Après la Coupe d’Afrique des Nations Séniors tenue à Libreville l’an dernier, la Coupe d’Afrique des moins de 17 ans se déroule depuis dimanche dernier sur les deux sites retenus pour cette épreuve, à savoir les villes de Port-Gentil où a eu lieu la cérémonie d’ouverture et de Libreville. Pas une surprise si d’entrée, les jeunes Gabonais ont plié l’échine sans la manière face à leurs adversaires guinéens mieux outillés. (5-1), le score en dit long, et les commentaires vont bon train, sans qu’il ne soit posé le véritable problème, le problème de fond !
« Aller à la guerre la fleur au fusil », l’expression, vieille comme le temps, signifie que l’on va au combat sans s’être suffisamment préparé et avec la certitude de ne pas résister à l’adversaire, du moins pendant longtemps. Quand l’on compare la manière dont les deux équipes ont abordé le match d’ouverture, il n’y a pas photo aussi bien sur le plan physique des acteurs que sur les motivations de ces derniers. Car, si l’on a pu remarquer des Guinéens en forme, pratiquant un football chatoyant fait de courtes passes, de déplacements soignés, d’occupation rationnelle du terrain, d’offensives louables, convaincus de leur suprématie sur les Gabonais dès les premiers instants de la rencontre, l’on a constaté chez ces derniers un manque de fraîcheur tant physique que mentale.
Cela, vous vous en doutez, est imputé au staff technique par bon nombre de gens passionnés qui excellent dans la politique de l’autruche consistant à éviter volontairement de regarder la réalité en face. Quand bien même, ils la savent implacable ! Alors que de notre point de vue à nous, il s’agit d’une impréparation comme nous en avons l’habitude et d’un management qui éprouve jusqu’ici tout le mal à être au dessus de tout soupçon. Des enfants regroupés à la va- vite dans les provinces du pays par des techniciens qui en mesuraient les risques, des conditions de préparation loin d’être minimales, l’intrusion au sein des équipes d’influences extérieures, le musicien camerounais Longe Longe affirme dans une de ses chansons que « dans les équipes nationales africaines, il y a la politique, toutes choses qui font qu’il y ait une impression de désordre ».
En dehors du fait qu’une équipe devrait bénéficier d’un temps relativement long de regroupement au cours duquel sont revus les automatismes, préparer les esprits et solidifier les liens entre coéquipiers, le football, tous les sports d’ailleurs, exigent des athlètes qu’ils soient bien suivis sur le plan sanitaire et nutritionnel, ce que l’on appelle la diététique. Est-on sûr qu’au Gabon, l’on met suffisamment de moyens à la disposition des encadreurs pour arriver à leurs fins ou que ces derniers ne s’en servent pas à d’autres fins, sachant qu’ils ne courent pas le risque d’être punis, affaire d’amis dit- on ? Autant de questions qui méritent d’être posées, mais si, à la vérité, les pouvoirs publics qui embrassent trop ont du mal à étreindre. Pourvu que l’on ait le courage de s’engager sur une telle voie au demeurant risquée. Non, tout ne peut aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le temps des « rêveries » de Panglos n’est-il pas bien derrière nous ? Faut-il que chaque fois, l’on en soit à rappeler à ceux qui ont en charge le destin du pays, les fondamentaux. Qu’on leur dise que rien de grand au monde ne s’est fait sans passion et qu’à la passion, il faut adjoindre l’esprit de compétition, le courage, l’abnégation, mais d’abord le travail, la préparation, l’hygiène au double plan physique et mental ? Nous péchons à ne pas vouloir souvent nous remettre en question, à ne pas accepter d’arrêter un temps afin de repartir du bon pied et pourtant de nombreux pays sur le continent l’ont déjà fait avec un pourcentage de réussite intéressant. Pourquoi ne pas nous servir de tels exemples pour nous aussi nous aguerrir ?
Nous ne devons pas toujours pointé du doigt les encadreurs et autres entraîneurs de clubs, car l’on sait à leur décharge que là où le bât blesse souvent chez nous, c’est au niveau des politiques au sens large mises en place dans le cadre de la préparation de nos équipes nationales. Des entraîneurs de différents degrés, le Gabon en a formés tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, nos enfants sont aptes dès le bas-âge à taper sur un cuir avec dextérité, on le voit dans tous nos villages et villes, ce ne sont donc pas les ressources humaines qui manquent. Que faut-il alors pour les mettre en valeur, telle est la question qui devrait être plus que jamais posée au sommet de l’Etat. Si l’on peut aisément déceler les causes de notre faiblesse, alors l’on peut également aisément en déduire que les solutions peuvent être rapidement trouvées.
Arrêtons de nous en prendre qu’aux seuls entraîneurs qui font déjà beaucoup de sacrifices, exigeons de ceux sur qui repose la responsabilité de conduire les affaires de l’Etat plus de sérieux si nous voulons en vérité obtenir de bons résultats. Le public gabonais, lui, est toujours prêt à jouer sa partition en pareille circonstance, reste donc aux personnalités suscitées d’être à la hauteur de leur tâche et d’afficher patriotes pour nous pousser à croire davantage en elles. Nous n’attendons que cela. En attendant, que faisons-nous ? Manifester notre mécontentement ? Mais pour quelle raison s’il est démontré que ceux dont on veut attirer l’attention n’en n’ont cure ? L’on sait les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’est donc plus temps de larmoyer, mais de créer les conditions de la compétitivité. Ce qui est valable pour le sport, l’est également pour toute autre activité. Au boulot !