Face au non respect des lois et règlements inhérents à la pratique de la médecine en République gabonaise, le ministère de la Santé a récemment ordonné la fermeture d’une trentaine de cabinets sanitaires.
«Mieux vaut tard que jamais» ! Le gouvernement s’est enfin saisi de l’épineux problème des structures sanitaires ne répondant pas aux normes et réglementation de la pratique de la médecine en terre gabonaise. Pour un début, c’est une trentaine de cabinets médicaux qui ont fait les frais de cette rigueur de l’administration sanitaire. Ils ont été fermés, grâce à l’intervention des agents de la Direction générale des recherches (DGR) mobilisés par le ministère de la Santé publique et de la population.
Cette opération fait suite aux recommandations du Conseil présidentiel consacré à la Santé, organisé en mars dernier et au cours duquel le président Ali Bongo avait instruit le gouvernement de mettre de l’ordre dans ce secteur sensible. Il était question d’assainir le secteur, en mettant hors d’état de nuire les structures incriminées et sanctionner tous les médecins et autres praticiens du domaine exerçant illégalement.
Si le ministère de la Santé s’est résolu de passer à l’action, on ne peut pas dire qu’il est trop tôt. Les cabinets de soins et autres cliniques privés illégaux ont pignon-sur-rue, jusque dans les coins les plus reculés des quartiers. Si les autorités gabonaises ont fait des efforts en augmentant le ombre d’infrastructures hospitalières publiques, les grèves incessantes des agents du corps médical qui revendiquant l’amélioration des conditions de travail, entraine les populations vers ces cabinets privés d’un autre âge. Ces officines sanitaires, ne disposant ni de plateaux techniques adaptés ni du personnel qualifié. On y trouve des infirmiers qui ne savent ni placer l’épicrânien ni relever la tension artérielle. Dans bien des cas, l’échographie et l’accouchement constituent leurs fonds de commerce
«Juste parce que le terme de la grossesse de mon épouse avait dépassé de trois jours, on a voulu l’opérer dans le cabinet d’accouchement où je l’avais emmené. On m’avait demandé 1.000.000 de francs de caution. Par chance, je connaissais un autre docteur du Chul. Il m’a dit de venir avec ma femme et l’accouchement s’est passé après provocation au bout d’une heure et demie», raconte Achille. Blaise M. n’a pas eu cette chance. «Lorsque nous sommes arrivés dans ce cabinet près de notre maison, on se disait que tout devait bien aller. On avait confiance surtout que ma femme souffrait énormément. On a accepté tout ce qu’on nous a proposé dans ce cabinet. Ma femme a fini par subir une césarienne pour plus d’un 1.500.000 francs de dépenses», a-t-il déclaré, ajoutant que d’autres n’ont pas eu la chance qu’ils ont eu parce qu’il y a eu des décès.
«Ce sont tous des charlatans, des vendeurs d’illusion. Ils ont juste besoin de gagner de l’argent parce qu’ils ont bien compris que l’Etat était absent», a décrié Achille T. qui salue l’initiative du ministère de la Santé. L’opération qui a commencé à Libreville va s’étendre aux autres provinces et l’on espère que cela ne soit pas simplement un écran de fumée, tant le phénomène est vaste et les ramifications insoupçonnées.