C’est l’une des raisons qui justifie le report de la clôture de la phase politique des assises d’Angondjé. Dans la commission 4, opposition et majorité n’arrivent pas à s’accorder sur la nécessité de mettre en place la commission vérité et réconciliation pour traiter de la crise postélectorale.
Pour ou contre la mise en place d’une commission vérité et réconciliation au Gabon ? Au sein de la commission 4, qui traite de la consolidation de la paix et de la cohésion nationale, on n’arrive pas à s’accorder. Représentants de l’opposition et de la majorité sont loin de voir les choses sous le même angle au sujet de la crise née de la présidentielle d’août 2016. Pourtant, les deux camps reconnaissent que plusieurs zones d’ombre subsistent jusqu’à lors, et que le seul dialogue national en cours ne permettra pas de faire toute la lumière sur les évènements du 31 août 2016. La «vérité» sur l’assaut donné par les forces de défense au quartier général de l’opposant Jean Ping, peu après la publication des premiers résultats de la présidentielle par le ministère de l’Intérieur, reste une énigme.
Si la majorité exprime, elle aussi, la volonté de voir établies toutes les responsabilités, aussi bien pour cet assaut que pour l’incendie du bâtiment abritant l’Assemblée nationale et les dommages causés à d’autres biens publics et privés, elle ne voit pas d’un bon œil la mise en place d’une telle commission. Inopportune et inappropriée, a jugé, mardi 9 mai, Madeleine Berre, co-rapporteur pour la majorité à la commission 4. L’excuse trouvée par son camp est que le Gabon n’a pas atteint le même niveau de crise que celui enregistré dans les pays ayant dû mettre en place une commission vérité et réconciliation.
N’empêche, du côté de l’opposition, on maintient que la mise en place de cette commission permettra aux Gabonais, dont beaucoup ont été victimes des événements de fin août 2016, de connaître la vérité et de mettre des noms sur les responsables. Certains estiment également que cette commission est d’autant plus opportune et nécessaire qu’elle permettra d’en finir avec les rumeurs sur l’existence de prétendus charniers, dont n’ont pas cessé de faire état Jean Ping et ses soutiens, et pour lesquels une plainte a été déposée à la Cour pénale internationale, il y a plus de six mois. Si le gouvernement gabonais a, lui aussi, déposé plainte contre Jean Ping auprès de la même Cour, l’on comprend mal que la majorité au pouvoir ne souhaite la mise en place d’une commission devant permettre de régler la crise au niveau national, pour un retour de la sérénité dans le pays.