravement une ville qui n’avait pas ce visage au lendemain des indépendances. Un désordre visuel, qui ne date pas de l’arrivée de la reine Christiane à l’Hôtel de ville, amène à se demander comment le colon français avait pu discipliner l’architecture ou l’urbanisme, même des quartiers nègres. Glass et Montagne-Sainte après les indépendances avaient un visage à l’antipode du capharnaüm urbain d’aujourd’hui.

Ce qui amène au souvenir d’un ancien maire de Libreville connu sous le surnom du «Shérif» : Lubin Martial Ntoutoume Obame s’employait en effet à surveiller tout ce qui se construisait aux abords des rues et détruisait tout ce qui ne correspondait pas aux normes d’un urbanisme moderne. On était à l’ère de la «Rénovation». Que fait Rose Christiane Ossouka Raponda à l’ère de l’«Émergence» ?

Des marchés anarchiques et spontanés aux feux tricolores

Autre fait déplorable dans la capitale du Gabon émergent : la prolifération de vendeurs à la sauvette aux feux tricolores de la ville. Au «feu rouge» des Affaires étrangères, à celui de la présidence de la République, de la station Arambo près de CKdo Géant, à celui de Jeanne Ebori notamment, des vendeurs déambulent, slaloment entre les voitures pour proposer bibelots, des livres, des croquettes, de l’eau de provenance douteuse, des cartes de recharge téléphoniques et bien d’autres babioles. «Bientôt on va même nous vendre des congélateurs aux feux rouges», maugrée dans un taxi, un usager exaspéré. Un usage importé des villes d’Afrique de l’Ouest connues pour leur urbanisation sauvage, à l’exemple de Lagos au Nigeria. «Ces commerçants à la sauvette disent qu’il faut les laisser se débrouiller ! Mais il y a un endroit réservé à ce type de débrouille, c’est le marché. Dans les grandes villes comme New-York, Paris ou Londres, les gens se débrouillent aussi, et peut être même plus qu’ici, mais ils vont au marché en non dans les feux rouges !», gueule le même usager de taxi.

Il revient donc à la mairie de combattre ces commerçants informels qui vont jusqu’à fourmiller à moins de 10 mètres de la présidence de la République, sans que cela n’émeuve le moins du monde les autorités municipales. «Parfois, des agents de la mairie ou des policiers se lancent à la chasse de ces vendeurs inconvenants, arrachent leur marchandise, les font payer on ne sait quoi, mais ils reviennent toujours», indique un taximan. Serait-ce devenu une sorte de «business» pour certains agents véreux de la mairie ou de la police qui ont trouvé là une niche pour se faire de l’argent de poche ? En tout cas le phénomène persiste, il devient normal et va s’enraciner. Que fait Rose Christiane Ossouka Raponda ?

Insomnia – Gabon Pain

Quartier des agapes à Libreville et donc lieu de prédilection des touristes et autres visiteurs, la montée de Louis est en train de se «mapaniser», autrement dit en passe de devenir un bidonville. On n’en voudra pour preuve que l’érection d’un bricolage d’épicerie, plus petit qu’un container un peu en face du restaurant Roma. Ce qui vient dénaturer la beauté d’un endroit abritant récemment encore le restaurant le Butterfly et le Kubrick, certes en fermeture provisoire. Plus grave est l’érection d’un petit marché de grillade, après la boulangerie Gabon Pain et le night-club Insomnia. Une ballade de jour sur les lieux permet de se faire une idée du recul de l’esthétique et l’avancée, à grandes enjambées, de l’insalubrité : les trottoirs sont devenus noirs et luisants d’huile de cuisson, tandis que, durant la nuit, la zone est enfumée par les nombreux barbecues qui s’y installent dans l’informel le plus libre.

De nombreux promoteurs de l’industrie du loisir ayant fait la particularité du quartier se plaignent de ce que Louis gagne en insalubrité et en prolifération de petites «mangeoires» informelles, au yeux et à la barbe des autorités municipales. «Louis n’est plus Louis», maugrée un européen habitant du quartier avant d’ajouter : «Empruntez, un matin durant le week-end, la descente entre l’hôtel de Louis et le carrefour Raponda. Vous ne verrez que des tessons de bouteille partout sur la chaussée. Les enfants des bas quartiers et les délinquants de partout viennent se saouler la gueule et se battre ici, parce que les bistrots informels et insalubres prolifèrent autours des boites de nuit.»

Des broussailles partout

On pourrait également aborder l’esthétique florale. Sur le boulevard Triomphal Omar Bongo, sur le Bord de mer et dans certains carrefours bien connus, les beaux jardins visibles ne sont pas l’œuvre de la municipalité de Libreville. Et lorsque la mairie s’en mêle c’est le désordre. Parfois, les fleurs plantées par elle tournent à la petite broussaille, obstruant la vue aux usagers de la route sur certains virages.

Mais s’agit-il seulement de planter des fleurs ? Rose Christiane Ossouka Raponda qui dispose bien de paysagistes dans son administration, ne voit-elle pas, lors de ses voyages à travers le monde, que l’esthétique florale a évolué ? Ce qui n’est pas le cas dans la ville de Libreville où l’on plante pour planter, comme on peut l’observer avec les palmiers qui longent la voie express entre le carrefour du camp de Gaulle et l’échangeur des Charbonnages : les palmiers sont trop rapprochés et nombreux se demandent si l’on s’est projeté dans l’avenir lorsque ces plantes arriveront à maturité.

On passera sur les chaussées dont l’asphalte est défoncé par des eaux souillées coulant d’habitations privées. On passera sur l’ancienne gare routière de la capitale dont le désordre est un bond de géant en arrière dans la barbarie plutôt que de projeter vers l’émergence tant clamée par les plus hautes autorités nationales. On passera sur le chaudron du marché du Mont-Bouët et sur bien d’autres aspects qui amènent à se demander pourquoi avait-on tant manigance en vue de placer Ossouka Raponda, 8è d’une liste battue lors des élections municipales de 2013, comme édile d’une capitale aspirant à l’émergence ?

Jean Timothée kanganga
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